Spectacle: Le 3 mai 2025 à la Salle Montaigne de Québec
Organisateur: District 7 Production
Photographe: Stéphan Lévesque
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

[Critique du spectacle | Photos]
[Metal Anthology]
Obscura, Atheist, Origin, Decrepit Birth et Fractal Universe
Samedi le 3 mai 2025
Salle Montaigne
Par ce magnifique samedi, une soirée de brutalité avec ses instances mélodiques nous attendait une fois de plus à la salle Montaigne, qui s’avère un endroit excessivement agréable pour voir des spectacles à Québec. J’avais l’opportunité, avant le début du carnage, de rencontrer mon ami Clément qui drum dans Fractal Universe et qui remplace dans Obscura pour cette tournée. J’ai fait une petite entrevue improvisée dans le tour bus avec lui et son bassiste Valentin.
Tout juste après, j’avais une entrevue planifiée, celle-là, avec Steffen Kummerer, le chanteur guitariste et mastermind d’Obscura. En effet, avec toute la controverse qui a entouré la sortie de leur dernier album, des accusations de vol de riffs et de structure de chansons, j’étais impatient d’échanger avec lui pour lui laisser donner sa version des faits. Je dois avouer que plusieurs de ses réponses sont venues ajouter une dimension très différente à certaines allégations. Au final, il faut se faire sa propre tête une fois qu’on a recueilli les opinions des deux parties. C’était sans contredit extrêmement intéressant. Ces entrevues seront disponibles dans les prochains jours sur ma chaîne YouTube via Metal Universe pour ceux que ça intéresse.
Passons aux hostilités qui débutent à 18 h tapant avec Fractal Universe qui font résonner la salle Montaigne une première fois. La qualité du son est au rendez-vous pour la centaine de personnes qui est arrivée tôt pour voir le groupe français se produire devant eux. On a droit à quelques pièces de leur nouvel album tout frais sorti du four. Ils jouent du Progressive Technical Death Metal avec des accents jazzy et des passages plus planants. C’est un mélange qui n’est pas pour tous, mais qui a son unicité et les musiciens nous démontrent une compétence accrue. Plusieurs rythmiques comportent une belle complexité en touchant à plusieurs styles musicaux tout en revenant toujours à l’ADN du groupe qui demeure le Technical Death Metal. Clément se sert de tout son kit de drum pour nous rendre des beats vraiment intrigants autant avec son jeu de cymbales qu’avec son jeu de pieds sur la double caisse. Vince Wilquin, au chant guttural et clean, nous joue également de la guitare à un très haut niveau autant rythmiquement que dans ses solos à l’emporte-pièce. Il possède un versant mélodique, mais il nous offre également plusieurs licks atypiques qui charmeront les plus exigeants élitistes du genre. Une prestation rapide de 30 minutes qui permettra à ce même Vince de sortir son saxophone à quelques reprises pour renforcer la touche jazz plus proéminente dans certains passages. Il viendra même en jouer dans la foule, à la surprise de l’assistance qui avait la gueule pendue pendant de longues secondes. Une superbe ouverture de la soirée par les cousins français.
FRACTAL UNIVERSE






Le temps d’aller prendre l’air, et nous sommes de retour pour Decrepit Birth, et ça rentre sur un méchant temps. On vient d’accélérer la dose, et il n’y a pas de moments doux de leur côté. La salle comporte maintenant autour de 250 personnes, et l’ambiance est là. Decrepit Birth, c’est un groupe qui est sur la scène depuis une vingtaine d’années et ils ont tourné à tellement de reprises, c’est incalculable. Leur son, c’est du Technical Death Metal qui s’oriente tantôt vers la mélodie et ensuite sur la brutalité. Un mélange qui offre quelques contrastes des plus intéressants, et les solos de guitare sont généralement plus mélodiques sans lésiner sur le picking qui demeure à vitesse élevée la majeure partie du temps, hormis quelques notes bien senties. La voix caverneuse de Bill Robinson remplit bien le petit espace qui reste au travers de la guitare de Matt et les tambours incessants de Gabe Seeber, l’homme aux 8 bands environ, qui joue aussi dans Abigail Williams et Vale Of Pnath. Ce gars est monstrueux dans son jeu, une excellente variété entre les gros blasts blasts, des roulements de toms et des agencements de cymbales savoureux. Diminishing Between Worlds est probablement mon highlight, malgré que le set soit solide d’un bout à l’autre, incluant le cover Once Upon The Cross de Deicide, de quoi rappeler les beaux souvenirs de leur dernière venue récemment. Dire qu’il reste encore 3 bands et que le prochain va nous défoncer le crâne à coups de blasts non-stop.
DECREPIT BIRTH






