23:06:09 – Red Bridge Fest – Jour 1 (Pennywise / Good Riddance / Cigar / Craig’s Brother / Downstater / Killing Daisies / 30 Foot Fall) (Pont-Rouge)

Spectacle: Le 9 juin 2023 à Pont-Rouge
Organisateur: Red Bridge Fest
Photographe: Stéphan Lévesque
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

Red Bridge Fest

Vendredi 9 juin 2023

L’engouement que j’avais en faisant la route pour Pont-Rouge était plus que palpable. Premièrement, je n’étais pas supposé y assister, concours de circonstance mes plans initiaux en Europe avaient été annulés quelques semaines au préalable. Heureusement, la demande de mon collègue François Morisset pour que je puisse couvrir le week-end du Red Bridge pour Metaluniverse a été acceptée par Vincent Bussières, l’organisateur en chef. Au final, le métal c’est juste assez proche du punk rock qui fut mon premier grand amour musical que j’ai su arroser périodiquement au fil du temps. Bon let’s go, on décolle moi et Marc-André pour rejoindre un festival sold out, je suis tout énervé!

On écoute le nouveau Scar Symmetry qui vient juste de sortir sur la route question d’avoir notre fix de métal et sérieusement cet album-là risque d’être élevé dans mon classement 2023. On arrive sur place, on se trouve un stationnement à 5 minutes de marche, tout va bien. Je récupère ma passe et tiens dont notre chum JP Bouchard qui se pointe avec sa copine et son frère, il est bin long le frère siboire. On ne tarde pas une seconde pour aller vers l’unique stage et admirer le set up de feu qui nous attend. J’ai compris aussitôt pourquoi Vincent réussissait à attirer autant de gros noms à Pont-Rouge. Oui la place est débile, un eldorado avec des feuillus tout le tour, la rivière qui coule à côté et une organisation très efficace qui nous sert de bons rafraîchissements, de la vraie bière qui a du goût et de la bouffe de bonne cantine à un prix très raisonnable.

Downstater

Houblon en main, Downstater de Québec ouvre le bal avec furie, ils ont de l’énergie à revendre et nous balance leur pop punk rock entraînant qui se marie admirablement avec une journée ensoleillée. Ils viennent de sortir une semaine auparavant leur premier album complet. C’est tellement une collection de chansons du genre on s’en va écouter ça dans ta décapotable ou bien ouvre le toit ouvrant sinon bien mal pris sors-toi la tête carrément par la fenêtre de côté, les cheveux au vent, les yeux plissés, pas le choix.

En tk, JP le chanteur/guitariste qui est aussi le frontman de Get the Shot est fidèle à sa réputation, il sait comment animer une foule, un vrai animal. En l’espace d’un set de 30 minutes, il a crinqué bien du monde en commandant des circles pit, un wall of death et même le fameux moment dans Spit it Out de Slipknot, c’est-à-dire on se met tous en petit bonhomme et au signal on saute avant de partir en vrille dans tous les sens. Haaa, j’allais oublier que JP s’est lancé en body surfing dans l’amoncèlement de personnes en jouant de la guitare pendant un bon 30 secondes pour ensuite revenir à son poste bien relax. Regarde, je suis sur place depuis même pas une heure que j’ai déjà chaud, le sourire plaqué dans face et l’adrénaline dans le prélart. Est-ce que j’ai mentionné que le son est incroyable? Sérieusement, je n’en reviens pas pour un premier band sur une scène extérieure, tout un coup de départ, tu peux garder ton Mulligan pour plus tard!

Fait cocasse en allant assouvir ma vessie dans le petit bois en toute discrétion, je croise en sortant un chum de Québec Simon Nicol qui me dit: hey tu ne m’as pas reconnu tantôt? Euh non man, je ne savais même pas que tu venais, je dis un peu déstabilisé. Voyons Steph, je joue de la basse dans Downstater depuis l’enregistrement de l’album, je te regardais souvent quand tu étais sur la barrière devant, aucune réaction, mes lunettes fumées t’ont mystifiées j’imagine! Ouais je l’ai échappé solide celle-là hahaha.

