18:03:30 – Feels Like Home / Kennedy / Behind The Revolver / Sufferize / Noïzist (Québec)

Spectacle: Le 30 Mars 2018 à la Salle Multi de Méduse de Québec
Organisateur: District 7 Production et EXOSHOP
Compte-Rendu: Karina Charbonnier
Photographe: Julie Voyer

C’est enfin le 30 mars 2018, à la salle Multi de Méduse, que Feels Like Home lance son EP “The Dark Chapters” lors d’une soirée présentant cinq groupes québécois. Ce spectacle est certainement très attendu; District 7 a d’ailleurs annoncé, la veille du spectacle, que celui-ci était sold out et a même mentionné que c’était l’un des plus gros spectacles présentés dans cette salle.

En arrivant, je constate que les gens font la file jusqu’à la salle de bain. Inévitablement, le spectacle débute avec quelques minutes de retard.

La soirée s’amorce avec une foule plutôt tranquille et un groupe plus ou moins rodé. Noïzist enchaîne les chansons aux passages tantôt Limp Bizkit, tantôt progressifs, sans trop d’interaction avec le public. Le chanteur a une énergie incroyable et il occupe totalement le stage qui, rappelons-le, n’est pas petit. Côté chant, le clean n’est pas très bien maîtrisé, mais le scream est au point. Les autres musiciens donnent un peu l’impression de manquer de pratique et plusieurs erreurs se font entendre. On sent de l’hésitation dans la performance et il y a des moments de silence entre les chansons. Le groupe offre toutefois une prestation honnête et énergique.

NOÏZIST

Sufferize poursuit la soirée avec une foule tout aussi gênée. Bien que le frontman semble chanter de toutes ses forces, on ne distingue pratiquement pas la rythmique ni même le son de sa voix qui se mélange à travers une basse très assourdissante. Le public semble un peu blasé, ce qui s’explique peut-être par le manque de mélodie et de nuances dans les chansons. Toutefois, dans le milieu du set, on finit par distinguer un peu mieux la guitare solo. Les interactions avec le public sont bonnes : le chanteur prend quelques secondes de son court set pour parler de sa merch et pour nommer les chansons. Musicalement, la fin du spectacle est quelque peu décevante. De nombreux breakdowns s’enchaînent, nous laissant croire chaque fois qu’il s’agit du dernier et que c’est le moment de crier de toutes nos forces, pour finalement se rendre compte que ce n’est qu’un breakdown de plus.

SUFFERIZE

Vingt minutes plus tard se poursuit la soirée avec Behind the Revolver (BTR). Rappelons que BTR a lancé son album “As We Blossom and Fade Away” en décembre dernier à l’Anti et que le spectacle a fait salle comble. On peut dire que Québec n’hésite pas à encourager ses bands locaux! Les musiciens semblent prêts à réchauffer la salle, qui n’est visiblement pas encore réveillée. Ils décident même de se lancer presque tous en même temps sur les caisses qui sont sur le stage; une mise en scène un peu désorganisée (probablement imprévue) mais qui met certainement la foule en haleine. Un circle pit décolle et les gens chantent. Les musiciens sont très énergiques et Zachary, le chanteur, fait un travail remarquable. Les chansons s’enchaînent bien et le band se démarque des deux premiers en laissant davantage de place aux guitares, aux riffs plus définis et plus clean. Lorsque Phil Watts, chanteur de Go to White Castle, monte à son tour pour interpréter un bref passage, les gens acceptent volontiers son invitation à “jumper”. Vient ensuite la chanson, “On Being Alone” qui est, selon moi, la chanson la plus intéressante du set. C’est une pièce un peu plus mélodique, voire mélancolique par moment, qui apporte une touche d’émotion parmi tous les breakdowns. Le groupe poursuit avec une foule dégourdie et termine avec un public comblé.

