C’est une date marquante, lourde de nostalgie et de déception pour bien des Québécois : le 25 mai 1995, il y a exactement 30 ans aujourd’hui, les Nordiques de Québec déménageaient officiellement à Denver pour devenir l’Avalanche du Colorado. Une perte immense pour la capitale nationale, qui allait se transformer en un coup de poignard l’année suivante… quand l’Avalanche a remporté la Coupe Stanley dès sa première saison, avec un Patrick Roy en pleine possession de ses moyens.
Qu’on ait été partisan des Canadiens de Montréal ou non, la rivalité entre les Canadiens et les Nordiques faisait vibrer toute une province. C’était brut, passionné, parfois même chaotique, mais toujours empreint d’un profond sentiment d’appartenance. La perte des Nordiques a laissé un vide que rien n’a jamais vraiment pu combler.
Un départ annoncé par Marcel Aubut, justifié par des pertes financières
Le déménagement avait été annoncé par Marcel Aubut, alors président des Nordiques, au printemps 1995. Les raisons évoquées étaient claires : un manque de rentabilité chronique, l’absence d’un soutien gouvernemental suffisant et la difficulté de survivre dans un petit marché canadien sans plafond salarial. Malgré une équipe prometteuse bâtie avec soin (et plusieurs choix au repêchage bien utilisés), la réalité économique a eu raison de l’espoir.
Une équipe en progression, mais une fin précipitée
Ironiquement, les Nordiques avaient connu une saison 1994-1995 exceptionnelle, finissant premiers dans l’Est, portés par une jeune génération menée par Joe Sakic, Peter Forsberg, Adam Deadmarsh et Owen Nolan. Après des années difficiles et des performances en dents de scie, l’équipe semblait enfin prête à viser les grands honneurs. Mais les partisans de Québec ne verront jamais cette consécration sous le chandail bleu poudre.
Une franchise riche en talents
Malgré son existence relativement courte dans la LNH (1979-1995), les Nordiques ont vu passer de grands noms du hockey :
- Joe Sakic
- Les frères Stastny
- Michel Goulet
- Peter Forsberg
- Dale Hunter
- Marc Tardif (à l’époque de l’AMH)
- Réal Cloutier
- Owen Nolan
- Mats Sundin
- Ron Tugnutt
- Adam Foote
- Mike Ricci
Chacun a marqué l’histoire de la concession à sa manière, entre talent et implication auprès des partisans.
Le rêve d’un retour… encore vivant?
Le Centre Vidéotron, inauguré en 2015, a ravivé l’espoir d’un retour. Modernité, capacité, vision : tout était en place pour accueillir une nouvelle équipe de la LNH. Le projet était appuyé par Québecor et son président Pierre-Karl Péladeau, qui ne cachait pas son ambition de ramener les Nordiques à Québec. La création de TVA Sports, qui devait jouer un rôle clé dans la diffusion du hockey, faisait partie intégrante de cette stratégie.
Mais une décennie plus tard, entre les difficultés financières de TVA Sports, la centralisation des marchés de la LNH et un contexte économique mondial instable, les chances de revoir les Nordiques à Québec semblent de plus en plus minces. L’expansion vers l’ouest américain, les intérêts télévisuels et la volonté de la ligue de viser les grands marchés ont étouffé cet espoir.
Un rêve utopique… mais inoubliable
Et pourtant, il faut parfois continuer d’y croire. Un rêve utopique, peut-être. Mais une chose est certaine : ceux qui ont grandi avec la rivalité Canadiens-Nordiques s’en souviendront toute leur vie. Des affrontements épiques sur la glace, une guerre de fierté nationale, et même une rivalité commerciale entre Molson et Labatt, deux brasseries qui incarnaient chacune un camp.
Déjà 30 ans. Et pourtant, pour plusieurs, la douleur est encore bien réelle.
