24:06:10 – Archspire / Aborted / Carcosa / Alluvial (Québec)

Spectacle: Le 10 juin 2024 au Théâtre Capitole de Québec
Organisateur: District 7 Production
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

PAR STÉPHAN LÉVESQUE
[Critique du spectacle]
[MetalAnthology]
PAR FRANÇOIS MORISSET
[Photographe]
[M7 Photographie]

Lorsque j’ai vu Archspire avec Obscura, Inferi et Beyond Creation à la Méduse en 2018, je n’aurais jamais pensé qu’ils seraient quelques années plus tard en headline au Capitole. Ils avaient donné une performance époustouflante en 2018 et c’était évident que leur popularité ne serait qu’ascendante. C’est tout de même surprenant de voir du Technical Death Metal en tête d’affiche dans cette salle mythique et je m’en réjouis.

Alluvial sont les premiers à se pointer la face sur la scène avec leur Death Metal aux accents Deathcore. Le son est quelque peu étouffé, surtout au niveau de la guitare, mais ça demeure audible. Le chanteur essaie de son mieux pour faire bouger les gens déjà sur place sans toutefois que ce soit un retentissant succès, loin de là. Peut-être deux cents personnes sont arrivées et tout le monde est éparpillé un peu partout, donc c’est tranquille sur le parterre. On s’entend aussi que nous sommes lundi soir. Revenons à la prestation : j’ai écouté du Alluvial au fil des années et malheureusement, ils n’ont pas du tout choisi le style de chansons que j’apprécie dans leur registre. Ils y sont allés davantage avec leurs pièces les plus lourdes et brutales, sans trop de présence mélodique. Mes chansons préférées d’eux sont celles qui se dirigent vers leur côté plus progressif avec des solos de guitare intéressants et de la diversité dans les riffs. C’est définitif qu’avec un setlist court et des bands plus techniques, ils ont probablement décidé d’opter pour leurs chansons Deathcore les plus pesantes.

ALLUVIAL

Passons maintenant à Carcosa duquel je n’ai vu qu’une chanson, concours de circonstances en raison de placotage qui ne finissait pu à l’extérieur. Je dois admettre qu’après avoir vu une bonne quantité de gens sortir du capitole en plein milieu de leur performance en disant que ce n’était pas vargeux, ça ne m’a pas incité à me dépêcher. Cependant, je n’ai pas suffisamment vu le show pour donner une opinion valide, veuillez m’en excuser.

CARCOSA

Après avoir vu Aborted au 70K Tons Of Metal sur le pool deck, j’étais très énervé de revoir le groupe d’origine belge qui est maintenant complété par 2 Américains et un Islandais laissant le chanteur comme seul membre fondateur et Belge de surcroît. Le groupe ne tarde pas à nous kicker ça dans les dents dès la première note de Retrogore. En effet, on voit qu’on a affaire à un quatuor de haut niveau avec un batteur techniquement impeccable et très créatif en la personne de Ken Bedene, des guitares qui fusillent de toutes parts, la voix profonde de Sven de Caluwé. Ce dernier a une excellente présence de scène et ne manque pas de nous taquiner en français. ‘’Mais alors réagissez Québec, vous ne devez pas vous faire parler souvent en français, allez on se réveille’’. Cela a eu pour effet de crinquer suffisamment l’assistance et de donner lieu au premier mosh pit qui brasse.

Dreadbringer, la pièce initiale de leur nouvelle parution Vault Of Horrors, qui est une véritable tuerie, poursuit les hostilités avec puissance et brutalité tout en conservant un fond mélodique assez catchy par moment. On peut alors admirer les prouesses de Ian et Daniel aux guitares avec des envolées de shred, de sweep et un phrasing captivant. Ils ont de bons tones, ils sont légèrement bas à mon goût dans le mix, surtout lors des riffs, les solos étant un peu plus en avant-plan heureusement. La qualité sonore est toutefois meilleure derrière, où les banquettes que sur le parterre. Sven ne nous lâche pas entre chaque chanson, il ne tient pas en place sur scène, se promenant de gauche à droite, se tapant dans le front et son vocal frappe l’auditoire par son aplomb. N’empêche que mes yeux ne peuvent pas quitter le drum kit, les fills sont savoureux et inventifs, beaucoup d’utilisation des cymbales, la ride, les splash, tout y passe. J’adore le mélange technique, sophistiqué avec la destruction massive sur le snare et les bass drum, c’est un show en soi.

Ils nous envoient 4 autres tounes en ligne du dernier album et j’apprécie énormément, car on est dans le même esprit de sonorité, soit un mélange de brutalité, de mélodies sombres mais accrocheuses, de vocal gras rythmé et de superbes solos de guitare. Pas de basse live, d’ailleurs il n’y en a pas sur le dernier album, le drum semble plus en évidence de ce fait et il y a de la place pour les guitares de s’épanouir également. Ils terminent par un mélange de deux vieux morceaux, The Saw and The Carnage Done sur Goremageddon et Threading On Vermillion Deception sur The Archaic Abattoir. Ça fesse solide, c’est lourd avec un paquet de blast beats, une fin écrasante démontrant toute la puissance d’Aborted.