DOWNSTATER

Craig’s Brother

Le ravitaillement étant réalisé avec succès, on passe à la deuxième ronde avec un band que je n’ai pas revu depuis 1997 environ alors qu’ils étaient venus à Sept-Îles. Oh que oui, on avait une scène et c’était surprenant les bands punk rock et hardcore qui venaient à l’époque. Je ne vous cacherai pas que j’ai bien du fun parce que le chanteur est innocent dans le bon sens du terme en plus de bien interpréter les chansons. Il montre aussi ses foufounes, il fait semblant d’enfiler son guitariste de droite, bref de la belle camaraderie en famille avec tous les enfants présents, bienvenu à votre baptême la relève haha. Côté son, nous sommes ailleurs cependant, le guitariste de gauche semble perdu par bout et ce n’est pas super tight, le chanteur devrait lui donner un petit coup à lui aussi, ça le réveillerait peut-être. C’est à ce moment que fait sa première apparition dans le pit un de nos compatriotes en chaise roulante. Cette légende a fait plus de body surfing durant la fin de semaine que j’ai bu de bière et ce n’est pas du tout diminutif à son égard! En général, le son est correct, mais je m’attends à un peu mieux d’eux, toutefois ils ont joué de nombreuses pièces de mon album préféré Homecoming, donc je suis satisfait et une méchante claque s’en vient.

CRAIG’S BROTHER

Cigar

En effet, après avoir croisé dans l’entracte quelques bons amis de Sept-Îles, Jeff, Nico, J-S, Érika, Mélissa, Simon et Ben Touzel qui sont descendus de la côte-nord pour la plupart, les autres étant à Québec depuis 20 ans comme moi. Nous assistons ainsi aux premières notes de Cigar qui ont fait un retour surprenant en 2022 avec un nouvel album sensationnel à mon humble avis. Cigar, ils ont un seul autre album parut en 1999 qui est pour plusieurs une pièce d’anthologie du genre avec son côté très mélodique, mais avec des rythmiques techniques non sans rappeler Choke. Revenons au show, c’est exactement la claque que je ne m’attendais pas. Formant un trio sur scène, ces excellents musiciens nous en ont mis plein la gueule avec une prestation totalement déficiente, du moins c’est ce que j’avais l’impression d’être en essayant de comprendre tout ce qui se passait.

Dans ma tête, le drummeur était la star du band, mais non, il y a deux autres dude qui torchent solide. Le bassiste est selon moi le meilleur que j’ai vu du week-end, il ajoute des mélodies un peu partout et une profondeur aux chansons qui change tout dans l’appréciation globale de leur rendu. Il remplit tous les petits trous que pourrait lasser le chanteur guitariste qui est loin d’être un manchot sur sa 6 cordes. Sincèrement, j’aurais de la difficulté à jouer la plupart de ses riffs voir incapable et oublie moi pour chanter comme lui en même temps. C’est toute une leçon de punk rock qu’on se fait servir et c’est à cet instant précis que tout a basculé pour moi parce que j’ai passé le reste de la soirée dans le pit fou comme un balai. Nous sommes seulement au troisième groupe et les circles pit sont déjà très vivants avec une centaine de participants dans les moments les plus trépidants. Définitivement, ma plus belle surprise du week-end, ils ont largement surpassé mes attentes, J-F Martel tu aurais aimé être là.

