
[Propriétaire MU Média – MetalUniverse.net]
Entrevue avec Gordie Johnson (Big Sugar)
Par Marc Desgagné – MetalUniverse.net, Québec (Canada)
Figure emblématique du rock canadien, Big Sugar a su marquer les esprits depuis la fin des années 80 avec son mélange unique de blues, de reggae et de rock. Toujours mené par le charismatique Gordie Johnson, le groupe revient en force au Québec cet automne avec une tournée qui s’arrêtera notamment à Otterburn Park, Lachute, Baie-du-Fèvre, Chelsea, Lavaltrie et Sutton.
À l’occasion de cette tournée intitulée An Evening With, Gordie Johnson s’est entretenu avec nous pour revenir sur ce spectacle en deux actes, le succès entourant la réédition vinyle de l’album 500 Pounds par Third Man Records, son lien privilégié avec le public québécois et bien plus encore. Entre souvenirs, réflexions sur sa carrière et regard sur l’avenir, l’entrevue met en lumière un artiste qui, après toutes ces années, continue de surprendre et d’évoluer.
[english follows]
MU : Votre tournée québécoise d’octobre approche, avec des arrêts à Otterburn Park, Lachute, Baie-du-Fèvre, Chelsea, Lavaltrie et Sutton. Que doivent attendre les fans de ce spectacle en deux actes An Evening With?
Gordie Johnson : Pour la première fois depuis le début des années 90, nous allons jouer l’intégralité de la liste des chansons de 500 Pounds en concert, ainsi qu’un deuxième set regroupant des morceaux tirés de nos autres albums.
MU : L’édition vinyle Deluxe de 500 Pounds a été un moment fort en 2024 grâce à Third Man Records. Que représente pour vous le fait qu’un label comme celui de Jack White mette de nouveau en lumière un tel album culte?
Gordie Johnson : 500 Pounds est un album qui nous a ouvert énormément de portes. C’est celui qui a attiré l’attention de The Black Crowes, The Allman Brothers, ZZ Top et Double Trouble. Il s’avère qu’un très jeune Jack et Meg des White Stripes en étaient aussi fans. Qui l’aurait cru?
MU : On dit que ce format théâtral vous permet d’explorer une plus grande partie de votre carrière, du blues au roots rock reggae. Comment avez-vous adapté la mise en scène pour donner à ce spectacle sa saveur unique?
Gordie Johnson : Présenter un album complet datant d’aussi longtemps est un véritable défi! Nous avons dû retourner étudier la musique tout en y insufflant ce que nous sommes aujourd’hui. Nous faisons un changement complet de costumes entre les deux sets. Ça nous aide à entrer dans un autre état d’esprit [et ça a aussi l’air super cool!]. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres groupes en tournée en ce moment qui fassent un changement de costume à mi-spectacle.
MU : Plusieurs groupes canadiens voient le Québec comme un endroit unique où se produire. Quel genre de connexion ressentez-vous personnellement avec le public québécois?
Gordie Johnson : Au fil des années, il nous a semblé que les gens au Québec avaient un lien culturel plus profond avec la musique. Comme si ça allait au-delà de simplement aimer tel ou tel groupe. Une connexion similaire existe dans le sud des États-Unis. Pour Big Sugar, la musique a toujours été une expression culturelle, pas une carrière.
MU : Big Sugar a traversé plusieurs époques musicales depuis la fin des années 80. Qu’est-ce qui vous surprend encore aujourd’hui dans la réaction des fans face à vos anciennes chansons?
Gordie Johnson : Culture contre commerce… la musique populaire va et vient. Certaines œuvres restent pertinentes, et je crois que cela tient à « la vérité » dans la chanson. Si l’auditeur se reconnaît dans un morceau, il le fera probablement toujours.
MU : À l’inverse, y a-t-il des chansons que vous aimeriez jouer plus souvent, mais qui n’arrivent pas assez souvent dans vos setlists?
Gordie Johnson : La présentation de 500 Pounds nous a vraiment inspirés. Nous avons aussi joué parfois l’intégralité de Hemi-Vision [1996]. Nous avons également une nouvelle collection de chansons en production, donc il devient de plus en plus difficile de choisir!
MU : Vous avez souvent parlé de vos racines blues et reggae. Quels artistes actuels trouvez-vous inspirants et qui perpétuent cet esprit aujourd’hui?
Gordie Johnson : Je n’ai jamais été du genre à chercher constamment « du nouveau ». Honnêtement, je puise mon inspiration dans des disques beaucoup plus anciens. Je crois que ça nous garde uniques, car il y a une tendance chez certains artistes à courir après le succès en imitant des sons déjà populaires. Quand on y arrive, ce son est peut-être déjà dépassé. Et puis, il existe tellement de classiques reggae et blues dans le monde que l’on peut toujours découvrir un album vieux de 50 ans qu’on avait manqué. Pardonnez la longue réponse… Bref, le nouveau disque de Jack White tourne beaucoup sur ma platine en ce moment, tout comme Black Uhuru [cherchez-les!].
