
[Critique de l’album]
Un des plus grands noms du folk metal, Eluveitie, sortira son 9e album le 25 avril 2025. Cet album est le troisième de ce que j’appellerais l’ère moderne d’Eluveitie, débutant avec l’album Evocation II : Pantheon, par un changement de plusieurs membres, notamment la chanteuse clean. Cette fois-ci, le groupe accueille dans ses rangs une nouvelle joueuse de violon et de hurdy-gurdy. Trois morceaux sont déjà disponibles, mais Ànv demeure un album qui raconte une histoire d’une autre époque, à écouter dans l’ordre. Alors voilà une courte critique de tous les chapitres de cette aventure de 41 minutes.
1 – Emerge
Une introduction dirigée par la guitare, en crescendo. Un moment instrumental mal situé selon moi. Cette minute devrait être un interlude entre les chansons, ou bien le long prélude d’une chanson, mais ce n’est pas le cas, car la suivante change de rythme. Cette introduction ne crée pas le même niveau d’engouement que les pièces d’introduction des albums précédents.
2 – Taranoias
Là où l’album débute pour de vrai, par des sons frénétiques et un cri de guerre. Cette chanson montre bien leur intention d’explorer leur côté melodeath davantage, mais ne déroge pas de leur nature. Cette piste évoque un champ de bataille chaotique jusqu’aux deux tiers, où les voix plus douces racontent cette épopée. Une bonne pièce en général, rappelant plusieurs succès du groupe.
3 – The Prodigial Ones
Déjà un single, cette piste est tout ce qu’on aime de Eluveitie, de la mélodie retentissante qui accroche, au refrain qu’on veut chanter, avec le bon niveau de lourdeur pour un amusant moshpit et tout le fantastique qu’ils évoquent d’habitude. C’est la chanson qui me reste en tête depuis des jours.
4 – Ànv
Une piste vocale traditionnelle, comme ils font souvent dans ce chapitre d’Eluveitie ; une mélodie qui berce, mais le chant chargé et puissant qui n’évoque pas seulement la légende, mais le vécu des gens qui y étaient. Sans comprendre ces paroles perdues, j’y interprète une ode à quelque chose, ou quelqu’un de perdu. En général, une pause agréable pour absorber la musique.
5 – Premonition
Une des chansons déjà disponibles, celle-ci ne réinvente pas la roue, mais fait un clin d’œil aux albums Origins et Helvetios. Soit comportant un refrain entraînant et motivant, une mélodie qui ne ralentit pas, transportant toutes les péripéties racontées. Au milieu, la guitare prend l’avant de façon surprenante et la suite finit habilement l’œuvre. Enfin, c’est une de mes favorites, surtout grâce à la fin qui clôt dramatiquement la chanson.
6 – Awen
Le dernier des singles disponibles, Awen, essaye une approche ressemblant plus au rock du début des années 2000, mettant de l’avant le chant clean au péril de la complexité instrumentale. Bien que je ne souhaite pas qu’ils poursuivent dans cette lancée, les passages instrumentaux dans la seconde moitié en font tout de même une chanson intéressante.
7 – Anamcara
J’adore cette chanson, qui est une habile interlude parlée plutôt que chantée, une première pour Eluveitie. L’habile narration articulée par-dessus une simple guitare sèche et un chant languissant me donne des frissons. Les paroles, en anglais cette fois-ci, racontent un futur sombre qui dirige le monde de Ànv du passé vers le futur. C’est cette piste qui aurait dû être l’introduction de l’album, et j’aimerais en entendre plus dans ce genre.
8 – The Harvest
Cette fois-ci, une intéressante exploration du côté lourd (sans perdre leur panoplie d’instruments traditionnels bien sûr). Le chanteur explore des lows et growls qui sont plutôt rares dans leur musique et les hauts et bas de la chanson tracent très habilement l’aspect narratif. C’est selon moi une des chansons-phares de cet album.
9 – Memories of Innocence
Cette fois-ci, rien de jamais vu ; c’est un passage instrumental sorti directement d’il y a un millénaire. C’est exactement ce que j’attends de ce groupe pour rappeler les moments festifs s’immisçant dans l’intensité de la vie d’antan.
10 – All Is One
Cette fois-ci, cette chanson est du nouveau ; un type de ruban narratif qui explore les aptitudes de la nouvelle chanteuse clean. Bien qu’elle soit voulue pour être une ballade, cette chanson souffre du même défaut que Awen et devrait être plus longue, ou bien la fin d’une longue piste. Toutefois, je dirais que deux éléments rendent cette piste intéressante. En premier, les paroles du début rappellent une comptine, ce qui rajoute au mystique. De plus, la chanson comporte un interlude parlé, mais la voix qui le fait a une sonorité électronique comme sortie d’un interphone ; est-ce une erreur de leur part, ou bien c’est supposé représenter un virage futuriste ?
11 – Aeon of the Crescent Moon
Enfin, la dernière de mes favorites. Le mixing audio du début sépare si bien la voix de cristal des instruments sans nuire à aucun des deux. La chanson procède alors progressivement vers le classique Eluveitie plus lourd où cris, chants, chorales, tambours et cordes travaillent ensemble et chacun leur tour. Le seul bémol de cette chanson qui sonne si bien est la fin qui se sent un peu plate, mais n’annule pas les épiques minutes précédentes.
12 – The Prophecy
La piste de fermeture de cet album nous immerge pour une dernière fois dans leur monde, avec des chants tribaux et une voix narratrice qui nous donne l’impression d’être en forêt avec ces personnages fictifs ou de légende. Le morceau est étonnamment long pour une finale et paraît comme un morceau principal par moment, ce qui est intéressant. Cette dernière chanson est ultimement très intéressante par son immersion, mais aussi par les sons cryptiques à la fin qui sonnent encore davantage futuristes plutôt que médiévaux. Qui sait où les histoires d’Eluveitie vont mener ?
