23:11:05 – Dragonforce / Amaranthe / Nanowar of Steel / Edge of Paradise (Montréal)

Spectacle: Le 5 novembre 2023 au MTelus de Montréal
Organisateurs : HEAVY MTL, Extensive Enterprise, Greenland Productions
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

Dimanche dernier, j’ai pris la route pour Montréal afin de me rendre au Mtelus pour un show purement Power Metal avec un volet humoristique notamment en raison de la présence de Nanowar of Steel, mais également Dragonforce qui ne se prennent pas une seconde au sérieux. Après avoir blasté mes 2 collègues de MetalUniverse François et Jonathan pendant 2h30 de métal de toutes sortes, je déniche un parking directement sur le coin de salle. Nous sommes un peu d’avance, toutefois l’endroit est déjà bondé de monde, alors on en profite pour faire le tour de la merch qui est vraiment attrayante visuellement si tu es prêt à déplier 60$ pour un t-shirt. Mention spéciale à Dragonforce qui ont quelques design colorés notamment le Dragonforce Racing ayant comme emblème une vieille bagnole rose des années 80 et primordial de souligner ceux de Nanowar of Steel qui ont des slogans digne de leur réputation tels que Heavy Meowtal is the Paw, allo Helloween.

Edge of Paradise

Tout d’abord, on se glisse habilement vers l’avant pour le début de la performance de Edge of Paradise. Ils jouent dans un périmètre réduit en raison de tout l’équipement présent pour la tête d’affiche. Ils nous offrent donc leur Heavy/Alternative Metal avec en tête Margarita Monet qui arbore un costume de dark diva et un flamboyant sourire. Dans les premières chansons, je remarque qu’elle pousse peut-être trop certaines notes dans les aigus et elle terminent constamment ses envolées avec un espèce de petit soupir qui se rapproche plus d’un gémissement, ça fait curieux. Elle a définitivement de bonnes capacités vocales, cependant elle n’est pas toujours en synchronisation avec les back tracks vocales qui l’appuient. J’apprécie davantage sa voix quand elle est moins hautement perchée, elle est plus à l’aise et c’est plus confortable pour mes tympans. Sa présence de scène est agréable malgré le peu d’espace dont elle dispose. De plus, elle est définitivement plus enthousiaste que ses 2 guitaristes qui ont des expressions faciales qui conviendraient davantage à une performance de Brutal Death Metal, ils ont l’air fâché fâché et de marbre. Parlant des guitaristes, le plus de mauvaise humeur des deux nous livre quelques bons solos qui sont parfois mélodieux avec des artifices, mais à d’autres occasions simplement du shred sans but précis. Ils reçoivent une réception honnête de la foule présente qui se compacte avec l’avancement des titres.

Nanowar of Steel

J’ai eu mon baptêmes de ce groupe à l’été 2022 à Bloodstock, alors je savais à quoi m’attendre. C’est-à-dire du Power Metal satyrique, loufoque avec des costumes ridicules pour rendre le tout farfelu à l’extrême question d’avoir de nombreux esclaffements. Le spectacle débute en grande avec un speech des fesses du chanteur annonçant la chanson d’ouverture « Uranus » rappelant évidemment le film Ace Ventura quand Jim Carey dit avec son postérieur: « Excusez-moi, j’aimerais vous péter quelques questions ». Le bassiste prend la parole plus tard en français pour nous apprendre le mot « chouette » en italien qui se dit barbagianni. Bref, chaque personne présente est invitée à dire le mot et battre des ailes pendant que le deuxième chanteur revient sur scène déguisé en énorme chouette pour animer la foule avec toutes sortes de moves de danse, plutôt amusant et l’assistance répond en grand nombre. Le tout s’enflamme encore plus dans la chanson suivante « Disco Metal » qui amène le parterre à sauter sur place et même causer un surprenant moshpit d’une sévérité complètement inattendue pour le style de musique, ça cogne dur. On en profite pour se joindre aux festivités le temps de la chanson et se glisser complètement à l’avant près de la barrière. Les deux dernières chansons ne font qu’alimenter l’engouement déjà éclaté avec Norwegian Reggaeton décrivant une recette culinaire sophistiquée norvégienne de saumon sur pierre cuisant par l’entremise de l’incendie d’une église juste à côté, clin d’oeil au Black Metal. Ils ont de l’imagination ces italiens, hilarant. Important de mentionner que le chanteur au tutu rose et à la perruque violette arrive sur scène chevauchant un orque gonflable que le guitariste l’utilise par la suite pour faire son solo de guitare. Le tout se concluant par l’assemblage d’une petite table IKEA qui se retrouve dans la foule pour se faire démonter et revenir finalement sur le stage. Sincèrement, c’est difficile d’être plus interactif et de mieux animer le début d’une soirée dans ce genre. Le pire c’est qu’ils ont de bien meilleures chansons dans leur répertoire, mais ils choisissent celles-là dans un but très précis qui est de foutre le bordel.

