25:03:28 – Meshuggah / Cannibal Corpse / Carcass (Québec)

Spectacle: Le 28 mars 2025 au Centre Vidéotron de Québec
Organisateur: Gestev
Photographe: Stéphan Lévesque
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

PAR STÉPHAN LÉVESQUE
[Critique du spectacle | Photographe]
[Metal Anthology]

Ce soir, c’était trois grosses pointures du métal qui se présentaient avec leur métal extrême au Centre Vidéotron pour le plaisir des quelques milliers de spectateurs. C’est la configuration demi-aréna avec des rideaux qui recouvrent les estrades en haut des loges. Il y a peut-être le quart des gens d’arrivés lorsque les amplificateurs remplissent enfin l’endroit de gros riffs sales avec une batterie qui sonne comme une tonne de briques, c’est parti.

Les pionniers britanniques du death metal Carcass s’assurent donc d’échauffer les gens arrivés tôt pour cette soirée de brutalité sans clean vocal. C’est définitivement le groupe de la soirée qui offre le plus de mélodies dans son artillerie. Ils ont un son live qui fait beaucoup penser à l’enregistrement de l’album Heartwork, qui est sans aucun doute une œuvre culte du style et un prélude au melodic death metal en 1993. Sincèrement, mis à part le fait qu’on n’entende pas toujours bien le vocal de Jeff Walker, je trouve la qualité sonore excellente, spécialement pour une première partie qui joue à peine au-delà de 30 minutes. Jeff nous lance deux fois quelques mots en français et le reste de la prestation, c’est du vieux Carcass avec trois chansons de Heartwork et deux de Necroticism pour le plaisir de tous. Une pièce de Surgical Steel avait brisé le silence avec brio au départ et la suite est tout simplement ce qu’on veut tous entendre. Excellent jeu de guitare de Bill Steer et il faut souligner Daniel Wilding aux commandes des tambours qui nous livre les classiques avec justesse et entrain. Lorsqu’il joue la chanson Heartwork, il y a déjà beaucoup plus de monde présent et ça embarque davantage parce que c’est une solide toune qui a su piquer la curiosité de ceux qui ne la connaissent pas. Je prendrais une heure de Carcass avec plaisir, quel bon spectacle qui nous laisse sur notre faim en attendant de les revoir.

Pendant l’entracte, je croise quelques personnes, dont Steve, le chanteur du band melodeath Strigampire et également drummeur de Messe Noire dans le black metal. Il me dit : « J’ai hâte de voir Carcass, c’est surtout pour eux que je suis venu. » Je m’éclate de rire malgré moi : « Hey mon chum, c’est parce que Carcass vient juste de finir! » « Haaaa non, maudit, j’ai entendu de loin la dernière toune et je pensais que c’était un band local de première partie qui faisait un solide cover de Carcass, calisse. » « Ouais mon Steve, ça pouvait bien sonner solide ce cover, c’était Carcass haha. »

Place maintenant aux légendes du death metal Cannibal Corpse avec leurs paroles toujours aussi gore depuis le début de leur carrière s’étendant sur plus de 35 ans. J’ai vu plusieurs fois CC depuis 1997 et, malgré les changements de line-up, ça demeure que George beugle autant qu’avant, Alex Webster shred sa basse aussi bien et Paul Mazurkiewicz suit le tempo tant bien que mal à la batterie. En effet, je remarque que dans les chansons au tempo plus rapide, il en arrache un peu parfois sans pour autant gâcher l’expérience. Le son du band détonne bien, on pourrait entendre un peu plus les solos de guitare qui se perdent un peu parfois, mais en général c’est bien équilibré.

Aucune surprise avec Cannibal, tu ne peux pas avoir un stage plus stripped down, c’est la musique that’s it, aucun fla-fla, l’éclairage est minimaliste et le band très stationnaire avec les touffes qui se font virevolter à l’occasion. Pour ce qui est du setlist, c’est un peu la qualité et le défaut du groupe parce qu’ils font toujours les mêmes chansons en ajoutant deux pièces normalement du dernier album, dans ce cas présent Chaos Horrific. De ce fait, si c’est ta première fois, tu es content d’entendre les classiques et, si tu les as vus quelques fois, alors c’est encore la même prestation avec exactement les mêmes interventions de la part de Corpsegrinder, tellement qu’on les anticipe.

