Spectacle : Le 6 novembre 2008 au Métropolis de Montréal
Organisateur : B.C.I.
Photographe : Amaury Evra
Compte-rendu : Sébastien Léonard
Il n’est que 20 h 15 et il fait déjà très chaud, beaucoup sont en sueur et on se sent en plein milieu de la soirée. Pour la centième fois, je vais avoir l’air de tomber des nues tant je suis surpris de voir autant de personnes pour la prestation de 36 Crazyfists. Le groupe de metalcore ne manque pas d’action devant eux. Il y a bien le deuxième étage qui semble amorphe, mais rien pour décourager la troupe de l’Alaska. Côté musique, rien de nouveau sous le soleil. Des riffs de style « breakdown », des vocaux hurlés au max et quelques refrains mélodiques. Le look du chanteur Brock Lindow avec son capuchon en permanence sur la tête est pour moi très discutable, mais bon, c’est tendance. L’éclairage est ce qu’il y a de plus simple tandis que le son est pour sa part plus que respectable. Je leur lève mon chapeau d’avoir réussi à rester mobiles parmi tous ces équipements qui encombraient la scène. Je souligne ici que même pour une première prestation, ils ont droit à une grande toile de fond à leur effigie.
36 CRAZYFISTS
Le Métropolis, qui est presque complet, est déjà bien réchauffé et les nombreux cris d’impatience à l’endroit de Gojira démontrent bien leur popularité croissante en sol québécois. Il faut dire qu’avec les disques de qualité constante que les Français nous pondent, celle-ci est bien méritée. C’est d’ailleurs avec l’excellente « Oroborus », tirée du non moins excellent « The Way Of All Flesh » sorti plus tôt cette année, que démarrent les 45 minutes de bonheur qui vont suivre. Vous l’avez sûrement compris, je suis un fan fini. Il y a de quoi ! En plus de jouer un des death metal les plus originaux des dernières années, ils l’interprètent avec une précision exemplaire. La principale force du combo vient précisément de là. Pour ceux qui n’apprécient pas ce genre presque mathématique d’approche de la musique, il peut être normal de rester stoïque devant ce qui se passe ici. Mais pour les autres, ça embarque dans un mélange d’excitation et de transe. C’est justement ce qui se passe dans la salle. Malgré un thrash violent au centre, beaucoup ont les yeux fermés et hochent la tête au gré des rythmes imbriqués. Jean-Michel Labadie à la basse reste le plus mobile des quatre même si Mario Duplantier impressionne toujours avec son jeu de batterie tantôt de la qualité d’un métronome, tantôt technique à souhait. Une belle part est faite à l’album « From Mars To Sirius » avec « The Heaviest Matter Of The Universe », « Backbone » et « Ocean Planet ». C’est vite passé pour moi qui, à l’instar de plusieurs, rêve de les voir en tête d’affiche le plus tôt possible. Ça fait aussi toujours plaisir d’entendre notre langue natale entre les pièces, mais comme c’est la norme ce soir, leur prestation finit abruptement après la dernière chanson.
