Dans une nouvelle entrevue avec Jonathan Smith de Sonic Perspectives, le chanteur de CRADLE OF FILTH, Dani Filth, a une fois de plus abordé le déclin de l’industrie musicale, alors que les consommateurs privilégient l’accès à la musique plutôt que sa possession et préfèrent les expériences aux biens matériels.
Il a déclaré:
« Je dois à mes frères du metal et de la musique de ne pas avoir de fucking compte Spotify, parce qu’ils ne paient pas les artistes. Et ce n’est pas seulement eux, c’est toutes les plateformes en général. J’apprécie le fait que cela puisse permettre aux gens de te découvrir via un autre groupe, blablabla, je l’ai entendu un million de fois. Mais moi, je suis old school. Je veux des CD, je veux des vinyles, je veux que mes groupes soient payés, parce que s’ils ne le sont pas, ils ne peuvent plus être des groupes. Et je connais tellement de musiciens de groupes connus qui, depuis la pandémie, ont dit : « Tu sais quoi ? Je vais prendre un vrai job. Vous me verrez moins souvent. On va quand même sortir des albums, mais probablement aux cinq ans », parce que la musique… c’est du vol à ciel ouvert. »
« La musique est traitée comme un produit gratuit »
Dani a poursuivi :
« Si tu possédais une épicerie fine ou même un supermarché, les gens ne seraient pas autorisés à entrer et se servir gratuitement, mais c’est ce que les gens pensent pouvoir faire avec la musique, parce que c’est un produit intangible. Tu ne peux pas toucher physiquement la musique. Mais comment tu veux que les groupes survivent sans rémunération ? Ok, oui, la musique devient de plus en plus populaire. Mais c’est à cause des Taylor Swift et des Ed Sheeran – d’ailleurs, on vient de faire une chanson avec lui – qui sont partout. Si tu travailles sur un chantier ou dans une épicerie avec la radio allumée, tu as des chances d’entendre l’un de ces deux-là, ou Beyoncé, ou Megan Thee Stallion, dans les cinq minutes qui suivent. C’est une forme de contrôle mental, car tu t’habitues à ces chansons. C’est tout ce que tu entends. »
Dani a également noté que l’industrie du cinéma et de la télévision a été durement touchée par le piratage en ligne :
« Ils essaient évidemment de combattre le piratage dans les films, parce qu’il y a plus d’argent en jeu. En Angleterre, jusqu’à tout récemment, il y avait même des publicités avant les films qui disaient « le piratage vidéo tue l’industrie du cinéma ». On entendait des portes de prison qui claquaient en son THX IMAX, comme pour dire : « Tu vas en prison si tu regardes un film piraté. » Mais pas la même chose pour… Je sais que dans le temps, on avait des avertissements sur les pochettes d’album disant « l’enregistrement maison tue la musique », mais aujourd’hui, c’est une fucking foire ouverte. »
« Les fans de metal sont plus loyaux »
Dani a ajouté que les fans de metal achètent plus de musique physique que ceux d’autres genres :
« Je pense que la scène metal est probablement l’une des plus loyales, mais aussi l’une des plus agitées. Tout le monde déteste quelque chose : « Oh, ce groupe-là ? » « J’adore ARCH ENEMY. Toi ? » « Et IN FLAMES ? » « Ah non, c’est de la merde. » Le metal est si carnivore et cannibalistique, et pourtant, c’est le public le plus fidèle. Les fans portent leurs groupes sur leurs battle jackets, ils achètent les vinyles éclaboussés de sang ou les éditions spéciales s’il y en a. »
« Spotify est le plus grand criminel du monde »
Dani avait déjà critiqué Spotify en juin 2023 dans une entrevue avec Sakis Fragos de Rock Hard Greece :
« Ça se détériore depuis… Je pense que 2006 a été l’année où tout a basculé. Avant, c’était difficile, mais depuis l’ère numérique et les plateformes de streaming, c’est devenu un enfer. Ces plateformes ne paient personne. Spotify est le plus grand criminel du monde. Je pense qu’on a eu 25 ou 26 millions d’écoutes l’an dernier, et j’ai personnellement reçu environ 20 livres sterling – soit moins qu’un salaire horaire. »
Dani a aussi partagé une anecdote à propos de sa copine, tatoueuse, qui avait lancé une campagne GoFundMe pour son chat malade :
« Beaucoup de gens disaient : « Pourquoi on paierait pour ton chat ? Tu sors avec un multimillionnaire ! » Et elle leur a répondu : « Excusez-moi, mais vous ne comprenez pas comment l’industrie musicale fonctionne aujourd’hui. Premièrement, il n’est pas multimillionnaire. Deuxièmement, je suis ma propre personne et ça n’a rien à voir avec lui. » »
Dani a poursuivi :
« Les gens pensent que parce que tu sors des albums, tu es riche. Ils ne réalisent pas combien de personnes prennent une part du gâteau : maison de disques, management, comptables… Peu importe, s’il n’y a pas d’argent à la base, il n’y en a pas à partager. Aujourd’hui, les éditions limitées et les vinyles sont surtout pour les collectionneurs, car ce sont les seuls qui achètent encore des disques. Les autres écoutent gratuitement en streaming. C’est pourquoi, depuis la pandémie, plusieurs groupes ne tournent plus. L’essence a augmenté, la location de tour bus aussi, le coût de la vie explose… C’est très difficile pour les groupes. Mais ce n’est pas aidé par cette mentalité selon laquelle la musique n’est pas un privilège, mais un dû. Je ne rentre pas dans un magasin pour prendre une banane en disant : « Ça pousse sur un arbre, ça devrait être gratuit », parce que je serais arrêté pour vol. Mais pour la musique, les gens trouvent ça normal de télécharger gratuitement. »
« Avant même qu’un album sorte, des fans disent déjà : « Oh, j’ai trouvé un lien », et ils le partagent. Donc toute chance de vendre l’album à ceux qui voulaient la surprise est détruite, parce qu’ils l’ont déjà écouté et sont passés à autre chose. »
Dani a conclu :
« L’industrie musicale est à genoux. J’aime toujours faire de la musique, ne vous méprenez pas, mais aujourd’hui, les musiciens font face à des millions d’obstacles. C’est une période très difficile. »
Entrevue complète:
NOUVEL ALBUM DE CRADLE OF FILTH
CRADLE OF FILTH sortira son 14ᵉ album studio, The Screaming Of The Valkyries, le 21 mars 2025 via Napalm Records.
Source: Blabbermouth