PAR CLAUDE BLAIS
Je me suis intéressé à la formation de Québec Hillward lorsque celle-ci a fait la première partie de Symphony X le 4 octobre dernier. Curieux de découvrir la musique du groupe avant le concert, j’ai contenté ma curiosité sur le Bandcamp du groupe. Tout de suite, je fus séduit par la voix de David Lizotte. Une des plus belles voix « made in Québec » que j’ai pu découvrir récemment ! Toujours douce et planante, jamais criarde ou agressive, la voix de Lizotte est empreinte d’une mélancolie presque palpable. Honnêtement, ce n’est pas la voix la plus puissante, mais il compense largement par des lignes mélodiques géniales subtilement recherchées pour nous emmener ensuite dans son monde où le feeling est omniprésent ! Cette première écoute fut une caresse pour mes tympans !
Toutefois, je n’ai pas approfondi cette écoute. Je me réservais ce plaisir suite à l’achat du format CD physique au moment du concert. Même si, je dois l’avouer, la performance scénique du groupe m’a quelque peu déçu ce soir-là, je me suis néanmoins fait plaisir en me procurant une copie provenant de la centaine de CDs faite par le groupe pour l’occasion. Et, il va sans dire que je ne regrette en aucun cas mon achat. Un album superbe du début à la fin ! Pas une seule minute de remplissage ! Du rock/métal/progressif d’excellente facture !
Avec « Flies in Amber Stones », aucun masturbage de manche stérile ! Ici, nous avons affaire à du prog qui n’a rien à voir avec les démonstrations techniques et de virtuosité des Dream Theaters et compagnie. C’est surtout du côté d’une atmosphère à la Porcupine Tree qu’il faut regarder. À 70 % rock et 30 % métal, le terme progressif vient surtout du travail de composition qui nous transporte dans différents univers musicaux d’une minute à une autre sans qu’aucune coupure, déchirure ou cassure ne se fasse sentir. Tout y est fluide ! Aucun morceau ne s’étire en longueur inutilement. Le tout coule sans que l’auditeur n’ait besoin de se prendre la tête pour tout assimiler. Le groupe passe subtilement de l’acoustique au post-grunge (« Flies in Amber Stones »), de l’acoustique aux sonorités électros (« Alive ») ou du métal à l’acoustique (« The Missing Link ») en passant par les nappes de claviers atmosphériques (« Quiescence ») sans que l’auditeur s’en rende compte. Un processus de composition minutieux et recherché qui est certainement la force du groupe et qui procure à ce « Flies in Amber Stones » une atmosphère qui lui est propre. À défaut d’être un album techniquement complexe, Hillward commet un album riche et unique !
Même si, sur ce premier album, la virtuosité habituelle des groupes de prog n’est pas ce qui prime ici, les musiciens ne sont pas des incompétents. Loin de là ! Le travail rythmique de J-F Boudreault (bassiste) et Antoine Guertin (batteur) est toujours hyper efficace, très solide, judicieusement recherché et parfaitement audible (leur travail est parfaitement intégré au mix). Tandis que de son côté, chaque note, chaque intervention du guitariste Alexandre Lapierre fait mouche ! Rien n’est laissé au hasard ! Du travail de pro !
En plus de faire vocalement un boulot remarquable, Lizotte se surpasse derrière les manettes. Tout comme il l’a fait sur l’album « Left to the Sharks » du groupe québécois Warning Sign, il commet à nouveau ici un son exemplaire. Une prod, un mix et un mastering en béton !
Difficile d’extraire une chanson plus qu’une autre. Elles sont toutes excellentes et chacune possède son propre univers qui la rend unique. Même les deux courtes instrumentales de près de deux minutes « Entropy » et « Quantify the Abstract » (dont je ne suis habituellement pas friand) sont elles aussi un régal et on se surprend à les espérer plus longues !
