MU : Tout d’abord, on va jaser un peu du nouvel album. Je vois que pour celui-ci, vous avez eu une approche traditionnelle, donc avec tous les membres du groupe dans le studio en même temps. Comment as-tu trouvé cette expérience et est-ce que ça va être une recette à garder pour les prochains albums d’Asking Alexandria?
Ben : Absolument! Quand on a commencé le band, on était tous très jeunes. C’était un temps où on ne pensait pas à faire des tournées ou quoi que ce soit. Notre but unique était de jouer nos chansons, le moment magique qu’on partage entre amis, étant tous des grands fans de rock et métal. Avec les années, c’est devenu une carrière – nouvel album, tournée, nouvel album, tournée…Alors rendus à un certain point, c’était juste plus facile pour moi d’écrire la musique et d’envoyer les maquettes aux autres membres. De cette manière, chacun ajoute un peu de lui-même dans la musique. Et voilà! Produit fini! Majoritairement ces temps-ci avec l’évolution de la technologie, c’est ce que la plupart des groupes font de toute façon. C’est rapide et efficace. Par contre, avoir eu plus de temps libre en raison de la pandémie nous a fait réaliser, à tous les membres du groupe, que ça nous manque beaucoup de juste « jammer » comme un groupe. Alors on en a profité pour retravailler les cinq membres ensemble, dans la même pièce. Ça a ravivé la magie qu’on avait quand on a commencé le groupe. On est tous d’accord de continuer avec cette méthode dans le futur.
MU : Pour un groupe comme Asking Alexandra, qui a eu toute l’expérience de A à Z qu’un groupe rêve d’avoir (tournées, albums, labels, etc.), est-ce que la musique était toujours la raison pour laquelle vous avez persévéré? Ou y a-t-il eu d’autres facteurs qui se sont ajoutés au fil des années?
Ben : C’est certain qu’il y a beaucoup de facteurs. Bien sûr, on aime tous la musique et les tournées, et nous sommes encore de très bons amis entre membres aussi, même après autant d’années. Par contre, pour nous, c’est devenu une carrière aussi, donc comme n’importe qui dans le monde qui exerce un métier, nous avons un travail à faire. Il y a eu des moments où je me suis posé la question à savoir si je voulais continuer dans cela. J’ai beaucoup de difficulté à laisser ma famille quand je pars pour des longues périodes. De plus, nous étions très jeunes quand le groupe a commencé à monter en popularité et, souvent, on recevait des directives de plusieurs personnes de l’industrie qui n’avaient pas nécessairement la même vision que nous. Éventuellement, on a fini par avoir des problèmes de consommation (drogues, alcool), ce qui était très difficile. En même temps, il faut se poser la question « OK, mais si j’abandonne, qu’est-ce que je pourrais faire après? ». Être dans un groupe, c’est pas mal la seule chose que je sais faire et que je fais depuis toujours, et je pense que c’est vraiment l’amitié des gars dans le groupe qui a réussi à nous amener là où on est rendus aujourd’hui. On a eu la chance d’avoir une pause à cause de la COVID, ce qui a vraiment renforcé notre amour pour la musique encore une fois.
MU : Je vois que vous avez profité de la pandémie pour trouver du positif dans le groupe. As-tu des conseils pour les groupes qui sont dans une situation difficile actuellement à cause de la COVID, surtout pour les jeunes groupes qui commencent en plein milieu de cette pandémie?
Ben : Je dirais simplement de le faire pour les bonnes raisons. Si tu aimes ce que tu fais, inévitablement, d’autres personnes vont aimer ce que tu fais aussi. Si ta raison de créer un groupe est juste de te faire connaître et d’avoir beaucoup d’argent…ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. C’est beaucoup de travail et il n’y a pas beaucoup d’argent à faire, même après 15‑20 ans parfois. La COVID est juste un des multiples problèmes qu’un groupe aura à gérer dans sa carrière, alors l’important est d’aimer ce qu’on fait et de le faire pour les bonnes raisons.