Amaranthe

Sans vraiment écouter ce groupe, je suis tout de même intrigué de les voir sur scène pour quelques raisons bien simples. Premièrement, ils ont 3 chanteurs ce qui doit nécessairement avoir un effet bénéfique dans la synergie du show. En second lieu, l’un de ces chanteur est Nils Molin de Dynazty que j’adore et finalement la présence du compositeur et guitariste principal de Dragonland Olof Mörck qui se trouve à être également le mastermind d’Amaranthe. On ne peut toutefois pas oublier la douce présence d’Elize Ryd au chant qui possède manifestement une belle voix également live. Elle se démarque d’autant plus par son élégance incontestable qu’elle arbore vêtue de sa tenue noire moulante garnie de motifs brillants surplombée d’une longue jupe en cuir noir et d’un court manteau du même matériel. La dynamique des 3 chanteurs est définitivement le highlight du groupe pour moi. Inévitablement, c’est captivant de les voir s’exercer à tour de rôle avec leur tonalité bien à eux, la mielleuse Elize qui vient adoucir l’agressivité du vocal à saveur Melodeath de Mikael Sehlin nouvellement arrivé dans le band et le glaçage sur le gâteau en occurrence la puissance vocale bien ressentie que Nils Molin nous déploie accompagnée d’un charisme imparable. Le tombeur de ces dames.

Leurs chansons sont composées en fonction des voix et c’est dans une situation live qu’on en bénéficie le plus. Ils se donnent tous, ils sont en mouvement sur la scène, cela nous garde sur le qui vive. Point de vue de la rythmique, on ne se casse pas le bicycle ici, c’est du Melodic Pop Metalcore la majeure partie du temps, alors on joue des riffs hyper simples sur la grosse corde plaqués de quelques accords. S’enchaîne parfois un petit solo sporadique ajoutant une mélodie de transition avant de revenir frapper avec le refrain final. À la batterie, il suit systématiquement la guitare, le double basse drum s’avère intéressant par moment lors des riffs qui ont un picking plus saccadé rappelant que nous sommes bien dans le Metalcore. Le monde est tellement dedans tant en sautant qu’en chantant, car c’est très énergique avec des tempos généralement upbeat et un fond symphonique semi électro dans plusieurs pièces. Il y a quelques échanges avec le publique pour maintenir le niveau d’énergie qui avait été embrasé par Nanowar of Steel. Somme toute, une performance efficace et les membres du groupe ont sans l’ombre d’un doute apprécié leur passage dans la métropole dû à la réception exceptionnelle des gens.