Malgré ça, une mention toute spéciale à la pièce « Alive » qui est sans doute la meilleure chanson que j’ai entendue en 2016 et qui me donne des frissons à chaque écoute ainsi qu’à « One Goodbye » qui est tout aussi magnifique et qui me rappelle le légendaire groupe Harmonium avec une touche des Canadiens Grapes of Wrath période « Now and Again » ! Et impossible de passer sous silence « When It All Comes True », « Quiescence » et « The End of Logic » qui sont, elles aussi, absolument sublimes ! Voilà, je suis parti pour toutes les nommer. Il faut avouer qu’il est difficile de faire autrement…
Il va sans dire que, malgré les problèmes que rencontre l’industrie musicale ces dernières années, la scène musicale québécoise se porte très bien, elle est de plus en plus intéressante et Hillward est là pour nous le prouver. Personnellement, est-ce que ce « Flies in Amber Stones » traversera les années ? Assurément, oui ! Est-ce que je le réécouterai avec plaisir dans 15 ans ? Certainement, oui ! Et est-ce que je viens de découvrir LE meilleur album québécois de 2015 ? Sans l’ombre d’un doute ! Est-ce que ce premier méfait de Hillward se retrouvera dans mon top 10 de l’année ? Rendez-vous à la fin de l’année pour découvrir la réponse…
Playlist YouTube:
https://www.hillward.ca
https://hillward.bandcamp.com
https://www.facebook.com/HillwardBand
ENGLISH version
I became interested in the Quebec band Hillward when they opened for Symphony X on October 4th. Curious to discover the band’s music before the concert, I satisfied my curiosity on the band’s Bandcamp page. Right away, I was captivated by David Lizotte’s voice. One of the most beautiful « made in Québec » voices I have discovered recently! Always soft and ethereal, never shrill or aggressive, Lizotte’s voice is imbued with an almost palpable melancholy. Honestly, it’s not the most powerful voice, but he more than makes up for it with brilliantly crafted melodic lines, subtly drawn to take us into his world where feeling is ever-present! This first listen was a caress for my ears!
However, I didn’t delve deeper into this listening experience. I reserved this pleasure for after buying the physical CD format at the concert. Even though, I must admit, the band’s stage performance disappointed me a bit that night, I still treated myself by getting a copy from the hundred CDs the band made for the occasion. And, needless to say, I do not regret my purchase at all. A superb album from start to finish! Not a single minute of filler! Excellent quality rock/metal/progressive!
With « Flies in Amber Stones, » there’s no sterile fretboard wanking! Here, we’re dealing with prog that has nothing to do with the technical and virtuosity displays of Dream Theater and the like. It’s mostly an atmosphere à la Porcupine Tree that you should look for. At 70% rock and 30% metal, the term progressive mostly comes from the compositional work that transports us to different musical worlds from one minute to the next without any break, tear, or rupture being felt. Everything is fluid! No track unnecessarily drags on. It all flows without the listener needing to rack their brains to take it all in. The band subtly shifts from acoustic to post-grunge (« Flies in Amber Stones »), from acoustic to electro sounds (« Alive »), or from metal to acoustic (« The Missing Link »), passing through atmospheric keyboard layers (« Quiescence ») without the listener even noticing. A meticulous and well-thought-out composition process that is certainly the strength of the band and gives « Flies in Amber Stones » its own atmosphere. Though not a technically complex album, Hillward delivers a rich and unique album!
Even if, on this first album, the usual virtuosity of prog bands isn’t the focus here, the musicians are far from incompetent. Far from it! The rhythmic work of J-F Boudreault (bassist) and Antoine Guertin (drummer) is always super effective, very solid, judiciously crafted, and perfectly audible (their work is perfectly integrated into the mix). Meanwhile, on his end, every note, every intervention by guitarist Alexandre Lapierre hits the mark! Nothing is left to chance! Pro-level work!
In addition to doing remarkable vocal work, Lizotte outdoes himself behind the controls. Just like he did on the « Left to the Sharks » album by the Quebec band Warning Sign, he once again delivers an exemplary sound here. A solid production, mix, and mastering!
It’s hard to pick one song over another. They are all excellent, and each has its own universe that makes it unique. Even the two short instrumentals, almost two minutes long, « Entropy » and « Quantify the Abstract » (which I am usually not fond of) are also a delight, and we find ourselves wishing they were longer!
Despite this, a special mention goes to the track « Alive, » which is undoubtedly the best song I have heard in 2016 and gives me chills every time I listen, as well as « One Goodbye, » which is just as magnificent and reminds me of the legendary band Harmonium with a touch of the Canadian band Grapes of Wrath from the « Now and Again » period! And it’s impossible not to mention « When It All Comes True, » « Quiescence, » and « The End of Logic, » which are also absolutely sublime! There you go, I’m on my way to naming them all. It’s hard to do otherwise…
It goes without saying that despite the problems the music industry has faced in recent years, the Quebec music scene is doing very well, it is becoming increasingly interesting, and Hillward is here to prove it. Personally, will this « Flies in Amber Stones » stand the test of time? Definitely, yes! Will I listen to it again with pleasure in 15 years? Certainly, yes! And have I just discovered THE best Quebec album of 2015? Without a shadow of a doubt! Will this first effort by Hillward make it to my top 10 of the year? See you at the end of the year to find out the answer…