MU Média [Livre] La bête intégrale – Une analyse du roman de David Goudreault par Molly Caisse-Vee

MU MEDIA

PAR MOLLY CAISSE-VEE
[Rédactrice]

La bête intégrale : entre féroce et humanité

La bête intégrale de David Goudreault est une œuvre marquante qui ne laisse personne indifférent. Ce roman réunit les trois tomes de sa série : La Bête à sa mère, La Bête et sa cage et Abattre la bête.

L’histoire met de l’avant un homme que l’on connait seulement sous le nom de « La Bête ». Arraché à sa mère dès un très jeune âge, il est ensuite garroché d’une famille d’accueil à une autre, en passant en plus par les centres jeunesse, jusqu’à ses 18 ans. Ce parcours chaotique laisse en lui des blessures profondes. Dès qu’il accède à un semblant de liberté, il enchaine les mauvaises décisions dans l’espoir de retrouver sa mère et son identité.

La Bête est un personnage complexe, mais surtout très ambigu. C’est un homme aimant, bien que plus que maladroit dans ses relations. Son narcissisme le pousse à croire que tous ceux qui croisent sa route l’apprécient, même lorsque les signes prouvent le contraire. Il a cette impression également auprès de ses victimes. Toutefois, sa plus grande passion (autre que les animaux et les substances récréatives) est la lecture : il se réfugie dans les livres et les bibliothèques afin de pouvoir trouver un monde plus supportable que sa propre réalité dans la littérature. Son expression favorite, « c’est documenté », illustre bien sa manie d’utiliser ses lectures et ses presque connaissances pour justifier ses pensées et ses actions. Il justifie aussi son racisme général par cette expression. Bref, cet homme a tous les défauts. Paradoxalement, il multiplie les allusions à des références culturelles québécoises et françaises, mais celles-ci sont souvent fausses ou mal interprétée, même je pourrais les qualifier de caricaturale, ce qui renforce son côté tragiquement déconnecté de la réalité. Ça ajoute aussi une touche d’humour.

La bête à sa mère

Dans ce premier tome, le lecteur découvre le passé douloureux de La Bête, sa quête incessante pour retrouver sa mère et son rêve de devenir rappeur. Cette ambition artistique est une des rares sources d’espoir dans sa vie plus que chaotique. Toutefois, cette quête d’amour maternel le pousse à commettre des actes terribles, n’hésitant pas à écarter quiconque se trouve sur son chemin, mais n’hésitant pas non plus à se fondre dans le décor pour arriver à ses fins. Le lecteur, malgré les horreurs atroces commises par le personnage principal, ne peut s’empêcher de souhaiter qu’il retrouve sa mère, espérant que cette rencontre pourra calmer ses nombreux tourments. On s’attache également à ce personnage naïf et un peu innocent.

La bête et sa cage

C’est dans ce deuxième volet que La Bête se retrouve en prison, piégé dans un environnement qui le pousse à ses limites. Son objectif principal est clair : s’évader à tout prix pour, encore, retrouver sa mère. Cependant, son inexpérience et sa naïveté face à la réalité carcérale lui couteront cher. Le lecteur découvre ici une facette plus vulnérable du personnage. Isolé et malmené, il laisse paraitre une certaine douceur (Okay… plus une certaine innocence) qui témoigne de son besoin d’amour et d’appartenance. Cette humanité cachée renforce le lien d’attachement qu’on ressent envers ce personnage complexe, dont l’absence de nom accentue le sentiment d’errance et d’identité bisée.

Abattre la bête

Le dernier tome suit La Bête après son évasion de l’institut Pinel. Désormais en cavale à Montréal, il tente de se fondre dans le décor et de s’investir dans le marché noir afin d’adopter un mode de vie clandestin. Partagé entre sa quête irrationnelle de retrouver sa mère et sa peur constante de se faire prendre par les autorités, il multiplie les stratagèmes et se met involontairement en danger. Le désespoir et la solitude pèsent lourd sur La Bête dont les illusions commencent à s’estomper. Il tente de se faire de amis, des connaissances, des attaches, mais c’est très difficile dans la rue de se faire des alliés. Ce dernier volet est marqué par une tension palpable, où chaque choix semble précipiter la descente du personnage vers le fond d’un gouffre

Enfin, La Bête intégrale est un roman percutant qui mêle habilement l’humour noir, la critique sociale et l’introspection psychologique. David Goudreault y dépeint avec brio un antihéros fascinant, à la fois répugnant et attachant. À travers cette trilogie, il soulève des réflexions profondes sur les effets de l’abandon, du rejet et du manque d’amour. C’est une lecture intense et immersive qui pousse le lecteur à s’interroger sur les notions de bien et de mal, et sur la part d’humanité que l’on peut déceler chez les âmes les plus tourmentées.

