PAR CLAUDE BLAIS
1984: les fondations du heavy metal sont définitivement établis. Le heavy metal est au top! Accept commence à faire dangereusement parler de lui! Judas Priest est grand! Iron Maiden est colossal! Ces futurs légendes sont au sommet de leur carrière avec leur « Balls to the walls », « Defender of the faith » et « Powerslave »! Un an auparavant, le thrash metal a fait son apparition et l’influence de « Kill ‘Em all », « Ride the lightning » (Metallica) et « Show no mercy » (Slayer) commence à se faire sentir! Et c’est cette même année que Jag Panzer commet son ultime chef doeuvre: « Ample Destruction »!
Jag Panzer, c’est du béton armé! Jag Panzer c’est un tank! Tout est solide: le travail rythmique de Tetley et Hillyard, l’excellent principal compositeur et guitariste Mark Briody, le virtuose six-cordiste Joey Tafolla et, surtout, le tyrant Harry Cocklin. Il faut lavouer, Cocklin n’est pas seulement un bon chanteur, c’est un des meilleurs de l’histoire du heavy metal! Puissant, mélodique, versatile et dune capacité vocale rarement égalée, il n’a absolument rien à envier aux ténors de l’époque: Halford, Dickinson ou Tate! L`élève a égalé les maîtres!
« Ample Destruction » porte bien son nom! C’est la destruction de long en large, un massacre d’un bout à l’autre! Chaque titre est une tuerie! L’album débute avec « Licensed to kill ». Et quel début! Je n’avais rien entendu de plus puissant et mélodique depuis le « Fast as a shark » de Accept en 1982! Ravageur! « Warfare », quant à lui, est plus classique, mais définitivement taillé pour la scène! Le carnage se continue au troisième titre: « Symphony of terror » sonne comme du Iron Maiden sur les stéroïdes! Avec leurs harmonies de guitares typiquement néo-classiques, leurs refrains ultra mélodiques et la double grosse caisse à fond, « Harder than Steel » et « Generally hostile » sont réellement power metal! Tafolla nous y démontre une fois de plus ses talents de shredder! À partir de la sixième pièce, le ton change pour laisser place un morceau plus mid-tempo! « The watching » est plus subtile, mais tout aussi mélodique! Cocklin est parfait! Et quel refrain! Vient ensuite le court interlude acoustique comme on avait l’habitude d’en entendre sur les albums thrash des années 80! On revient aux choses sérieuses avec « Reign of the tyrant »: une des meilleures pièces de l’album! Encore là, on a droit à un refrain génial et accrocheur (en fait, chaque refrain fait mouche!)! Elle est suivi de « Cardiac arrest »: peut-être le titre le plus faible de l`album, par contre, Tafolla nous offre un de ses meilleurs solos à ce jour et nous y démontre clairement ses influences malmsteeniennes! Sublime! Finalement, en cinq parties, du haut de ses sept minutes, « The crucifix » termine le tout en beauté et apporte un côté plus sombre, plus épique, plus théâtral au groupe (aspect qui sera plus présent dans la musique de Jag Panzer lors de leur deuxième reformation dès 1997)!
Parfois, il y a de ces albums qui n’ont pas la reconnaissance méritée. Parfois, c’est incompréhensif, parfois ce l’est! Dans le cas de Jag Panzer, c’est facilement explicable! Après ce premier album mal distribué, Cocklin quitte le groupe pour assumer la poste de chanteur chez Riot qui est déjà bien établi (avec lequel il n’enregistra pas dalbum). Ensuite, il enregistre deux albums brouillons avec Satans Host en 1985-86 et finalement deux autres magnifiques opus avec Titan Force en 1989-91 (« Titan Force » et « winner/loser » que je conseille fortement aux fans de métal progressif à la Queensrÿche et Fates Warning)! Tandis que de son côté, Joey Tafolla abandonne Jag Panzer en 1986 pour pondre un premier album solo instrumental néo-classique (le superbe « out of the sun ») pour l’écurie Shrapnel Records en 1987! Suite à ça, le groupe disparaît tranquillement pour une bonne dizaine d`année…
Une chronique trop subjective? Peut-être! Quoi que….!! N’empêche que pour certains, dès janvier 1985, l’importance de Helloween n’est sujette à aucun débat: Kai Hansen est le père fondateur d’un tout nouveau genre musical: le power metal! Pour d’autres (tel que moi), ce « Ample Destruction » est définitivement le premier album complet de power metal coupant l’herbe sous le pied à la bande à Hansen dès 1984! Les premières effluves du power metal US!
Un classique qui n’avait jamais officiellement vu le jour en version cd en 30 ans, faute à un Joey Tafolla qui demandait trop cher pour ses droits d’auteur! Malgré que le groupe n’ait pas profité du budget dun « Powerslave » et que le son commençait à porter le poids des années, le remastered de High Roller Records paru en 2014 lui redonne toute sa fraîcheur et devient encore aujourd’hui un album à découvrir pour tout amateur de heavy metal épique! Il serait d’ailleurs dommage de passer à côté d`un chanteur aussi doué que Harry « the tyrant » Cocklin…
PAR CLAUDE BLAIS
