Spectacle: Le 16 Mars 2017 au Cercle à Québec
Organisateur: District 7 Production
Photographe: Karina Charbonnier
Compte-rendu: Eddy Levitsky
Des amplis Orange, de la boucane épaisse et du bon vieux Black Sabbath en arrière-plan; tous les éléments étaient réunis nous garantissant une vraie soirée traditionnelle de doom pesante. En tout cas, au moins, jusqu’à ce qu’Amorphis embarque sur la scène.
Le temps d’une petite dégustation au bar, la musique d’ambiance se dissipe tranquillement et les membres de Wrath of Echoes semblent sortir de la boucane comme des fantômes pour s’installer sur la scène dans un silence sobre. Le band a réussi à attirer l’attention de chaque spectateur avec son doom mélodique dans la veine de, justement, Swallow the Sun, mais avec des touches de Tryptikon, Tiamat et de death metal traditionnel. Une pièce me rappelait carrément Astronomy Domine, la reprise par Voivod. David Habon, le chanteur, avait une présence de scène monstre et une voix qui allait de Shagrath à Six Feet Under pendant que Bênoit Chapados, le bassiste, l’accompagnait avec une imitation parfaite de Tom Warrior. La surprise de la soirée était définitivement lorsque David Habon a annoncé à la foule qu’ils allaient faire la reprise de Swallow (Horror pt.1) avec la permission de Swallow the Sun. Après leur performance, les membres du band ont quitté la scène de la même manière qu’ils y ont pénétré : en disparaissant dans la boucane sous l’acclamation de la foule.
WRATH OF ECHOES
Place à Within Embers, un band qui roule depuis un certain temps déjà et qui semble être bien établi dans la scène québécoise. En tête du groupe, Maude captive rapidement la foule avec ses growls gutturaux semblables à Arsis et ses cleans à la Rob Halford. Il semble y avoir un grand écart d’âge entre les musiciens et j’étais même très surpris de voir le sosie de Neil Morse avec sa guitare PRS. La musique jonglait entre le death mélodique et du prog théâtral en mettant beaucoup d’emphase sur l’habileté technique des musiciens. Malheureusement, la balance du son enlevait beaucoup à la clarté des pièces et, souvent, on se perdait à cause de la basse trop forte et définitivement pas assez basse dans le mix et les triggers aigus du batteur qui volaient un peu par-dessus le tout. Cependant, l’énergie des membres et de la musique ont encouragé la foule à participer au premier mosh pit de la soirée. Un mosh pit qui a fini par un combat opposant un Kerry King tanné à un Buzz Osbourne trop saoul. Malgré les efforts de Maude, qui est même allée jusqu’à sauter dans la foule, le mosh pit était désormais, malheureusement, chose du passé.
WITHIN EMBERS
Assister à une prestation de Swallow the Sun n’est rien de moins qu’une expérience religieuse. Avec des paroles inspirées de la série télé culte, Twin Peaks, une aura si étrange et mystérieuse entoure ce band que même David Lynch lui-même en serait fier. On commence le rituel avec Rooms and Shadows mais aussi avec un bémol, car Markus Jämsen semblait aussi avoir eu des problèmes techniques avec son équipement de guitare. C’est toujours les pédales le problème. Toujours. Après s’en être aperçu rapidement et avoir rétabli le son, le groupe a performé sans anicroches avec une énergie surprenante, surtout pour des gars pas mal stationnaires. Le groupe exhibait un vrai professionnalisme qui se distinguait dans la fluidité de leurs mouvements et l’assurance de leur performance. Dans une musique si lente, il n’y a pas de place à l’erreur, car chaque fausse note serait vite remarquée par le plus néophyte des mélomanes. Les fans ont eu droit à plusieurs classiques dont These Woods Breath Evil suivi de Falling World, tous deux tirés de New Moon sorti en 2009. Étant donné que les chansons sont pour la plupart longues, même en co-headline, le groupe n’a pu nous en mettre plein la vie et les oreilles que durant sept chansons à peine.
SWALLOW THE SUN
Le change-over pour Amorphis était plus long et minutieux, mais totalement justifié, car on parle ici de deux claviers Nord, un synthé Moog et un changement complet de rig pour les guitares. Les stage techs couraient à gauche et à droite afin d’utiliser au mieux le petit espace de la scène offerte au Cercle. Rappelons-nous qu’on parle ici d’un band qui vient nous visiter pour la première fois depuis huit ans de ce côté-ci de l’océan, mais qui est habitué de performer avec les géants tel Nightwish dans les plus gros festivals d’Europe. Les souches d’Amorphis étaient dans le death metal à leur tout début et, quoiqu’ils aient gardé des éléments de ce genre de musique, ils exhibent désormais un vrai melting pot d’influences allant du prog au folk en passant par le doom. Cette tournée était en support de leur dernier opus intitulé Under The Red Cloud donc ce n’est pas bien surprenant qu’ils aient ouvert leur set avec la chanson éponyme de l’album. Tomi Joutsen – en habit complet de Khal Drogo – était le dernier embarqué sur la scène avec en main l’un de ses microphones customisé qu’il tenait à deux mains. Le groupe était pro, bien rodé, ne se cachait pas derrière des backing tracks ou des triggers de bass drum et sonnait quasi-exactement comme sur CD; un vrai accomplissement lorsqu’on prend en considération la balance limitée du Cercle. La voix de Tomi Joutsen, particulièrement, mettait la barre haute pour tous ceux qui monteraient sur ce stage dans les années à venir. Le set-list était extrêmement varié, car il pigeait dans un catalogue tout aussi varié et la foule répondait en conséquence. Toute la salle sautait pour Sampo et chantait pour My Kantele. D’ailleurs, quelle belle surprise et quel beau cadeau qu’Amorphis nous a fait en nous présentant des morceaux de leur dernier album, mais aussi en allant piger dans des classiques tirés de Tales of a Thousand Lakes et de Elegy en passant par Skyforger.
AMORPHIS
Avec une salle remplie à craquer, un mariage parfait de groupes et même un combat dans la foule, District 7 avait sur les mains une soirée forte en émotions et incroyablement mémorable.