23:06:16 – Alcoholica / Fantera (Trois-Rivières)

Spectacle: Le 16 juin 2023 à l’Entité de Trois-Rivières
Organisateur: L’entité
Photographe: Stéphan Lévesque
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

Lorsqu’on parle d’une soirée improvisée, celle de vendredi dernier en était toute une. En effet, l’élément déclencheur fut une publication du chanteur guitariste d’Alcoholica Pierre St-Jean qui mentionnait être à Trois-Rivières avec le band pour un show avec Fantera. Pour ceux qui connaissent les 2 groupes, je n’ai rien à vous expliquer, pour les autres, sachez que ce sont les hommages à Metallica et Pantera les plus droites et endiablés que vous pourrez trouver.

Fast forward, nous rejoignons Pierre et quelques membres du groupe au resto La Chambre le temps d’une pinte d’IPA et ensuite on se dirige à l’Entité dans le local à droite du stage en attendant le début de Fantera. Soudainement, leur chanteur Jon débarque 5 minutes avant le début de leur prestation, il met ses earplugs en disant qu’il n’avait pas trop eu le temps de s’échauffer et c’est parti, c’est ce qu’on appelle un warm up expéditif haha. Je n’ai aucune espèce d’idée ce que ça donne lorsqu’il s’échauffe adéquatement, toutefois il est en voix et pas à peu près. Jon, c’est Phil Anselmo comme on rêverait qu’il puisse chanter encore. Il te garoche les chansons de Cowboys From Hell telles que sur l’album avec les mêmes prouesses vocales que Phil avait lorsqu’il était encore très inspiré de Rob Halford. Ensuite, il te prend solidement par le collet en t’envoyant du Vulgar Display of Power/Far Beyond Driven avec ce foutu timbre de voix agressif et rentre dedans venant de la période plus féroce de Pantera, c’est à s’y méprendre.

Ça décolle donc avec tout un opener qu’est A New Level, difficile de mieux débuter un show de Pantera. D’entrée de jeu, le son est déjà impeccable, la résonance du drum est massive et rappelle définitivement le défunt Vinnie Paul, la basse est présente pour assurer une bonne fondation rythmique et que dire du tone de la guitare à Robin qui est tout simplement imprenable. Saviez-vous qu’il fabrique ses propres guitares custom pour l’hommage et qu’elles sont toutes inspirées de celles à Dimebag, c’est très très cool. Après une chanson, nous savons déjà que nous allons nous régaler parce qu’en fait, tu peux te fermer les yeux et tu entends littéralement Pantera jouer. Ce n’est pas peu dire, car les Texans avaient un son vraiment distinctif.

Ils nous mitraillent aussitôt après avec 5 Minutes Alone et la sauvage Primal Concrete Sledge. Cette dernière renferme à mi-parcours de la chanson un des meilleurs riffs que j’ai entendu de ma vie et c’est exécuté à la perfection. On remarque immédiatement comment Jon modifie sa voix avec brio pour supporter la version album de la chanson qui est probablement celle qui se rapproche le plus de Vulgar Display of Power parut 2 ans après en 1992. On poursuit avec 6 gros classiques back to back, on n’a pas le temps de respirer qu’on nous fustige claque après claque. C’est lourd, super énergique, les gars ne sont pas des statues sur scène, ils se promènent avec vivacité un peu partout.

Jon anime admirablement le spectacle et il dirige l’audience un peu comme le faisait Phil Anselmo dans les années 90, Robin aussi reprend les mimiques à Dimebag, toute une reproduction qu’ils nous servent. Tout est clean dans le son, c’est rien de moins qu’une réplique intégrale duquel pourrait même s’inspirer Phil et Rex dans leur résurrection de Pantera. Je trouve que Charlie Benante joue avec fidélité les parties à Vinnie tandis que Zakk Wylde dénature plusieurs solos en y mettant trop souvent de shred et en sortant complètement de la mélodie que Dimebag a si bien composé, même certains riffs ne sont pas identiques. Je suis peut-être trop puriste là-dessus aussi.

La deuxième partie du setlist nous réserve de gros canons qui ont été longuement ignorés par Pantera. Je parle de Mouth For War, Domination qui est interprété ici au grand complet avec une énergie qui a fait valser l’assistance et moi-même. Finalement The Art of Shredding qui est tout simplement débile en show. D’ailleurs, ils terminent avec 4 pièces de Cowboys From Hell, un album que j’ai saigné à bloc au fil des ans. Les versions de Fantera ce soir avec la voix époustouflante de Jon, les parties de drums exécutées à la perfection avec un petit punch supplémentaire à certaines occasions et sans oublier le jeu de Robin Simard à la guitare qui nous transporte complètement dans l’univers de Dimebag Darrell. Un hommage qui vaut le déplacement et que j’irai revoir dès que possible. J’ai suggéré au band d’ajouter The Great Southern Trendkill, Slaughtered, Revolution is my Name et Shedding Skin éventuellement à leur répertoire, on ne sait jamais haha.