MU : De retour au nouvel album : vous avez signé un contrat avec Better Noise Music. Comment ça se passe avec le nouveau label à date? Et pourquoi ce changement?
Ben : Nous étions signés par Sumerian Records pendant 11-12 ans. Quand on a commencé notre collaboration avec eux, ils étaient un très petit label et nous étions un très petit groupe aussi. On a grandi et évolué les deux ensemble et ce fut une très belle expérience. Par contre, rendus où nous sommes, c’était important de trouver une équipe qui peut nous guider vers la direction où on veut aller. Dans le passé, le plus grand focus était toujours l’Amérique du nord, surtout les États-Unis. Par contre, on aimerait aussi développer le groupe encore plus en Europe, en Asie, etc. Je pense qu’on a finalement trouvé un label qui peut nous donner le support dont on a besoin pour continuer à avancer. C’est super qu’on soit finalement signés par un label qui travaille directement de l’Angleterre. Le groupe est basé en UK et c’est la première fois qu’on travaille avec un label d’ici.
MU : En parlant de labels, je sais que tu avais ton propre label dans le passé. Qu’est-ce qui se passe avec ça?
Ben : La raison principale pour laquelle j’avais fondé un label était pour aider les petits groupes. Je sais que l’industrie de la musique peut être très difficile, alors je me suis dit qu’avec l’expérience et les connections que j’ai établies, je serais sûrement en mesure d’ouvrir des portes plus facilement aux groupes que j’aime bien. Mais c’était aussi beaucoup de travail pour moi de gérer tout ça. C’était rendu au point où j’avais encore moins de temps à donner à ma femme et mes enfants, et en plus avec Asking Alexandria…Même avec la passion que j’ai et l’ambition de développer ces groupes-là, je me suis rendu compte qu’au bout de la ligne, ma famille est la chose la plus importante au monde. J’ai réévalué mes priorités et décidé de me concentrer sur les choses qui sont vraiment importantes pour moi.
MU : D’accord. Et mis à part ta famille et Asking Alexandria, est-ce que tu as d’autres intérêts ou hobbies? Peut-être quelque chose qui n’est pas lié à la musique que tu te verrais faire d’ici 5‑10 ans?
Ben : J’aime beaucoup le design d’intérieur. J’aime le côté créatif et artistique. C’est justement la profession de ma femme, alors peut-être qu’un jour on aura notre propre compagnie ensemble, on ne sait jamais!
MU : Au sujet de l’inspiration pour tes compositions, es-tu le genre de personne qui cherche à toujours trouver des nouveaux groupes et de nouveaux sons, ou es-tu plutôt quelqu’un qui va s’inspirer des bons vieux classiques?
Ben : Je dirais que je suis un bon mélange des deux. Par exemple, sur notre album précédent « House On Fire », c’était un temps où j’étais assez curieux de voir ce qui marchait sur la scène, vers quelle direction allaient les groupes. Je m’inspirais de plein de groupes modernes. Quand j’écoute cet album aujourd’hui, je suis très fier de comment il sonne. Par contre, je me suis encore retrouvé à écouter les groupes que j’adorais quand j’étais adolescent : Metallica, Pantera, Nirvana, Queen…Il y a quelque chose dans ces groupes-là qui me donne envie de « headbanger », de prendre ma guitare et d’écrire de la musique qui va vraiment faire bouger. Même si ce sont de vieux groupes, on peut quand même prendre cette inspiration-là et la transformer en quelque chose de plus moderne.
MU : Quel serait ton « tour package » idéal? Tu peux choisir une tête d’affichage qui jouerait avec Asking Alexandria. Go!
