Spectacle: Le 12 Septembre 2024 au Théâtre Beanfield de Montréal
Organisateurs: HEAVY MTL et Extensive Enterprise
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Après des années à vouloir voir les Norvégiens de Leprous live, c’était finalement la consécration au Théâtre Beanfield. À la sortie de Tall Poppy Syndrome en 2009, j’avais immédiatement été captivé par leur style de metal/rock progressif, structuré autour de la voix sublime d’Einar Solberg. Leprous ne favorise pas les prouesses éblouissantes, mais plutôt les crescendos efficaces, les rythmiques upbeat, funky par moments, et l’agencement magistral de chacun des instruments, qui se complètent toujours. Oui, ils ont pris une tournure beaucoup plus progressive rock/funk depuis Malina, en mettant encore davantage les vocalises d’Einar à l’avant-plan. Certains ont moins aimé et je peux le comprendre. Personnellement, j’apprécie les deux approches pour des moods différents.
Passons maintenant au premier groupe, Fight The Fight, que je découvre au moment où ils montent sur scène. Première réaction : ça sonne en sacrament ! C’est hyper professionnel, un bon coup de poing de ces Norvégiens pour démarrer la soirée. Ils évoluent dans le metalcore avec des tendances alternatives et flirtent parfois avec le melodeath. Le chanteur, Lord Fredrik, m’a confié après le show qu’il était guitariste pour le groupe jusqu’à leur dernier album Shah of Time, paru en mai dernier. Je dois avouer qu’il est né pour être frontman, particulièrement dans sa gestuelle et son attitude sur scène. Il est excellent et me rappelle parfois le chanteur de Gaerea (sans le masque), avec ses mouvements hasardeux, intrigants. Au niveau vocal, il a une voix clean, rappelant celle d’As I Lay Dying, et il possède aussi un growl très metalcore avec un scream proche du melodeath, Bref, un bel éventail qui offre une belle dynamique. Je vous suggère la pièce Deliverance, qui a frappé fort lors du spectacle, la plus intense du set. Un band à retenir qui maîtrise l’échange scénique, ils feront parler de plus en plus d’eux, je peux le parier par la qualité de leur performance.
FIGHT THE FIGHT
Prenant place sur la scène maintenant, c’est le band avec le nom le plus long que j’ai vu depuis un bon moment, The World Is a Beautiful Place & I Am No Longer Afraid to Die. Oui, il faut prendre une bonne inspiration avant de se risquer à le nommer. De plus, je dois avouer que leur nom leur ravi à merveille parce que leurs compositions s’étirent également en longueur. Non pas parce qu’elles durent longtemps, mais on les sent longues et souvent sans aboutissement. Le son n’est pas aussi défini pour eux et la précision des musiciens subit quelques petits ratés à l’exception du drummeur qui est plutôt droit et même très créatif par moment. On dirait qu’ils sont constamment en train de faire un build up et tu te dis « ok ça va embarquer », mais non ils se lancent dans un autre build en changeant de style complètement par l’occasion. Ils se promènent entre le Indie Rock, le Progressive Rock, en passant par le Punk Rock, le Hardcore et d’autres passages plutôt planants. J’ai vraiment l’impression qu’ils tentent très fort d’être edgy sans réussir. La voix de la demoiselle est parfois stridente et écorche mes tympans à quelques répétitions tandis que le chanteur principale semble beaucoup trop zen pour un frontman. Je l’aurais mieux imaginer faire sa prestation assis dans un lazy boy en sirotant une tisane. En somme, il y a de l’effort dans leurs compositions, cependant, à mon humble avis, il y aussi un manque de cohérence flagrant dans la plupart d’entre elles. Quelques passes sont intéressantes et donnent de l’espoir pour retomber immédiatement dans un ennui total. Je ne tiens pas du tout à les revoir, suivant.
