Primordial Black – Entrevue avec Yasser Mahammedi Bouzina sur leur nouvel EP « Monas Hieroglyphica »

Dernièrement, Marc Desgagné a eu la chance de réaliser une entrevue avec Yasser Mahammedi Bouzina (chant, guitare, programmation) de la formation black/death/heavy/groove metal PRIMORDIAL BLACK. Originaire de Tunis en Tunisie, PRIMORDIAL BLACK a lancé son EP de 4 titres « Monas Hieroglyphica » le 12 janvier 2024 via M&O Music. Il est question de la création de leur premier EP, de leurs influences, du metal en Tunisie et de tout ce qui l’entoure et des plans à venir!

MU: Tout d’abord, pouvez-vous nous parler de ce qui a mené à la création de Primordial Black et comment s’est passés les débuts du groupe?

Primordial Black: Premièrement merci du temps que vous nous accorder. J’ai créé le groupe en 2022, mon but principal était de composer des chansons qui pourraient servir de catharsis à la haine et la rancœur que je ressentais à l’époque.

J’avais un concept en tête: mélanger les éléments horrifiques de HP Lovecraft, les ténèbres venimeuses de Celtic Frost et la philosophie de John Dee. En tant que grand fan de Celtic Frost, MONOTHEIST est un album que j’ai toujours voulu utiliser comme modèle pour la production. Nos débuts n’ont pas étaient plus difficiles que d’autres, on a galéré avant de stabiliser notre line up, mais nous avions un but fixé et c’était d’enregistrer notre premier EP. Ce faisant, nous avons rencontré de nombreuses personnes incroyables, certaines que j’espère appeler des amis pour la vie, voire des frères.

MU: Comment pourriez-vous décrire le groupe pour ceux qui ne vous connaissent pas?

Primordial Black: C’est difficile de décrire ce qui pour nous est instinctif. Il y a tellement de sensibilités au sein de notre musique. Hormis les influences Death & Black, nous brassons tout ce qui peut être très intense. Le black metal, c’est plus qu’une simple musique, c’est avant tout un ressenti. Ça possède une certaine obscurité, et ce même si, thématiquement nous ne sommes pas versés dans le côté démoniaque inhérent à ce style.

MU: Félicitations pour la sortie de votre nouvel EP Monas Hieroglyphica! Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus de création et ce qui a inspiré cet album?

Primordial Black: Soyons francs dès le départ: JE NE SUIS PAS UN BON GUITARISTE. Je me défends en tant que compositeur mais je suis vraiment à la traîne au niveau technique. Walid et Dalii sont à des millions d’années plus avancés que moi. Mais j’utilise mes lacunes à mon avantage pour écrire des « riffs stupides ». Pour moi un bon riff doit être à la limite du stupide pour être accrocheur. C’est ainsi que j’écris des chansons.

MU : Comment décririez-vous l’évolution musicale de Primordial Black depuis la création du groupe? Avez-vous ajouter ou changer certains éléments avant la sortie du EP?

Primordial Black: Il m’est difficile de répondre à cette question pour être honnête. On a tous ce désir de lier la musique et l’art en général à une pensée consciente est en faire « la signification ».

Parfois, les choses se produisent simplement. Certaines idées viennent comme ça.

Prenons l’exemple de David Lynch, les gens ont tendance à sur-analyser ses œuvres, mais qui sait, peut-être qu’il aimait simplement faire les choses de cette manière.

Mais nous sommes devenus un groupe plus en phase avec son réel potentiel.

MU: Quels thèmes ou messages explorez-vous dans cet album?

Primordial Black: Je pense que tout le monde peut se sentir proche des thèmes que nous explorons sur cet EP. Nous explorons le moment de la prise de conscience du côté inévitable des malheurs que l’on peut rencontrer dans la vie.

J’aime assez le fait que cela fonctionne sur deux échelles, c’est quelque chose de très personnel pour certains tandis que d’autres peuvent l’interpréter comme si c’était quelque chose de plus grand, de plus universel. 