Dragonforce

Place maintenant aux maîtres du Extreme Power Metal aux solos interminables et aux prouesses « flashy » pour vous en mettre plein la gueule, Dragonforce du UK. J’ai suivi le groupe assidument de 1999 jusqu’à la sortie de Power Within qui marquait le premier album avec le chanteur Marc Hudson qui remplaçait ZP Heart. J’avais vu le band en 2004 environ avec Kamelot au Capitole de Québec devant une foule décevante. Cette fois-ci, le monde est littéralement en feu, très bruyant pour le début de Revolution Deathsquad, une pièce que j’adore sur Inhuman Rampage, quelle façon de commencer les hostilités en puissance. Marc Hudson ne tarde pas à m’impressionner avec son vocal tant par son range sur probablement près de 4 octaves et surtout par la justesse de son chant qui est quasi irréprochable. À noter qu’il n’y a aucune back track dans cette prestation mis à part les claviers puisqu’il n’y en n’a pas live. Nous avons les guitaristes (Herman Li, Sam Totman et Billy Wilkins) et la bassiste (Alicia Vigil) qui appuient efficacement Marc pour former une chorale ou tout simplement mettre une trame de fond vocale pour ajouter de la profondeur. Parlons de leur set up scénique avec une énorme arcade à chaque extrémité sur lesquelles les musiciens peuvent monter pour jouer par dessus. Ensuite on a un stand assez élevé à l’avant centre qui est d’une couleur chrome métallique avec un look futuriste laissant assez d’espace pour accueillir 4 membres du groupe à la fois pour qu’on apprécie plus distinctivement leur adresse sur le manche. Le drummeur est juché loin derrière et il y a deux hologrammes style Star Wars qui tournent à l’effigie du groupe. Un grand soucis du détail et je ne parle pas de l’éclairage super fluorescent.

C’est la folie sur le parterre et nous sommes qu’à la deuxième chanson Cry Thunder, une grande partie des gens sautent à chaque fois que la mélodie principale quelque peu folklorique revient, ça chante très fort à l’unisson et on est loin d’être au volume maximal encore. Et oui, le groupe a eu la brillante idée d’insérer un gros poulet toutou dans le spectacle sur certaines conditions. Il faut ramener sur scène le poulet à la fin de la chanson titre du prochain album « Power of the Triforce », il faut tenter de le lancer sur le balcon et il ne faut pas le briser parce qu’il n’ont un seul poulet. Défi accepté et, si stupide que cela puisse paraître quand tu n’es pas sur place, l’ambiance devient délirante. Ça ne prend pas 2 minutes que le poulet se pavane au balcon, les gens prenant des selfies rapides avec lui au passage et il revient dans les mains de Marc apparemment satisfait et très impressionné de notre vitesse à catapulter le fameux poulet au balcon. C’est alors que les gens croit bon d’entonner un nouvel anthem intitulé poulet, poulet, poulet! Herman Li qui est français à l’origine prend alors le micro pour dire à ses compatriotes que poulet signifie « chicken » afin qu’ils comprennent les conneries que l’on dit. Ensuite, Herman en profite pour s’adresser à nous et présenter Billy Wilkins, célèbre sur Tik Tok et Omegle, mais aussi le nouveau membre de Dragonforce. Il exécute des back vocals, de la guitare rythmique et à certains moments des solos en harmonie avec Herman. Soldier of the Wasteland s’ensuit à mon plus grand plaisir, c’est probablement ma chanson favorite du groupe et live c’est une tuerie avec son pré-chorus incroyablement catchy et son refrain hyper épique autant dans l’air que dans les paroles. La section instrumentale de cette épopée est complètement ahurissante tout comme sur l’album Sonic Firestorm. Wilkins se joint justement à Herman et Sam pour cette partie et effectue les portions solos normalement faites par le keyboard ainsi qu’une superbe harmonie avec Herman durant les segments en sweep picking que j’aime tant au milieu et à la conclusion du solo.