TWIABP
La partie tant attendue débute alors avec éclat, après que la foule ait été presque endormie, si je me fie à sa réaction. On s’entend, Leprous n’est pas le groupe qui rentre le plus, par contre ils sont envoûtants et extrêmement efficients dans l’art de s’accrocher à nos tripes. Revenons l’action avec la pièce d’entrée qui est également celle ouvrant le nouvel album Melodies of Atonement. Une superbe mise en bouche qui démarre doucement afin de nous préparer pour la superbe The Price qui frappe un peu plus fort. Einar est en grande voix et en superbe forme, car il se déplace avec beaucoup d’énergie dès cette chanson qui sera suivie par Stuck qui figurera parmi mes favorites de la soirée. Quelle réception chaleureuse et puissante du publique à Montréal, nous sommes bruyants et nous connaissons les chansons, le groupe le ressent immédiatement en manifestant son émerveillement de façon systématique entre les morceaux. Je suis sincèrement impressionné par la justesse du jeu de tous les membres du groupe. Ils sont précis, survoltés et très bien coordonnés sur scène afin de bouger partout sans se rentrer dedans dans les passes plus métal qui suscitent davantage de mouvement. Einar est au sommet de son art, il frappe toutes les notes que tu espères avec un niveau de feeling qui donnerait des « goosebumps » à la personne la plus inerte émotionnellement.
Une belle surprise nous attend, alors que le groupe change littéralement une bonne partie du setlist à chaque soir et nous obtenons la pièce Passing qui débute le premier album. Jamais une chanson de cet album n’avait été jouée auparavant en Amérique du Nord et personne ne va s’en plaindre parce que c’est un succès total. Hyper agréable de voir Solberg se retrouver derrière le keyboard et s’activer devant la scène dans les passes qui rentre plus. Après l’incroyable Below et son refrain enchanteur, ils font monter quelques québécois sur scène pour participer aux choeurs finaux de la chanson Faceless. C’est d’une grande efficacité et Einar nous partage l’anecdote que c’était sa pire idée à vie d’inviter les fans à envoyer leur candidature pour participer à ce choeur sur le nouvel album. En effet, il a dû consulté les près de 1000 candidatures en tournée, alors qu’il était malade, il ne s’attendait aucunement à une telle participation. Parlons de la qualité également des échanges avec la foule qui sont hyper honnêtes, amusants et naturels pour le chanteur, je suis stupéfait par son aisance. J’ai omis de parler de la qualité sonore, elle est incroyable. Tout est décortiqué au peigne fin, c’est parfait et il n’y a pas de back track, tout ce qui est entendu est joué. Les guitaristes sont très précis et que dire de la flamboyante groove de Baard au drum, son jeu de hi-hat est toujours si intéressant et ses choix de beat toujours créatif.
Le dernier droit de la prestation s’entame avec From The Flame qui fait réagir encore plus les gens, j’adore cette chanson funky avec son refrain si puissant, chargé en émotion de surcroît. Atonement vient nous sacrer une bonne claque avec son riff principal et le groupe s’active beaucoup sur scène, Einar saute partout, c’est malade raide. Ils terminent avec la fin de The Sky Is Red après avoir mentionné que c’est terminé bientôt. On entend les hués et Einar nous dit avec toute son honnêteté qu’il faut apprendre à faire la différence entre une question et une information. Il nous donne simplement l’info que toute bonne chose doit avoir une fin malheureusement et qu’il ne demande pas notre avis avec un petit rire moqueur en coin. La façon dont il l’a amené est hilarante, et ensuite, il dit qu’il peut cependant comprendre notre mécontentement et qu’il va lancer une bouteille dans la foule. La personne qui l’attrape pourra suggérer trois pièces, et ils en feront une. La personne suggéra entre autres Reward et Slave, qui sera finalement choisie et exécutée comme rappel. C’était parfait comme fin. Un spectacle énorme de la part de Leprous, et je ne manquerai pas une occasion de les revoir dans le futur, c’était époustouflant. Continuez d’aller aux shows en grand nombre, les groupes sont toujours hyper reconnaissants de l’accueil qu’on leur réserve au Québec qui est toujours une plaque tournante mondiale du métal, santé chers lecteur!
LEPROUS
Setlist Leprous
Silently Walking Alone
The Price
Stuck
I Hear the Sirens
Like a Sunken Ship
Passing
Distant Bells
Unfree My Soul
Below
Faceless
Out of Here
From the Flame
Atonement
The Sky Is Red (outro only)
Encore:
Slave