[Rédactrice]
T’es pas fan des zombies? Moi non plus. Mais maintenant, j’les regarde autrement… avec des yeux jaunes – Critique du roman Les Yeux Jaunes – Premiers Jours d’Yvan Godbout
Je me suis lancée dans Les Yeux Jaunes d’Yvan Godbout un peu par hasard… ou presque. Dans le cadre de mon défi de lecture (Le Popsugar Reading Challenge 2025), je devais lire un roman cité dans un autre livre. Et voilà que dans La Petite Sirène de Sylvain Johnson (un incontournable de la collection des Contes Interdits, soit dit en passant), ce titre est glissé dans un passage. C’était le signe que j’attendais. Fan de l’auteur, je n’ai pas hésité, même si je ne savais pas du tout dans quoi je m’embarquais.
Et là… surprise. Des zombies, genre une TONNE de zombies. Le genre de créature que je fuis d’ordinaire à toutes jambes, leur décrépitude me lève le cœur, littéralement. Mais j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis laissée emporter. Et vous savez quoi? J’ai bien fait, je compte même lire le deuxième tome.
« J’ai tué ma femme avant mon café. Dis-moi comment ta journée commence, pis on compare. »
Dès les premières pages, Godbout réussit à nous aspirer dans son univers glauque, viscéral, mais étonnamment humain. On entre dans le récit de Dany, un père de famille quadragénaire ordinaire, qui se réveille un matin pour découvrir que le monde autour de lui a basculé. Sa femme. Sa fille. Sa ville entière (ou presque). Tous transformés en morts-vivants aux yeux étrangement jaunes. Et dans le ciel, une étrange lumière, presque surnaturelle, qui semble avoir déclenché l’horreur.
Une chose que j’ai adorée dans cette œuvre, c’est que le narrateur est aussi le personnage principal, mais il nous raconte son histoire comme s’il avait réellement survécu à sa tragédie. Le ton est donc intime, direct et presque confidentiel. On a l’impression d’être assis en face de lui, autour d’un feu, à écouter un survivant raconter l’impensable. Il en fait même des blagues! Cette façon de nous interpeller renforce l’effet réaliste, et ça donne froid dans le dos.
« Un homme en détresse, clochard ou roi, restait un homme en détresse. » – Dany (le personnage principal)
Ce qui suit, c’est un récit de survie, de deuil brutal et de reconstruction. Dany doit fuir, affronter l’impensable (oui, même sa propre famille), et apprendre à survivre dans un Québec dévasté. Mais ce roman n’est pas qu’un catalogue de tripes et de cris. C’est aussi une quête profondément humaine, où l’horreur extérieur n’est rien à côté de celle qui habite les survivants. Dany croisera la route de quelques âmes égarées, des survivants comme lui, et ensemble, ils se battront pour rester humains dans un monde qui ne l’est plus.
Ce groupe hétéroclite devient peu à peu sa bouée, sa force, sa famille choisie. Ce lien tissé dans le chaos, fragile, mais vital, apporte une dose d’espoir et de tendresse inattendue dans une mer de noirceur. Leur solidarité est émouvante… et rend chaque perte encore plus brutale.
Et croyez-moi, vous n’avez jamais vu des lieux familiers du Québec sous un angle aussi sinistre et cinématographique.
Alors… êtes-vous prêts à affronter l’infection? À suivre Dany dans cette traversée infernale? Si vous pensez que les histoires de zombies sont toujours les mêmes, Les Yeux Jaunes va vous faire changer d’avis. Godbout réussit ici un tour de force : allier l’horreur pure à une émotion crue et authentique. Une vraie claque.
Ce ne sont pas les zombies qui font le plus peur. C’est ce qu’on est prêt à devenir pour survivre.
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Les Yeux Jaunes – Premiers jours
Édition: Corbeau
Année: Décembre 2020
Auteur: Yvan Godbout
Facebook: https://www.facebook.com/auteurYvanGodbout