Ben : C’est sûr que pour moi, la vraie connexion entre le groupe et les fans se passe aux concerts. Ceci dit, il y aurait plusieurs groupes avec lesquels j’aimerais bien jouer, mais ce ne serait peut-être pas le meilleur mélange pour les fans. Si je pense au niveau de ce qui pourrait fonctionner pour les fans autant que pour les groupes, je mettrais Avenged Sevenfold en tête d’affiche. Je pense que ce serait un excellent match avec notre public et vice-versa.
MU : Avez-vous des plans pour des tournées l’année prochaine?
Ben : Avec la COVID, il y a trop d’incertitudes. On a reçu une offre de tournée pour l’Amérique du nord l’année prochaine, où Asking Alexandria ne serait pas tête d’affiche, mais ça risque de prendre encore un peu de temps avant qu’on puisse faire un retour sur la scène.
MU : As-tu des souvenirs ou anecdotes au Québec que tu aimerais partager avec tes fans d’ici?
Ben : Je pense que mon festival préféré dans le monde est le Heavy MTL! Tu sais, souvent, les backstages dans la plupart des festivals sont dégueulasses, haha! Les douches, les toilettes, le WiFi, c’est souvent l’enfer. Mais chaque fois qu’on a joué au Heavy MTL, c’était parfait. La nourriture, l’accès backstage, franchement, tout! C’est toujours un immense plaisir de jouer à ce festival.
MU : Préfères-tu jouer des festivals ou des concerts standards?
Ben : Je préfère les festivals, même si les concerts standards sont super aussi. Comme j’ai mentionné, c’est vraiment la place où se passe la connexion avec les fans. Mais avec les festivals, il y a une touche magique de plus. C’est presque comme des vacances. Souvent, les fans achètent leurs billets un an d’avance et c’est une date qu’ils attendent avec impatience, alors le « mood » général des festivals est souvent très positif, ce qui rend l’expérience toujours très agréable. Les gens sont sur le party!
MU : Préfères-tu la route ou le studio?
Ben: Je préfère le studio. J’ai beaucoup de difficulté sur la route, car je suis loin de ma famille. J’adore les concerts, mais un concert, c’est une heure par jour. Il reste donc 23 heures dans la journée où je me sens seul, fatigué. En revanche, en studio, je sens que j’investis mon énergie et ma créativité pour plusieurs heures et, après la session, je peux retourner chez moi.
MU : Metal ou hardcore? Tu ne peux choisir qu’un seul!
Ben : Définitivement metal! La plupart de mes groupes préférés sont justement des groupes de metal. Deep Purple, Iron Maiden, Saxon, etc.
MU : Média physique ou digital?
Ben : Physique, toujours! Je comprends le côté pratique du monde digital, où tout est à un clic, mais il y a quelque chose de spécial quand tu déballes un LP ou un CD. C’est toute l’expérience d’avoir quelque chose de vrai entre tes mains. Le moment où tu déposes l’aiguille de la table tournante sur le vinyle, où tu lis les paroles du livret, etc. Quand tu reçois du stock usagé de la part de tes parents ou quand tu trouves quelque chose dans un disquaire, ce sont des choses qui ont un passé, qui ont une histoire à raconter. C’est vraiment plus personnel que d’écouter ça en version digitale.
MU : LP, CD ou cassette?
Ben : Ouf, ça c’est un choix difficile! Il y a différentes raisons pour lesquelles je choisirais un ou l’autre. Le format vinyle serait mon préféré, entre autres parce que c’est le plus grand. Mais c’est aussi toute l’expérience d’écouter un vinyle que je trouve presque thérapeutique. Il y a aussi une certaine chaleur qui se retrouve dans les vinyles, je trouve que ça sonne mieux que n’importe quoi d’autre. Par contre, je suis né en 1988, j’ai donc grandi dans les années 90 où les cassettes et les CD étaient très populaires. Il y a donc un énorme sentiment de nostalgie pour moi par rapport à ces formats-là.
MU : Quelques mots en conclusion?
Ben : Merci à tous nos fans du Canada! On ne vient pas assez souvent, mais on espère revenir bientôt!