ABORTED

C’est le clou de la soirée maintenant avec Archspire de Vancouver, réputés pour leurs jeux complexes et extrêmement rapides à tous les instruments et au vocal. Ils ont un beau setup sur la scène avec une grosse enseigne qui change de couleur inscrite « Stay Tech » en haut du batteur Spencer Prewett. Ils débutent en force avec la chanson-titre Bleed the Future du dernier album, qui est délectable. Je suis devant la scène et ça rentre sur un méchant temps. C’est un peu difficile de distinguer précisément les riffs de guitare et la basse, surtout à la vitesse à laquelle ils jouent. Le vocal, lui, est bien défini et le drum assez bien sans être aussi clair qu’Aborted. Quand on tombe dans les mélodies et les solos, par contre, c’est beaucoup plus clair et perceptible, heureusement, parce que j’admire le travail de Tobi et Dean à la guitare, qui sont très imaginatifs dans leurs beats, en plus d’être souvent à très haut tempo. Après deux bombes back to back sans merci, Oliver, le chanteur, nous offre trois exemples pour lesquels « Everything’s Fucked » sur la planète, c’est aussi en occurrence le nom de la tournée. Le gars était quasiment en train de nous faire un stand-up et j’ai trouvé ça fort divertissant.

L’intensité dans la salle ne fait qu’augmenter avec les pièces qui défilent jusqu’à Remote Tumour Seeker, un extrait tiré de leur chef-d’œuvre Relentless Mutation. Ça déménage plus vite qu’un sans-abri qui se fait offrir un logement gratuit. Les riffs de cette chanson sont parfaits pour être joués live, ça brasse pas mal dans le pit. C’est alors qu’Oliver lance à l’assistance un jeu de Twister qui se retrouve maintenant sur le plancher du parterre. Une dizaine de participants suivent donc les directives selon la couleur désignée sur la planche de jeu tenue par Oliver. À la troisième sélection, il tourne sa planche et c’est écrit « Wall of Death », ce qui engendre un rentre-dedans général avec les pauvres victimes mal placées sur le jeu de Twister, c’est hilarant. Golden Mouth Of Ruin s’en suit et ça s’avère ma pièce préférée du show avec son bridge ultra mélodique et épique, de solides solos et de la basse complètement débile, comme la majeure partie du temps, par Jared Smith.

Un moment inattendu et totalement farfelu survient alors que Summer Santa arrive sur la scène en skateboard pour venir offrir un cadeau à Tobi qui va, semble-t-il, mourir bientôt. Il reçoit en cadeau un dildo noir géant avec une attache pour le fixer au bout de son manche afin d’avoir un headstock. On sait que Tobi joue avec une guitare headless (qui n’a pas de tête, seulement le manche), ce qui nous fait esclaffer de rire en le voyant jouer Involuntary Doppelgänger. Cette chanson est hyper intense au vocal avec un débit de paroles inhumain, Oliver nous démontre tout son talent dans sa prononciation gutturale sèche avec une délivrance impressionnante. Nous n’étions pas au bout de ce show alternant métal brutal technique et humour. En effet, il demande à deux personnes de monter sur la scène pour faire un concours de calage. Deux filles se portent volontaires, dont ma chum Marianne. Elles doivent vider une bière dans leur soulier et la caler le plus rapidement possible pour gagner un t-shirt spécial. Marianne l’emporte et tente ensuite d’aider sa compatriote en poussant son soulier pour qu’elle boive plus vite. Cependant, elle recevra autant de bière sur elle qu’elle n’en boira, oups haha. Le t-shirt en question est un dessin à la main d’un père Noël qui décharge avec son gros pénis rouge dans une poutine. Pour ajouter au fun, c’est écrit « Tabarnak, I drained my sack ». Ces gars sont vraiment des malades, je suis plié en deux.

Ils nous achèvent alors avec Drone Corpse Aviator, un tonnerre de drum avec de nombreux stops et une performance vocale hors pair. Malgré un son un peu chaotique par séquence, Archspire a délivré un concert exceptionnel qui valse entre les pirouettes techniques et le divertissement imaginatif de la foule. C’est un spectacle hyper bien ficelé qui ne manque pas d’écarquiller les yeux à maintes reprises. Une soirée de tech death haut de gamme qui se démarque largement du lot. On se voit au prochain show, cheers \m/.

ARCHSPIRE

Setlist Aborted

Retrogore
Bathos
Dreadbringer
Condemned to Rot
Brotherhood of Sleep
Death Cult
Insect Politics
Threading on Vermillion Deception / The Saw and the Carnage Done

Setlist Archspire

Bleed the Future
Abandon the Linear
Reverie on the Onyx
Acrid Canon
Remote Tumour Seeker
Golden Mouth of Ruin
Drain of Incarnation
Involuntary Doppelgänger
Drone Corpse Aviator

Picture of Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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