FANTERA

Alcoholica

À peine l’adrénaline redescendu qu’Alcoholica monte sur scène et disons qu’Ils n’avaient pas l’intention de garder ça tranquille après la performance hyper énergisante de Fantera. Oh que non, ils surprennent un peu tout le monde en en y allant la pédale au fond avec Damage Inc. La réaction est instantanée avec l’auditoire, quoi de mieux qu’un gros riff de thrash métal rapide pour démarrer les hostilités. C’est la première occasion que j’ai de les voir avec Jay au lead guitar et c’est d’une évidence que le gars possède une aisance déconcertante sur scène à jouer les parties de Kirk Hammett. Que ce soit pour picker les riffs ou interpréter d’une façon irréprochable les solos avec le gros sourire dans face sans forcer une seconde, c’est juste du gros fun pour tous. Après une introduction aussi rythmée, ils ne peuvent pas trop ralentir, alors Blackened suit immédiatement et je dois avouer que c’est un choix plus que judicieux d’enligner ces 2 morceaux pour donner le ton. Le solo de Blackened a toujours été un de mes préférés de Metallica avec ses changements de tempos multiples pour enfin aboutir sur le riff principal après 90 secondes de pure plaisir auditif.

L’incontournable Enter Sandman s’impose ensuite et on remarque immédiatement les adaptations vocales que Pierre exerce selon l’album de Metallica qu’il interprète. Il module efficacement son timbre de voix afin de cibler les caractéristiques précises définissant la voix de James Hetfield sur chacune des sorties du groupe. L’évolution vocale de Kill ‘Em All au Black Album est parsemée de variations autant dans la granularité utilisée que pour la hauteur des notes choisies et c’est exécuté avec une puissance des plus contrôlée. J’ai toujours apprécié grandement le travail d’Alcoholica, toutefois je note encore une amélioration dans les nuances apportées, la justesse que c’est délivré et aussi le fait qu’il pousse sa voix un peu plus que l’original dans quelques portions de chansons. À ce moment précis, l’assistance est conquise et tout le monde s’implique d’une façon ou d’une autre dans le spectacle que ce soit en chantant ou en se bousculant gentiment devant la scène.

Le set revient alors immédiatement vers mes albums préférés et on nous sert Leper Messiah, Ride the Lightning et Sanitarium, sérieux je n’aurais pas fait un meilleur setlist. Ride The Lightning est une véritable leçon 101 de Thrash Metal avec un solo si divertissant tandis que Sanitarium nous amène dans un crescendo passant par d’excellents solos remplis d’émotions pour culminer sur une fin intense en rebondissement et très punchée.

Petite anecdote, à la fin de cette pièce, un gars dans la salle cri fort Dyer’s Eve, alors je me dirige vers lui pour y dire que j’ai tellement tanné le groupe pour l’inclure dans leur setlist depuis un an qu’ils l’a font régulièrement maintenant. Timing is everything et après Harvester of Sorrow, Alcoholica enchaîne avec la fameuse Dyer’s Eve qui est probablement la chanson la plus sous-estimée de tout leur catalogue. Dans mon cas, les fils se sont touchés et l’intensité a monté d’un cran dans la place. C’est un super moment ou on peut apprécier les fills de drums et les arrêts fréquents dans la rythmique ce qui engendre toute la dynamique de cette pièce. Pierre est en feu vocalement avec même une certaine brutalité, ce n’est pas doux et c’est tellement agréable d’entendre la basse sur une chanson d’And Justice. Jay pulvérise totalement le solo pour aboutir sur un des meilleurs riffs Thrash de tous les temps avec du gros picking rappelant Slayer. La toune n’est pas terminée que le gars qui criait Dyer’s Eve me tend une grosse 50 en me disant merci man, c’est trop malade, bois ça à ma santé. J’avais déjà une grosse 50 en main, mais aussi gentiment offert, j’ai poursuivi la fête avec lui dans le mini moshpit en accélérant le rythme de consommation question de me libérer rapidement une main.

Comment le show peut être plus malade, c’est ce qu’Alcoholica s’assure en ne nous lâchant pas une seconde, c’est For Whom de Bell Tolls et Fade to Black qui déferle par la suite. Fade to Black nous emporte dans la première power balade hyper ressentie de Metallica concluant avec une fin instrumentale tout a fait épique. Jay nous démontre une fois de plus tout le plaisir qu’il a à picker ces solos avec une précision et une fluidité chirurgicales. On pense que ça ralentit en cadence quand ils nous balancent une solide droite avec Whiplash qui rentre solide et anime à nouveau les esprits présents. Coup de théâtre, juste avant le solo, ils switchent avec No Remorse pour la jouer en entier, gros moment fort que je n’avais pas vu venir du tout. Ouf, j’ai un peu trop de fun moi là et il paraît que le band également parce qu’ils nous jouent successivement pour conclure One, Battery, Master et finalement Seek & Destroy en rappel. C’est rare que je n’ai rien à dire d’un setlist, cependant Alcoholica s’est surpassé ici avec une sélection incontestable des 4 premiers albums à l’exception d’Enter Sandman, WOW.

ALCOHOLICA

Il ne se fait pas mieux en termes de soirée hommage à Metallica et Pantera. Non, c’est un combo explosif qui ne laisse personne indifférent ou assis en maugréant dans son coin. Alcoholica et Fantera ont prouvé hors de tout doute pour une énième fois la qualité hors du commun de leur version de ces 2 géants du métal. C’est un plaisir après le show d’échanger avec les gars jusqu’à temps que les employés nous poussent tous tranquillement vers la sortie plus d’une heure plus tard. Le genre d’hommage que je suis prêt à me déplacer parce que je sais pertinemment que je vais passer toute une soirée. Cheers à tous et surtout merci aux 2 groupes pour leur accueil ainsi que leur performance mémorable.

Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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