Crise des festivals – 2 sur 3 déficitaires en France, la vieille recette ne fonctionne plus

Les difficultés vécues par plusieurs festivals québécois en 2025 ne sont pas un cas isolé. En France, la situation est tout aussi préoccupante. Selon un rapport du Centre national de la musique (CNM), deux festivals sur trois ont terminé leur édition 2024 en déficit, malgré des taux de remplissage dépassant souvent les 90 %.

L’inflation, la hausse des cachets d’artistes et les aléas climatiques expliquent en partie cette crise, mais la prolifération des événements pèse lourd dans la balance. En 2024, on comptait encore 1 356 festivals en France, un chiffre déjà en baisse de 5 % par rapport à l’année précédente, marqué par de nombreuses annulations dont l’Electro Beach, l’un des plus gros rendez-vous du genre. Même constat en Angleterre, où une cinquantaine de festivals ont disparu ou fermé définitivement en 2024.

« Il y a des festivals tous les 50 km. Le public et les artistes ne savent plus où donner de la tête », explique Rémi Perrier (Musilac) au Parisien. De son côté, Angelo Gopee, directeur de Live Nation France (Main Square Festival, Lollapalooza Paris), va plus loin dans Le Monde : « Des festivals vont s’arrêter en France parce qu’il n’y a pas de place pour tout le monde. On ne peut pas en avoir un tous les 50 kilomètres. »

Des artistes trop sollicités, un public plus exigeant

Cette multiplication d’événements a un effet direct sur la fréquentation. L’été 2024 a vu de grosses chutes d’achalandage : 10 000 spectateurs en moins aux Déferlantes, à Lollapalooza Paris et à We Love Green, 18 000 de moins au Main Square, 20 000 de moins à Musilac, et jusqu’à 30 000 de moins à Garorock en un an.

Pour expliquer cette baisse, plusieurs directeurs pointent une lassitude du public, qui préfère désormais payer plus cher pour voir un artiste en salle plutôt qu’une journée entière en festival. Le directeur artistique des Déferlantes, David Garcia, est clair :

« Le mélange des genres, la vieille recette, ne fonctionne plus. Les vieux n’aiment pas le rap, les jeunes ne veulent voir que du rap ou de l’électro. Même la rareté, comme les dates de Will Smith et Camila Cabello, ne paie plus. »

La programmation est également en cause : beaucoup de festivaliers reprochent de voir toujours les mêmes noms revenir à l’affiche. Cette année encore, Clara Luciani ou Jean-Louis Aubert étaient programmés un peu partout. « Le problème, c’est que les artistes français tournent trop. Ils arrivent parfois chez nous après cinquante dates », ajoute Rémi Perrier. Un phénomène que l’on voit également beaucoup au Québec.

Un modèle à réinventer

La fréquentation globale des festivals a pourtant bondi en dix ans : +61 %, avec 8,6 millions de billets vendus en 2024 (près de 460 M$ CA de recettes, contre 124 M$ CA en 2014). Mais cette croissance du public ne compense plus l’explosion des coûts.

Entre inflation, concurrence, répétition des programmations et un public devenu plus sélectif, les festivals — au Québec comme en France — doivent maintenant trouver un nouveau modèle pour survivre.

Au final, que ce soit au Québec ou en France, la question demeure : quel modèle permettra aux festivals de survivre sans perdre leur âme, alors que la concurrence s’intensifie et que le public devient plus sélectif?

Sources: Le Parisien, Purecharts, RTL

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Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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