Bref, un très bon show qui livre ce qu’on s’attend, cependant j’aurais bien aimé qu’ils nous envoient au moins deux ou trois chansons qui sortent du cadre habituel pour nous surprendre un peu. Nonobstant, il ne manque pas d’action dans le pit et la foule est bruyante après chaque chanson. Les trois dernières font embarquer encore plus le monde, car elles sont des titres attendus et parmi les plus rapides jouées ce soir. Il faut souligner qu’avec des noms comme I Cum Blood, Stripped, Raped and Strangled et Hammer Smashed Face, on s’en souvient et c’était une conclusion parfaite pour le groupe.

Après les Anglais et les Américains, c’est le tour des Suédois de Meshuggah de prendre d’assaut la scène du Centre Vidéotron. Je me demande combien de personnes ont acheté leur poutine spéciale avec des boulettes suédoises, des champignons et un gros gravy gras pour surplomber le tout. Probablement que plusieurs commencent à peine à la digérer quand le spectacle en son et lumière débute. Nous sommes complètement ailleurs niveau envergure de show avec eux, ça décoche de tous les côtés avec des lasers hyper spectaculaires. Les éclairages, en plus d’être variés, colorés et nombreux, sont bien entendu synchronisés avec les rythmiques peu orthodoxes du groupe. Il y a un sincère travail de professionnel pour mettre au point autant de lumières qui suivent le beat de gauche à droite et de bas en haut de la scène.

Le son est pesant, très clair, rien à dire honnêtement, c’est joué avec précision. Mes choux gras, ça djent sur un méchant temps, alors bonne chance pour suivre les différents time signatures en n’ayant pas l’air de faire une crise d’épilepsie. Les gens semblent saisis par la puissance de la performance et l’incroyable qualité du visuel. Les lasers fusent de partout, certains sont des amalgames de rayons qui se rendent au fond de l’amphithéâtre, d’autres sont larges et contiennent une impression de fumée, d’aucuns sont éblouissants et me font regretter mes lunettes fumées dans l’auto et il y a aussi plusieurs spots stratégiquement alignés pour faire d’autres effets intéressants. Sérieusement, c’est de la haute voltige dans l’éclairage et c’est proche du calibre du dernier passage de Gojira.

Cependant, je dois avouer qu’une des particularités de ce groupe qui m’attire moins est la redondance. En effet, on dirait qu’ils ont quatre sortes de riffs différents et ils font une version légèrement modifiée dans chaque chanson à quelques exceptions près comme la superbe Combustion sur obZen, qui s’avère ma préférée de la soirée. La dissonance est bien entendu de mise et quoi de mieux pour revenir en rappel que la pièce responsable de la destruction des mollets et jambiers antérieurs de bien des drummeurs essayant de la reproduire. Je parle de Bleed et son double basse drum épouvantable qui n’arrête pas du début à la fin. Une solide performance aux percussions de la part de Tomas Haake qui n’a rien perdu de sa droiture. En conclusion, Demiurge est la dernière à se faire entendre, une chanson qui sonne bien et très lourde tout en étant extrêmement redondante, quoique ce n’est pas un défaut quand tu trippes raide sur le beat. Une superbe soirée de gros métal avec une belle assistance qui a bien participé. On se croise au prochain show, cheers \m/

Setlist de Meshuggah

  1. Broken Cog
  2. Violent Sleep of Reason (Première fois depuis 2019)
  3. Rational Gaze
  4. Combustion (Première fois depuis 2013)
  5. Kaleidoscope
  6. God He Sees in Mirrors
  7. Lethargica (Première fois depuis 2019)
  8. Born in Dissonance
  9. Dancers to a Discordant System (Première fois depuis 2017)
  10. Swarm (Première fois depuis 2016)
  11. Future Breed Machine

Encore :
12. Bleed
13. Demiurge

Setlist Cannibal Corpse

  1. Scourge of Iron
  2. Blood Blind
  3. Inhumane Harvest
  4. Evisceration Plague
  5. Death Walking Terror
  6. Unleashing the Bloodthirsty
  7. Summoned for Sacrifice
  8. I Cum Blood
  9. Stripped, Raped and Strangled
  10. Hammer Smashed Face

Setlist Carcass

  1. Unfit for Human Consumption
  2. Buried Dreams
  3. Incarnated Solvent Abuse
  4. No Love Lost
  5. Corporal Jigsore Quandary
  6. Heartwork
  7. Tools of the Trade

Picture of Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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