Et oui, c’est Origin qui se pointe ensuite, et ils ne sont pas là pour chanter des berceuses. Tassez-vous, les peureux, vous aurez rarement entendu un snare se faire massacrer de la sorte. Disons que John Longstreth, il n’aime vraiment pas ça aller en bas de 200 bpm, ça l’endort, il paraît. Il préfère aller dans le 270-280 juste pour challenger ses acolytes qui n’ont pas l’air trop nerveux non plus. Paul Ryan à la guitare joue des riffs comme peu de guitaristes le font. Il me fait penser à Pat O’Brien dans ses bonnes années avec Cannibal Corpse, quand il se fâchait sur le plan technique. Détrompez-vous, il ne fait pas que suivre cette influence, il a ses propres tours de passe-passe que tu te dis : siboire, c’est un riff ça ou un solo de disjoncté ? En fait, c’est un peu les deux, la réponse. Des riffs qui sweepent sur les 3 grosses cordes à une vitesse tellement fulgurante que j’ai de la misère à suivre ses doigts. Le pire, c’est que ça sonne bien, ce n’est pas un brouhaha chaotique qu’on pourrait qualifier de n’importe quoi, oublie ça. Non, c’est droit comme une barre. Le band fait plusieurs stops tous ensemble comme dans la version album des chansons, nous démontrant ainsi toute l’exactitude dont ils sont capables. J’en ai mal à la tête de réfléchir en les regardant jouer cette folie. Ha oui, le bassiste, tu penses qu’il suit gentiment en faisant tong ke tong bing bong… erreur. Il va aussi vite, ce malade mental, à suivre les 2 autres débiles. C’est vrai, j’allais oublier qu’il y a un chanteur qui nous gueule en pleine face avec une énergie déconcertante. Bref, il fait son possible pour garder le cap avec les autres et introduit le Wall of Death qui me vaudra un bon coup de coude sur la marboulette, question de me sentir plus vivant. Une solide leçon de techdeath extrême. Ils terminent avec la bombe The Aftermath, les riffs et le drum là-dedans sont à chier dans ses shorts. D’ailleurs, ça sentait la marde à la fin du set, probablement quelques échappements non contrôlés ont eu lieu, je peux l’excuser dans les circonstances.
ORIGIN





Prendre l’air n’était pas une option après, mais une nécessité, car entendre les oiseaux chanter apportait un calme serein avant de retourner dans la cacophonie contrôlée. C’est Atheist qui arrive, ceux qui ont aidé à partir ce mouvement plus technique dans le Death Metal avec notamment Death et Cynic au début de la décennie 90. Le métal de la Floride qui s’inspirait du jazz tout en ajoutant beaucoup d’énergie, de vitesse et de complexité sans perdre le cap sur la mélodie. Kelly s’est entouré d’une équipe de p’tits jeunes et quel choix judicieux, le band est ravivé incroyablement. J’avais été épaté de leur prestation à la Source de la Martinière l’année dernière et ouf qu’ils ne lésinent pas sur l’énergie déployée. En plus de jouer des partitions avec des temps difficiles à suivre, ils n’arrêtent juste pas de se brasser partout ces singes-là. De vrais hyperactifs qui trouvent le moyen de jouer presque parfaitement leurs parties respectives. Kelly a une voix rauque et parfois clean pour surplomber ces riffs souvent bizarroïdes tout en étant mélodiques. Le drum, écoute, c’est loin d’être aussi rapide qu’Origin, toutefois, l’as-tu vu aligner tous ces beats super tricky un après l’autre avec un groove épouvantable ? Moi oui. C’est métal jazzy super complexe avec quelques envolées en vitesse pour nous rappeler qu’ils sont capables de le faire ça aussi. Toute une performance du groupe qui nous réserve 6 chansons de Piece Of Time qui est plus Thrashy comme album, mais tellement rempli de riffs trippants. Un excellent moment qui prépare la table pour le clou de la soirée.
ATHEIST