Nous allons tous grandir, vieillir, et à un moment voir mourir nos parents. Enterrer ses parents, ce n’est pas quelque chose que l’on veut faire, c’est de loin l’une des pires expériences de notre vie, mais c’est inévitable. 

Une existence normale, un quotidien, c’est avancer vers des choses tragiques qui vont finir par arriver, c’est comme ça. On va finir par connaître la maladie, la perte de membres de sa famille ou d’amis proches. Ces choses-là sont loin d’être plaisantes, mais elles sont inévitables.

Mais sur le plan personnel, ma philosophie de vie, les bons livres que j’ai lus, la musique intéressante que j’ai pu écoutée, les films qui ont émerveillé mes yeux, les événements traumatisants et les brefs moments de lumière qui jonché ma vie jusqu’à présent, tout cela à trouvé sa place dans ce projet.

MU: Y a-t-il des chansons sur cet album qui sont particulièrement importantes pour vous? Si oui, pourriez-vous nous en parler?

Primordial Black: Je vais parler pour moi, sans aucun doute c’est Atrocity Guides. La chanson est une métaphore de la dépendance et de la perte de contrôle suite au décès d’une personne chère. Je ne voulais pas être littéral en écrivant les paroles. Mais tout est là. Vous pouvez lire entre les lignes.

MU: Comment décririez-vous le son de cet album? Y a-t-il des éléments musicaux ou des influences spécifiques qui se démarquent?

Primordial Black: En ce qui me concerne, et comme je l’ai mentionné ci-dessus, Celtic Frost est de loin l’une de mes influences principales. Mais je pense que ce qui rend notre groupe fort, ce sont les influences que Mohammed (notre batteur) et Walid (guitariste) apportent.

Mohammed est un fervent fan de Black Metal norvégien, et son jeu de batterie est un mélange étonnant entre la technicité inhérente à cette scène et une sauvagerie Thrash et tribale.

Walid est un aficionado du Black Metal polonais, et les leads qu’il place sous mes guitares rythmiques ajoutent énormément à l’aspect discordant de notre musique. Dalii n’a pas participé à l’enregistrement de l’EP car il n’était pas encore présent, mais force est de constater qu’il est vraiment très très bon sur les nouveaux morceaux que nous composons actuellement.

MU : Comment envisagez-vous la réception de cet album par vos fans et par la critique? Comment pourriez-vous décrire la scène metal en Tunisie?

Primordial Black: C’est assez étrange, nous avons eu la chance d’être signés par le label français M&O Music avec notre notre premier EP, et on se rend compte que c’est une opportunité assez rare pour un groupe qui vient juste de commencer. Surtout compte tenu du fait que nous n’avons reçu aucun encouragement lorsque nous avons commencé, je ne parle pas d’aide monétaire ou physique. On a dû subir les malversations et sale coups de pas mal de personnes, qui visiblement, n’avaient pas envie qu’on « soit la ».

La musique que nous jouons n’est pas pour tout le monde, et nous ne sommes pas assez populaires pour être soumis aux mêmes critères de succès que des groupes plus facilement accessibles ou qui se bornent à reproduire des templates qui ont déjà fait leurs preuves.

Mais moi, je le prends comme un défi, et les différentes reviews s’accordent sur le fait que ce qu’on fait est assez bien et c’est juste ce qu’il nous faut d’encouragement pour aller de l’avant.

La scène metal en Tunisie? Vous m’auriez posé cette question quelques mois en arrière, j’aurai pu avoir une réponse politiquement correcte et corporate. Mais, pour être honnête, cette scène est malade de ses propres sujets et leaders. On est dans un microcosme qui s’apparente de plus en plus à un réseau d’influences, ou quelques personnes s’estiment investies du pouvoir divin de juger et de régir leurs semblables, fut-ce par manigances, rumeurs ou malversations.