GOJIRA
Avec eux aussi une toile de fond représentant leur dernier disque, deux panneaux marqués de leurs initiales ATR ornent chaque côté de la scène. Tranquillement mais sûrement, All That Remains fait son chemin dans l’univers du métal. C’est sûr que la majorité plus jeune de l’auditoire est la plus impatiente de leur arrivée imminente. Le changement entre les deux premiers groupes, qui a été d’une rapidité exemplaire, ne se répète pas deux fois. Je ne sais pas si cela refroidit légèrement la foule, mais il faut que « Before The Damned » soit déjà entamé depuis plusieurs minutes avant que tout d’un coup le parterre explose dans un immense « mosh pit ». Même pas moyen d’être tranquille sur les côtés. Malgré un nouveau disque tirant la formation encore plus vers le pop metal, l’agressivité reste de mise en live. Les vocaux gutturaux de Philip Labonte restent les plus efficaces. Pas qu’il fausse sur les « cleans », mais ils n’ont pas le son racoleur des versions studio. Que cela tienne, ce dernier reste le frontman incontesté de la formation et en profite à maintes reprises pour faire chanter la foule. Même si on reste sur l’impression que les titres plus violents comme « In Dwells In Me » ont la cote de popularité, la « catchy » « Two Weeks » ne ralentit en rien les ardeurs. Gros défaut à mon avis, le drum est beaucoup trop mis à l’avant au détriment des guitares. Est-ce pour mieux mettre en valeur les blast-beats hyper efficaces de Jason Costa ? J’ose le croire, batteur d’exception comme il est. Malgré une courte incursion par « In Darkened Heart », le petit dernier « Overcome » et « The Fall Of Ideals » restent les maîtres d’œuvre avec « Chiron », « Undone », « This Calling » et « Not Alone ». On aura beau crier pour un rappel de leur part, ils repartent aussi rapidement qu’ils sont arrivés.
ALL THAT REMAINS
Je m’excuse déjà pour avoir insinué que l’attente de ATR ait pu être longue tant celle pour les Suédois d’In Flames est interminable et crée beaucoup de désagréments. Malgré qu’au tout début tout ait commencé à l’heure exacte, il est presque 23 heures quand ils embarquent sur les planches. Ils ont pourtant un atout dans leur manche qui ne leur fait pas défaut encore ce soir. Ils possèdent une popularité qui ne se dément pas avec le temps. Malgré un changement radical de leur son, une horde de nouveaux fans a remplacé ceux qui, comme moi, ont quitté le navire après « Clayman ». Pour que la tendance se maintienne, le premier titre de leur dernier opus « The Mirror’s Truth » sert d’ouverture. Ça ne semble pas déplaire à la grande majorité, à peine dans la vingtaine, venue pour les voir. Pour avoir assisté maintes fois à leur spectacle, celui qui a le plus pris de galon est le chanteur Anders Friden. Il est passé du « nerd » qui veut gueuler à un très bon meneur de foules. Il est bien le seul, car pour les autres musiciens, on reste dans le très statique, un brin chorégraphié. L’ensemble du setlist est basé sur les quatre derniers disques. Et justement, personne ne se gêne pour chanter en chœur le refrain facilement assimilable de « Cloud Connected » ou « Vanishing Light ». Anders nous confie que malgré qu’il adore notre pays, le service des douanes le fait chier solide, juste avant d’entamer « Delight And Anger ». « Pinball Map » reste un de mes moments forts de leur performance et me rappelle qu’ils ont déjà été un des chefs de file du death metal style Gothenburg. Réalisant pleinement le changement de garde de ses admirateurs, le chanteur nous raconte qu’à chaque show, à l’annonce de vieilles pièces, tout le monde réagit, mais peu chantent ou bougent vraiment pendant celles-ci. Il nous demande de le contredire juste avant d’entonner non pas une, mais deux titres de « The Jester Race » avec « Artifacts Of The Black Rain » et la chanson titre.
Malgré un thrash plus fourni et concentré, le tout redevient à la normale avec du matériel plus récent. Si les vieux routiers comme moi n’en ont pas eu pour leur argent, il en est autrement de leurs plus loyaux admirateurs qui ont pu profiter d’une des rares performances d’un groupe de leur genre qui dure plus d’une heure et demie.
IN FLAMES
Setlist In Flames
I’m the Highway
Vanishing Light
The Mirror’s Truth
The Hive
Satellites and Astronauts
System
Alias
Eraser
Pinball Map
Delight and Angers
Disconnected
Cloud Connected
Dead God in Me / The Jester Race / Behind Space
Come Clarity
Sleepless Again
The Quiet Place
Trigger
Take This Life
Setlist Gojira
Oroborus
The Heaviest Matter of the Universe
Backbone
Flying Whales
Toxic Garbage Island
Vacuity