MU : Y a-t-il, à l’inverse, un aspect de l’industrie musicale d’aujourd’hui que vous aimez un peu moins?
Gordie Johnson : Je n’ai aucune opinion sur « l’industrie ».
MU : Votre carrière a affronté des défis, autant personnels qu’artistiques. Avec du recul, de quoi êtes-vous le plus fier, en tant qu’artiste et en tant que personne?
Gordie Johnson : Je suis fier d’évoluer encore comme musicien. Même jouer des chansons plus anciennes peut révéler le chemin parcouru en matière d’expression musicale.
MU : Nous savons que Big Sugar a terminé l’enregistrement d’un nouvel album prévu pour 2026. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce que les fans peuvent attendre de ce disque?
Gordie Johnson : Toujours très axé sur le reggae, mais plus sombre. La vie est un peu plus sombre ces temps-ci, et je crois que ça se reflète dans les chansons. Big Sugar est maintenant un trio, ce qui me donne énormément de place pour la guitare! Le nouvel album propose plus d’explorations à la guitare que ce que j’ai fait jusqu’ici. Il explore aussi des espaces prog et goth. Difficile à décrire, mais je pense que vous comprendrez en l’écoutant.
MU : Des légendes comme Jack White, Joe Satriani et Billy Gibbons vous ont publiquement encensé. Qu’est-ce que ça fait de recevoir une telle reconnaissance de vos pairs?
Gordie Johnson : Je ne vais pas mentir, ça fait vraiment du bien.
MU : Quels souvenirs ressortent de vos premières années dans la scène blues et rock de Toronto dans les années 90?
Gordie Johnson : La faim. C’était dur. Un gros steak a une saveur incroyable pour quelqu’un qui a dû mendier de la monnaie et trouver un parc sécuritaire pour dormir. J’ai une profonde empathie pour les personnes sans-abri. Nous ramassons toujours toutes les collations et boissons des loges et les donnons à la fin d’une tournée. Aux refuges pour sans-abris, aux maisons pour femmes, même à des individus dans le besoin que nous rencontrons. La quantité de gaspillage dans le rock’n’roll me dégoûte. C’est ce qui est resté de cette époque.
MU : Avec votre jeu de guitare unique et votre approche hybride, y a-t-il un style musical que vous n’avez pas encore exploré mais qui vous intrigue?
Gordie Johnson : La cumbia.
MU : Si vous deviez choisir une chanson de Big Sugar qui vous représente parfaitement aujourd’hui – tant sur le plan musical que personnel – laquelle serait-ce, et pourquoi?
Gordie Johnson : Une seule!? Des milliers de chansons sont passées à travers moi. Je prie pour que celle que je joue à un moment donné me représente parfaitement.
MU : Après toutes ces années, qu’est-ce qui vous motive encore à prendre la route et à donner des spectacles soir après soir?
Gordie Johnson : Mettre un complet brillant et jouer sur une guitare à double manche devant des gens à fort volume, c’est incroyablement amusant! Et puis, je suis un musicien. Je jouerai de la musique qu’il y ait du public ou non.
MU : Enfin, avez-vous un message spécial pour vos fans québécois avant cette tournée d’octobre, des fans qui vous suivent fidèlement depuis vos débuts?
Gordie Johnson : Je me souviens. Nous n’avons jamais oublié le Québec, même si ça a été difficile de revenir vous voir. L’Amérique du Nord anglophone a tendance à oublier que d’autres endroits existent, mais la culture du Québec et votre dévouement à la musique continuent de nous inspirer.
Merci.
▶ Pour commander l’édition vinyle Deluxe de 500 Pounds : https://www.bigsugar.com/collections
Détails de la tournée : http://www.bigsugar.com/
Facebook: https://www.facebook.com/BigSugarMusic

ENGLISH version
Interview with Gordie Johnson (Big Sugar)
By Marc Desgagné – MetalUniverse.net, Quebec (Canada)
A key figure in Canadian rock, Big Sugar has left its mark since the late ’80s with its unique blend of blues, reggae, and rock. Always led by the charismatic Gordie Johnson, the band is making a strong return to Quebec this October with a tour that will stop in Otterburn Park, Lachute, Baie-du-Fèvre, Chelsea, Lavaltrie, and Sutton.
On the occasion of this tour, entitled An Evening With, Gordie Johnson sat down with us to talk about this two-act show, the success of the deluxe vinyl reissue of 500 Pounds through Third Man Records, his special connection with Quebec audiences, and much more. Between memories, reflections on his career, and a look toward the future, the interview highlights an artist who, after all these years, continues to surprise and evolve.
MU: Your Quebec tour this October is just around the corner, with stops in Otterburn Park, Lachute, Baie-du-Fèvre, Chelsea, Lavaltrie, and Sutton. What should fans expect from this two-act show An Evening With?
Gordie Johnson: For the first time since the early ’90s, we’ll be performing the entire 500 Pounds song list live, as well as a second set featuring tracks from our other albums.