Obscura embarque finalement sur scène avec Clément et Vince de Fractal Universe qui font du double duty pour la tournée complète. Je ne suis pas inquiet parce qu’ils sont d’excellents musiciens, mais je réalise rapidement qu’ils sont encore supérieurs à ce que je pensais après avoir joué la première pièce Forsaken de l’album A Valediction, siboire que c’est tight. Ensuite, ils suivent avec 2 pièces du nouvel opus, A Sonication, les deux premières, et c’est solide en show, surtout Silver Linings que j’adore. Une composition de Technical Death Metal aux tendances plus mélodiques. Bye bye les mélodies pendant Devour Usurper, qui est probablement la pièce la plus pesante du groupe, et on peut entendre la voix ténébreuse profonde de Steffen, qui est en grande forme aux vocaux et à la guitare. Les meilleurs moments sont encore à venir avec Akroasis, qui me jette à terre avec toutes ses parties solos rendues à merveille par M. Wilquin. Oui monsieur est désormais de mise. Ces solos composés par Tom Fountainhead sont complètement déficients : de gros licks ascendants/descendants de tapping ultra rapide, du sweep, du shred, des harmoniques… bref, le genre de solo quasi impossible à jouer spécialement sans faille, et Vince nous en met plein la gueule, tellement que j’arrive à peine à respirer.
Je n’étais pas au bout de mes peines qu’ils nous enlignent The Anticosmic Overload, qui suscite une réaction importante de la foule qui scrute de près toutes les notes qui sont interprétées, c’est-à-dire une tonne d’entre elles. Les riffs mémorables de cette chanson nous font banger comme des malades jusqu’au solo tellement bien composé avec la partie rythmique en arrière. Ouf que c’est bon. Maintenant, c’est de retour à l’album A Valediction avec la pièce titre et, par la suite, When Stars Collide, qui renferme des solos inoubliables que je serais peut-être prêt à vendre mon âme, ma mère et mon enfant illégitime pour pouvoir les jouer comme Vince le fait. Maudit que c’est enviable. Sincèrement, c’est de la pure bombe de voir ces chansons en spectacle, et pour couronner le tout, c’est le classique de techdeath Septuagint qui conclut ce périple de destruction massive de tympans, surtout quand tu as oublié d’apporter des bouchons comme moi, criss de bozo.
Quelle splendide pièce qui verse un peu plus dans le progressif, succulent. Toute une soirée métal une fois de plus, j’aurais aimé que la salle soit encore plus pleine, mais en même temps on avait juste assez de place pour apprécier encore davantage. Merci à tous ceux qui étaient présents pour encourager ces excellents groupes, on se voit au prochain show, cheers!
OBSCURA






Obscura – Setlist
- Forsaken
- Silver Linings
- Evenfall
- Emergent Evolution
- Devoured Usurper
- Akróasis
- The Sun Eater
- The Anticosmic Overload
- A Valediction
- When Stars Collide
Encore :
11. Septuagint
Atheist – Setlist
- No Truth
- On They Slay
- Unholy War
- Unquestionable Presence
- Your Life’s Retribution
- Water
- Room With a View
- Mother Man
- I Deny
- Piece of Time
Decrepit Birth – Setlist
- Vortex of Infinity – Axis Mundi
- Metatron
- Spirit Guide
- Of Genocide
- A Gathering of Imaginations
- Diminishing Between Worlds
- Symbiosis
- Once Upon the Cross (reprise de Deicide)