MU : Quel est votre processus habituel de collaboration lors de l’écriture et de l’enregistrement d’un album? Est-ce que tous les membres contribuent?

Primordial Black: Le processus d’écriture est assez simple. Nous ne nous rencontrons pas très souvent, on se rencontre majoritairement lors des répétitions, donc je veille à ce que nous soyons tous bien préparer. Comme je vous l’ai dit plus haut, je compose les chansons seul, je commence par une structure de base. Je m’assois devant mon ordinateur et je commence par construire un squelette. Je ne veux pas trop en faire, ce sont des squelettes où des brouillons d’arrangements et avec des lyrics et du chant, j’évite de trop en faire car je ne veux pas que les gars se sentent trop limités.

Ensuite nous travaillons le tout en studio et à ce moment chacun ajoute sa touche et sa patte à la musique. Je sais une chose quand je présente une idée de chanson aux gars: ÇA VA SONNER ENCORE MIEUX QUE CE QUE J’AVAIS EN TÊTE. Ensuite, nous travaillons le tout en studio et à ce moment chacun ajoute sa touche et sa patte à la musique.

MU : Pouvez-vous nous parler des visuels associés à cet album, tels que la pochette et éventuellement des prochains clips vidéo?

Primordial Black: Pour la pochette et les visuels de l’EP, mon objectif était de trouver un équilibre entre représenter notre musique et créer quelque chose qui puisse être une œuvre d’art en soi.

Quelques choses de plaisant à l’œil mais qui n’a pas besoin d’être associé à notre musique pour être attirant. J’ai travaillé dessus en solo, en essayant de ne pas sombrer dans les clichés du Black Metal. Je n’ai rien contre les choses violentes ou démoniaque, c’est juste que je trouve plus intéressant quand les choses sont suggérées plutôt que ouvertement exposées. Notre logo semble avoir beaucoup de succès, vu le nombre de commandes de tee-shirts que nous avons reçu.

Les clips sont le fruit de notre collaboration avec deux artistes visuels qui ont les mêmes sensibilités que nous. Mehdi Beltaief a fait un boulot extraordinaire sur notre première vidéo (The Worm That Gnaws at Night) c’était violent et rugueux. Notre second clip (Monas Hieroglyphica) réalisé par Ghaith Hidji est lui plus en phase avec le côté « suggéré » dont je vous parlais plus tôt.

MU: Enfin, quels sont les projets futurs de Primordial Black après la sortie de cet EP? Des tournées, des collaborations ou d’autres projets musicaux sont-ils prévus? Déjà du matériel pour un album complet en préparation?

Primordial Black: Nous sommes actuellement en pleine composition de notre premier album, nous avons déjà 4 chansons de prêtes et nous espérons pouvoir commencer l’enregistrement d’ici quelques mois.

Walid notre guitariste est en pleine production du premier EP de son projet Black Metal « AMOR FATI » et j’ai deux collaborations sur lesquelles je travaille actuellement, une avec le groupe Algérien DUSK et une autre avec le groupe de Black Metal Egyptien/Colombien IMMORTAL SUN.

MU: Merci d’avoir pris le temps et si vous avez des questions, c’est votre tour!

Primordial Black: Je tiens à exprimer ma gratitude pour l’opportunité de discuter de notre projet ici. Un merci sincère à tous ceux qui ont accueilli favorablement notre premier EP, et je leur assure que notre premier album sera encore plus dynamique et explosif.

En conclusion, nous encourageons tous ceux qui ont apprécié notre musique à explorer les groupes de notre scène locale. Nos groupes sont majoritairement bons, ce sont les décisionnaires qui sont horribles.

🎧 iTunes, Spotify, Deezer : https://bfan.link/monas-hieroglyphica

https://www.facebook.com/primordial.black.band
https://www.instagram.com/primordial_black_official
Label : M & O Music – http://www.m-o-music.com
Promotion par M & O Office – http://www.m-o-office.com

Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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