Le spectacle se poursuit avec une atmosphère du tonnerre, c’est très animé pendant les chansons, ça bouge insatiablement et ça crie au meurtre. Le band réalise de plus en plus qu’on n’est pas leur publique habituel et Marc nous partage qu’il n’en revient pas à chaque fois qu’il vient au Québec comment les métalleux sont crinqués raides, d’ailleurs meilleur show à date de la tournée. Ils nous disent que si on continue d’être aussi intense, ils nous redonneront une chance avec le poulet, on a hâte. Pendant Fury of the Storm, c’est particulièrement bruyant et la foule interagit durant le long solo signalant les punch avec précision, on les connaît leurs tounes. Hudson en profite pour sortir un gros gun qui canonne une vapeur similaire à une bruine intense ce qui est spectaculaire et permet de rafraîchir l’audience en effervescence. La chanson n’est pas terminée que nous fredonnons encore le hit Poulet. Ils sortent alors 3 poulets que nous devons ramener à la fin, pitcher les 3 au balcon et ils nous précisent de ne pas les poignarder comme dans un show aux USA, tu m’étonnes. C’est Black Fire du premier album qui est lancé et la furie repart de plus belle. Si seulement vous pouviez entendre l’acclamation de tous lorsque le troisième poulet atteint le balcon, l’euphorie totale et on se fait asperger une fois de plus par le fusil galactique. La pièce tire à sa fin et devinez quoi, on perçoit aussitôt s’installer à la manière de oléééé, olé-olé-olé, la nouvelle toune officielle du show, je vous présente pouletttt, poulet-poulet-poulet, pouletttt, pouletttt! Je ne sais pas si vous êtes capable de l’entendre en le lisant, mais moi oui en l’écrivant haha. Le band embarque avec nous au drum, à la basse et aux guitares tout en accélérant régulièrement le tempo, c’est tellement con et une transition grandiose à la fois. À la suite de ça, Marc dit de quoi qui me fait m’étouffer de rire: « Ok we will give the poulet a break for five minutes, I think we all need it right now »!

Après une nouvelle chanson, Doomsday Party, qui fait danser le parterre avec entrain, nous avons droit au classique Valley of the Damned servi avec humour, alors que Sam et Herman s’agace à tour de rôle pendant le solo de l’autre. Sam fait des signes qu’Herman joue des solos de branleux de manches endormants et qu’il n’a qu’une toute petite queue. Bref j’en passe, mais cela rappelle un de leur vidéoclip que tous les fans du groupe connaissent bien. C’est ainsi la fin du programme régulier et ils sortent de scène pour revenir quelques minutes plus tard avec 2 gigantesques dragons gonflables qui ont été érigés pendant l’intermission, le clou du spectacle. Quatre titres sont joués dont un cover de Taylor Swift qui sera sur le prochain album et qui est filmé par 9 caméras. Alissa White-Glutz d’Arch Enemy est invitée à venir chanter et on donne tout ce qui reste dans le réservoir pour montrer qu’il y a de l’action ici et qu’on veut être dans leur prochain clip. Croyez-le ou non, la foule revient à la charge avec le poulet et Marc décide de nous en tirer un dernier. Celui-ci est placé au milieu du parterre et une grosse gang tourne autour en le vénérant comme une divinité ce qui est beaucoup trop drôle à regarder. Le cover de Céline Dion « My Heart Will Go On » s’enclenche alors et c’est reparti de plus belle pour le poulet en fête. Un show de Dragonforce ne serait pas complet sans l’interprétation de Through the Fire and Flame et c’est exactement ce qui suit pour conclure cet événement magistral. En toute honnêteté, c’était un show fabuleux en terme de visuel, de performance, d’animation sur scène et aussi de participation de tous les gens présents parce que c’était le gros party même au niveau du balcon. Un moment mémorable qui en a donné plus que le client en demande, Dragonforce est une machine de plaisir admirablement bien rôdée. Sur ce, on se voit au prochain show qui sera Ne Oblivicaris et Beyond Creation pour moi, encore une fois à Montréal, cheers.

Setlist Edge of Paradise

Soldiers of Danger
Hologram
This is Personal
Digital Paradise
The Faceless
Unbeatable
The Unknown
Basilisk

Setlist Nanowar of Steel

Uranus
The Call of Cthulhu
Il cacciatore della notte
Disco Metal
Norwegian Reggaeton
Valhalleluja

Setlist Amaranthe

Fearless
Viral
Digital World
Damnation Flame
Hunger
Strong
PvP
Amaranthine
The Nexus
Archangel
That Song
Drop Dead Cynical

Setlist Dragonforce

Revolution Deathsquad
Cry Thunder
Heroes of Our Time
Power of the Triforce
Soldiers of the Wasteland
The Last Dragonborn
Fury of the Storm
Black Fire
Doomsday Party
Valley of the Damned

Encore:
Highway to Oblivion
Wildest Dreams (Taylor Swift cover) (avec Alissa White-Gluz)
My Heart Will Go On (Céline Dion cover)
Through the Fire and Flames

Picture of Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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