BEHIND THE REVOLVER

Le quatrième groupe, Kennedy, qui définit sa musique comme hardcore punk, semble susciter des questionnements chez le public qui l’accueille tout de même chaleureusement. Le guitariste arrive sur scène avec un masque qu’il enlève dès que la première chanson décolle; une petite touche personnelle qui nous annonce que le groupe sortira peut-être des sentiers battus. En effet, l’ambiance se trouve totalement changée et on se retrouve face à de la musique qui sort du “hardcore” typique. Pour la première fois de la soirée, on entend des backvocals francs, fréquents et clean. Le chanteur principal, quant à lui, alterne entre le growl et le clean. Il se déhanche et danse, il lèche le micro et il le tient entre ses dents. Il descend dans la foule sans se soucier des nombreux feedbacks et des coups de micro. On a l’impression que les musiciens sont “fous” (une attitude bien typique des groupes de punk). Dans la salle, les gens sont hésitants et semblent se demander ce qui se passe. Personnellement, je trouve l’idée d’intégrer ce groupe excellente. Après avoir entendu du hardcore violent et répétitif toute la soirée, ainsi que des breakdowns à n’en plus finir, je me sens sursaturée. J’ose même dire j’ai moins hâte de voir le dernier groupe qui, pourtant, est la tête d’affiche et un groupe que j’adore. Toutefois, le court set d’une vingtaine de minutes de Kennedy me réveille et me “change les idées” avant que Feels Like Home revienne en force avec son hardcore pesant.

KENNEDY

Après une attente de 35 minutes, Feels Like Home se présente avec un jeu d’éclairage saisissant, des machines à boucane et un nouveau guitariste, Justin Furtado. Frédéric Ouellet, quant à lui, reprend le poste de bassiste laissé vacant par Kevin Desmarais. Le groupe débute avec “The Architect”, une chanson du nouvel EP “The Dark Chapters”, et alterne entre des pièces de celui-ci et de leur album “Integrity” sorti en 2015. Ils font également leur fameuse reprise “Still Waiting” de Sum 41, chanson qui semble bien connue dans la salle, car les gens chantent. Les membres du groupe ne bougent pas beaucoup, mais les lumières et la foule font le travail, l’ambiance est à la fête. On entend difficilement le chant clean de Frédéric et Justin, ce qui est dommage, car c’est, selon moi, ce qui différencie leurs nouvelles chansons des anciennes. Tout au long du set, des spectateurs rejoignent le groupe sur la scène, à tour de rôle, avant de se jeter dans la foule. La chanteuse de Peer Pressure, Victoria Mladenovski, fait une brève apparition sur le côté du stage pour faire lever la foule pendant “The Decline”. Le groupe fait aussi monter leur tout premier chanteur, Vincent, pour interpréter “Among Many” en compagnie de Michael, chanteur actuel. Pendant “Burning Pages”, Jean-Philippe Lagacé de Get the Shot vient chanter le passage qu’il a enregistré sur l’album “Integrity” à l’époque. À la fin, c’est Alex Deleon Cativo de BTR qui vient chanter avec Michael la pièce “Gamebreaker” en rappel, juste assez pour nous rappeler ses multiples talents. Rappelons qu’avant d’être batteur dans BTR, Alex a assuré le rôle de bassiste, en plus de savoir chanter et d’être un excellent photographe. Feels Like Home, quant à eux, ne cessent d’évoluer et d’impressionner leur public avec leurs idées originales, leur professionnalisme et leur mise en scène minutieusement préparée.

Ce qui est dommage, et cela vaut pour tous les groupes de la soirée, c’est que nous n’avons pratiquement pas vu les invités. Ils ne nous ont parfois pas été présentés; d’autres fois, ils restaient sur un côté de la scène et s’en allaient après quelques secondes. À mon avis, il est plus efficace de faire monter des invités plus longtemps et en petite quantité. La qualité de la soirée a été quelque peu diminuée par ce genre d’erreurs et celles mentionnées précédemment, mais Feels Like Home ont eu raison de nous : ils nous ont fait oublier tout cela.

FEELS LIKE HOME

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Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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