CIGAR

Good Riddance

Je me claque comme un goinfre une poutine bien viandeuse avec une grosse canne pour nettoyer le tout et je retourne avec Marc-André dans le feu de l’action retrouver la communauté punk qui sent meilleur que d’habitude à ma grande surprise slash soulagement. On est loin du Rockfest en termes de particules volatiles et odorantes. D’autre part, je n’arrive pas à croire que je n’avais jamais vu encore un spectacle complet de Good Riddance surtout que je les écoute sporadiquement depuis plus de 25 ans. Ce qui m’a remis en belle relation avec ce band est sans contredit leur dernier album Thoughts and Prayers qui est peut-être mon préféré, même plus que les classiques. La foule est sans contredit plus dense rendue à ce stade de la soirée et non moins énervée. Au contraire, nous aurions pris plus de Cigar et un trop plein d’énergie doit être déversé au plus tabarnalacla. Dès le départ, c’est écrit dans le ciel que l’intensité ne fera qu’augmenter, je pense que bon nombre des humains présents ont cruellement besoin d’un bon show de punk et ils ne loupent pas l’occasion pour manifester leur contentement.

Devant mes yeux, je contemple un entassement d’être vivants dégageant une euphorie perceptible même pour un non voyant. L’agglomération a pris une proportion hors norme et c’est la fiesta la plus totale. Ainsi, pendant qu’on se fait balancer les succès du groupe, le mouvement ne cesse jamais, on saute, on court après notre mère, on flotte sur les têtes, on tombe, on se fait rattraper sans trop de mal, on beugle les paroles qu’on connaît ou pas, on rit, on s’esclaffe, on se tape dans les mains, on se serre dans les bras même entre inconnus parce qu’on fait partie d’une même grande famille qui ne possède pas de mouton noir, ça l’air que c’est ça le Red Bridge pis maudit que j’aime ça. J’ai rarement vu un slam aussi turbulent se passant dans le respect le plus total, on flirte avec la délicieuse complaisance d’une violence sans conséquence.

Et Mother Superior débuta! Je me lance aussitôt vers la barrière devant et je filme le tout en réussissant avec brio à ne pas perdre mon cel tout en me faisant brasser dans tous les sens. C’est après cette épopée que je sors reprendre mon souffle, il semble que ce soit un bon effort pour mon corps, car je pompe comme un gros porc. Je retrouve Jeff et J-S et on trippe vraiment, je pense que la nostalgie de nos shows d’ados a frappé à ce moment, du moins moi je l’ai ressenti jusque dans mes boyaux. C’est là également que j’observe notre comparse en chaise roulante arriver dans le pit qui est en furie, mais tout le monde est alerte et le fait monter dans les airs à bout de bras en le promenant partout au travers de ce chaos régnant dans une sorte d’ordre inexplicable. C’était magique et cette émotion remonte à l’instant que je jette ces lignes, j’adore revivre mes expériences en les décrivant textuellement dans le confort de mon salon.

GOOD RIDDANCE

Pennywise

Le clou de la soirée, c’est le groupe californien Pennywise qui a une grande renommée même si personnellement j’ai toujours trouvé qu’ils étaient largement surestimés, une pâle copie de Bad Religion, oups c’est dit et je ne m’en excuserai pas. Cependant, un fait non-négligeable ce soir est qu’il joue mon album préféré au complet intitulé About Time. La frénésie nous envahit tous dès les premières notes, le son est massif et les gars semblent prêts à nous en donner pour nos pesos. La piste de danse reprend de plus belle à une échelle encore plus grande, il y aussi des minis pit plus loin, sympathique. C’est évidemment un album connu de la majorité et ça se fait entendre par le biais du chant en chœur qui est généralisé. J’alterne entre le devant de la scène pour apprécier visuellement et le thrash pour festoyer avec la belle bande d’énergumènes.