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Éditions Stanké : https://editionsstanke.groupelivre.com/products/la-bete

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Édition: Éditions Stanké
Sortie: 15 octobre 2018
Auteur: David Goudreault
Facebook: https://www.facebook.com/Goudro


ENGLISH version

The Complete Beast: Between Ferocity and Humanity

La bête intégrale by David Goudreault is a powerful work that leaves no one indifferent. This novel brings together the three volumes of his series: La Bête à sa mère, La Bête et sa cage, and Abattre la bête.

The story centers around a man known only as “La Bête.” Taken from his mother at a very young age, he is tossed from one foster family to another, also spending time in youth centers, until he turns 18. This chaotic journey leaves deep scars. As soon as he gains a semblance of freedom, he makes one bad decision after another in the hope of finding his mother and his identity.

La Bête is a complex character, but most of all, deeply ambiguous. He is a loving man, though more than clumsy in his relationships. His narcissism leads him to believe that everyone who crosses his path likes him—even when the signs clearly say otherwise. He has that same impression with his victims. However, his greatest passion (other than animals and recreational substances) is reading: he seeks refuge in books and libraries to find a world more bearable than his own reality through literature. His favorite expression, “it’s documented,” perfectly illustrates his tendency to use his readings and almost-knowledge to justify his thoughts and actions. He also uses this expression to justify his general racism. In short, this man has every flaw imaginable. Paradoxically, he frequently references Québécois and French cultural references, though they are often wrong or misinterpreted—even caricatural, I’d say—which reinforces how tragically out of touch he is with reality. It also adds a touch of humor.

The Beast and his Mother

In this first volume, the reader discovers La Bête’s painful past, his relentless quest to find his mother, and his dream of becoming a rapper. This artistic ambition is one of the few sources of hope in his more-than-chaotic life. However, this search for maternal love pushes him to commit terrible acts, not hesitating to eliminate anyone in his way—but also not hesitating to blend into the background to get what he wants. Despite the horrifying acts committed by the main character, the reader can’t help but wish for him to find his mother, hoping that this reunion might ease his many torments. We also become attached to this naïve and somewhat innocent character.

The Beast and his Cage

In this second volume, La Bête finds himself in prison, trapped in an environment that pushes him to his limits. His main objective is clear: to escape at all costs to once again find his mother. However, his inexperience and naivety about prison life will cost him dearly. Here, the reader discovers a more vulnerable side of the character. Isolated and mistreated, he reveals a certain gentleness (Okay… more like a certain innocence) that reflects his need for love and belonging. This hidden humanity strengthens the emotional bond we feel toward this complex character, whose lack of a name intensifies the feeling of wandering and broken identity.

Bringing Down the Beast

The final volume follows La Bête after his escape from the Pinel Institute. Now on the run in Montreal, he tries to blend in and get involved in the black market in order to adopt an underground lifestyle. Torn between his irrational quest to find his mother and his constant fear of being caught by the authorities, he concocts multiple schemes and unwittingly puts himself in danger. Despair and loneliness weigh heavily on La Bête as his illusions begin to fade. He tries to make friends, acquaintances, connections, but it’s very difficult to find allies on the street. This last volume is marked by palpable tension, where every choice seems to push the character further down into a dark abyss.

In the end, La Bête intégrale is a gripping novel that skillfully blends dark humor, social critique, and psychological introspection. David Goudreault masterfully portrays a fascinating antihero—both repulsive and endearing. Through this trilogy, he raises profound reflections on the effects of abandonment, rejection, and lack of love. It’s an intense and immersive read that pushes the reader to question notions of good and evil, and the shred of humanity that can be found even in the most tormented souls.

by MOLLY CAISSE-VEE

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Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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