MU: The deluxe vinyl edition of 500 Pounds was a major highlight in 2024 thanks to Third Man Records. What does it mean to you to see a label like Jack White’s shine a light again on such a cult album?
Gordie Johnson: 500 Pounds is a record that opened so many doors for us. That’s the one that got the attention of The Black Crowes, The Allman Brothers, ZZ Top, and Double Trouble. As it turns out, a very young Jack and Meg of The White Stripes were fans too. Who knew?
MU: It’s said that this theatrical format allows you to explore a wider range of your career, from blues to roots rock reggae. How did you adapt the staging to give this show its unique flavor?
Gordie Johnson: Presenting a complete record from so long ago is a real challenge! We had to go back and study the music while also imbuing it with who we are today. We even do a full wardrobe change between sets. That helps us get into a different mindset [and it also looks really cool!]. I don’t think any other bands on tour right now are doing a costume change halfway through the show.
MU: Many Canadian bands see Quebec as a unique place to perform. What kind of connection do you personally feel with Quebec audiences?
Gordie Johnson: Over the years, it always seemed to us that people in Quebec had a deeper cultural connection to music. As if it went beyond just who your favorite bands are. A similar connection exists in the American South. For Big Sugar, music has always been cultural expression, not just a career move.
MU: Big Sugar has gone through several musical eras since the late ’80s. What still surprises you today about how fans react to your older songs?
Gordie Johnson: Culture versus commerce… popular music comes and goes. Some of it remains relevant, and I think it comes down to “the truth” in the song. If a listener recognizes themselves in a tune, they probably always will.
MU: On the flip side, are there songs you’d love to play more often but that don’t make it into your setlists enough?
Gordie Johnson: The 500 Pounds presentation has really got us inspired. We’ve also been performing the entire Hemi-Vision [1996] album on occasion. We have a new collection of songs in production as well, so it’s getting harder to choose!
MU: You’ve often talked about your blues and reggae roots. Which current artists do you find inspiring who are carrying that spirit forward today?
Gordie Johnson: I’ve never been the kind of music fan who’s constantly looking for “the new.” Honestly, I take inspiration from much older records. I think it keeps us more unique since there’s a tendency for artists to chase success by imitating what’s popular. By the time you get there, that sound might already be over. Plus, there’s so much classic reggae and blues out there that you can always discover a record from 50 years ago that you missed. Pardon the long answer… Anyway, the new Jack White record is killing my turntable right now, as well as Black Uhuru [look them up].
MU: On the other hand, is there an aspect of today’s music industry that you enjoy a little less?
Gordie Johnson: I have no opinion on “industry.”
MU: Your career has faced challenges, both personal and artistic. Looking back, what are you most proud of, both as an artist and as a person?
Gordie Johnson: I’m proud to still be evolving as a musician. Even playing older songs can reveal how far you’ve come in terms of musical expression.
MU: We know Big Sugar has finished recording a new album set for release in 2026. Can you share a little more about what fans can expect from this record?
Gordie Johnson: Still heavy on the reggae, but darker. Life is a bit darker these days, so I guess that reflects in the songs. Big Sugar is a trio now, which gives me tons of room to play guitar! The new album has more guitar exploration than I’ve ever indulged in before. It also goes into some prog and goth spaces. Hard to describe, but I think you’ll get it when you hear it.
MU: Legends like Jack White, Joe Satriani, and Billy Gibbons have publicly praised you. How does it feel to receive that kind of recognition from your peers?
Gordie Johnson: Not gonna lie, it feels pretty f’n good.
MU: What memories stand out for you from your early years in Toronto’s blues and rock scene in the ’90s?
Gordie Johnson: Hunger. It was rough. A big steak dinner tastes incredible to someone who’s had to beg for change and find a safe park to sleep in. I have deep empathy for homeless people. We always collect all the dressing room snacks and drinks and donate them at the end of a tour run. Homeless shelters, women’s shelters, even individuals in need we meet along the way. The amount of waste in rock and roll sickens me. That’s what has stuck with me from that time.
MU: With your unique guitar playing and hybrid approach, is there a musical style you haven’t explored yet but that still intrigues you?
Gordie Johnson: Cumbia.
MU: If you could choose one Big Sugar song that perfectly represents who you are today—both musically and personally—which one would it be, and why?
Gordie Johnson: One!? Thousands of songs have passed through me. I pray that whatever song I’m playing at any given moment perfectly represents who I am today.
MU: After all these years, what still motivates you to hit the road and deliver shows night after night?
Gordie Johnson: Putting on a shiny suit and playing a double-neck guitar in front of people at high volume is fun as hell! Also, I’m a musician. I’ll be playing music whether there are people watching or not.
MU: Finally, do you have a special message for your Quebec fans ahead of this October tour, fans who have followed you faithfully since the very beginning?
Gordie Johnson: Je me souviens. We’ve never forgotten Quebec, even though it’s been hard to get back to see y’all. English-speaking North America tends to forget that other places exist, but Quebec’s culture and your devotion to music continue to inspire us.
Merci.

