Je n’aurais jamais pensé éprouver autant de plaisir à un spectacle de Pennywise que j’avais déjà vu par le passé. Ce soir, le choix des chansons fait la différence, en plus ils ont de l’énergie, le son est clair, la guitare un tantinet trop forte, mais on est là pour se faire défoncer les tympans, alors mets s’y toute la sauce Fletchie avec tes 4 gros amplis Mesa Boogie. L’ambiance ne ralenti pas du tout pour l’entièreté de l’opus et finalement on se fait servir les incontournables qu’on est écœuré d’entendre normalement, mais heureux de les recevoir en pareil contexte. Je parle bien entendu de Bro Hymn et le cover Stand By Me. Dans la deuxième, lorsque le bout rapide embarque au milieu de la pièce, ça devient probablement le plus gros slam en termes de gens impliqués et c’est du gros gros fun brut, c’est jouissif, oui. Bro Hymn vient conclure le tout après Fuck Authority qui était du bonbon live, une soirée inoubliable pour plusieurs raisons. En effet, une organisation impeccable, un son de grande qualité, les personnes sur les lieux avaient tous une joie de vivre contagieuse, pas trop d’attente pour boire, manger ou aller au petit coin, sincèrement que du gros positif et il reste la plus grosse journée demain, yeah.

PENNYWISE

After-Party

On apprend en sortant qu’il y a un autre show au Moulin à côté. Je suis avec plusieurs chums de Sept-Îles et un des 2 groupes c’est Killing Daisies qui viennent justement de ma ville natale, il faut y aller. On arrive à l’entrée et non malheureusement c’est complet, incapable d’accéder même à l’entrée. Je croise un vieux pot Coulouarn qui veut aussi y aller avec 2 amis. Il négocie, j’écoute et rien à faire, la fille ne veut pas. Je fais une dernière tentative en focalisant sur l’identité de la personne en charge qui décide c’est qui rentre ou pas. On me permet alors de traverser la porte pour parler à Amélie à qui moi et Vincent expliquons qu’on vient encourager nos chums de Sept-Îles, la plupart on fait une longue route. J’ajoute qu’il y aura des gens sur sa guest list qui ne se présenteront pas et ils vont perdre de l’argent et de l’ambiance. Elle fait quelques textos et 10 minutes plus tard, nous sommes 8 à recevoir la bénédiction d’Amélie.

Killing Daisies entre sur scène et nous avons droit à un show intime avec une superbe énergie dans un endroit magnifique. Ce sont des musiciens compétents qui n’en sont pas à leur premier rodéo. On s’entend que Dumais, Caouette et Lévesque ça jouait déjà dans des groupes quand j’étais adolescent, certains se souviendront de Trendy Five qui ont sorti un solide album retour d’ailleurs en 2018. Killing Daisies ont un punk rock assez raffiné je dirais, car ça peut sembler simple aux premiers abords, mais ils sont maîtres dans les transitions subtiles, les enchaînements fluides, nombreux changements de tempos et les notes silencieuses. Ça sonne punk rock moderne à la sauce année 90 avec la voix de Nadia qui prend sa place plus le show avance. De surcroît, elle a un timbre qui n’est pas dénué d’agressivité ce qui complémente super bien la musique. Lorsqu’ils jouent Into the Storm, je trippe totalement, c’est ma préférée de leur mini album de 7 pièces qui est tout frais sorti du four. Pour terminer, ils nous surprennent avec un cover de Lag Wagon vu l’absence du groupe. On a droit à Sleep de l’album Hoss, une très solide interprétation de leur part pour notre plus grand plaisir.

KILLING DAISIES

Pour conclure cette épique première soirée, 30 Foot Fall du Texas nous présente un punk rock super énergique avec de multiples influences différentes et une belle présence de scène. Rendu là, je commence à avoir hâte de m’asseoir et relaxer, ce que je fais. Belle prestation du groupe qui m’accroche moins sans pour autant manquer de professionnalisme et de volonté de plaire. La moitié des gens ont déjà quitté et ça sonne la fin pour ce garçon. Je repars pour Québec et finalement au bercail à 4h du matin.

SETLIST PENNYWISE (9 JUIN 2023)

Peaceful Day
Waste of Time
Perfect People
Every Single Day
Searching
Not Far Away
Freebase
It’s What You Do With It
Try
Same Old Story
I Won’t Have It
Killing Time
Stand by Me
Minor Threat
Pennywise
Fuck Authority
My Own Country
Society
Alien
Bro Hymn

Picture of Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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