En résumé, cet album n’est pas mon préféré, mais n’est pas du tout un échec, plutôt une exploration qui parfois déroge légèrement trop du Eluveitie qu’on connaît, mais sinon suit leur recette à la perfection ou même l’améliore (j’imagine que l’afflux de nouveaux membres dans le processus créatif doit jouer un rôle dans cette évolution). Enfin, j’encourage tout de même tous les fans du groupe, ou simplement les curieux, à écouter l’album au moins une fois, vous découvrirez assurément des morceaux qui vous accrocheront à l’univers fantastique raconté dans Ànv.
Note finale : 7/10
▶ Écoute/Stream/Commande Ànv : https://eluveitie.bfan.link/anv.yde
Facebook: https://www.facebook.com/eluveitie/
Site officiel: https://eluveitie.ch/
ENGLISH version
One of the biggest names in folk metal, Eluveitie, will release their 9th album on April 25, 2025. This album marks the third chapter in what I’d call the modern era of Eluveitie, which began with Evocation II: Pantheon following a significant lineup change, including a new clean vocalist. This time, the band welcomes a new violinist and hurdy-gurdy player. Three tracks have already been released, but Ànv remains an album that tells a story from another time — one that should be listened to in order. So here’s a short review of all the chapters in this 41-minute adventure.
1 – Emerge
A guitar-led, crescendo-style intro. In my opinion, this instrumental moment feels misplaced. It should either be an interlude between songs or the extended prelude to a full track — but it’s not, as the next song shifts the rhythm completely. It doesn’t generate the same level of excitement as previous Eluveitie album openers.
2 – Taranoías
Here’s where the album truly begins, with frantic sounds and a battle cry. This song clearly shows the band’s intent to explore their melodeath side more deeply, without straying too far from their roots. It feels like a chaotic battlefield until about two-thirds in, when softer vocals recount the epic tale. A solid track overall, reminiscent of many of their past hits.
3 – The Prodigal Ones
Already released as a single, this track has everything we love about Eluveitie — a catchy, ringing melody, a singalong chorus, a solid heaviness perfect for a fun mosh pit, and that signature Eluveitie fantasy touch. This one’s been stuck in my head for days.
4 – Ànv
A traditional vocal piece, as we’ve often seen in this era of Eluveitie; the melody is soothing, but the vocals are rich and powerful, evoking not just legend but lived experiences. Though the lyrics are in a lost language, I interpret this as an ode to something — or someone — lost. Overall, a pleasant pause to absorb the music.
5 – Premonition
One of the already released songs, this one doesn’t reinvent the wheel, but it does give a respectful nod to Origins and Helvetios. It features an uplifting, energetic chorus and a melody that never lets up, pushing the story forward. A surprising guitar-led midsection brings us to a strong, dramatic conclusion. One of my favorites — largely because of that impactful ending.
6 – Awen
The last of the pre-released singles, Awen tries a sound closer to early 2000s rock, favoring clean vocals at the cost of instrumental complexity. While I don’t hope they continue in this direction, the instrumental sections in the second half still make it an interesting track.
7 – Anamcara
I love this song — it’s a spoken-word interlude rather than a sung piece, a first for Eluveitie. The haunting narration layered over simple acoustic guitar and soft chanting gives me chills. This time the lyrics are in English and tell of a bleak future, shifting the Ànv world from past to future. This should have been the album’s intro — and I’d love to hear more tracks in this style.
8 – The Harvest
Here, Eluveitie ventures deeper into their heavier side (without losing their array of traditional instruments, of course). The harsh vocals dive into deeper growls than we usually hear from them, and the song’s dynamic highs and lows are used effectively to support the narrative. In my view, this is one of the album’s standout tracks.
9 – Memories of Innocence
This time, nothing we haven’t heard before — it’s an instrumental piece that feels straight out of a thousand years ago. This is exactly what I want from the band to balance out the intense moments with ancient, festive tones.
10 – All Is One
Here, we get something new: a narrative ribbon of sorts that showcases the new clean singer’s abilities. Although it’s intended as a ballad, it suffers from the same flaw as Awen — it should be longer, or part of a larger piece. Still, two elements make this song stand out. First, the opening lyrics sound like a lullaby, adding a mystical flair. Second, the spoken-word segment features a voice that sounds oddly electronic, like it’s coming from an intercom — was this a mistake, or is it meant to hint at a futuristic turn?
11 – Aeon of the Crescent Moon
One of my top picks. The mixing at the beginning separates the crystal-clear vocals from the instruments beautifully, without compromising either. The song gradually transitions into classic heavier Eluveitie territory, where screams, chants, choirs, drums, and strings all weave together seamlessly. The only downside is a somewhat flat ending — but it doesn’t cancel out the epic journey that precedes it.
12 – The Prophecy
The album’s closing track immerses us one final time in their world, with tribal chants and a narrator’s voice that makes you feel like you’re deep in the woods with legendary characters. Surprisingly long for a closing song, it sometimes even feels like a main track — which is refreshing. Ultimately, this last piece stands out both for its immersive storytelling and for the cryptic, futuristic sounds at the end, which feel more sci-fi than medieval. Who knows where Eluveitie’s stories will lead next?
In summary, this album isn’t my favorite, but it’s far from a failure. It’s more of an exploration — one that sometimes veers a bit too far from the Eluveitie we know, but often follows or even refines their formula (no doubt helped by the creative energy of new band members). I still encourage every fan — or even the merely curious — to give the album at least one listen. You’ll almost certainly find a few tracks that pull you deep into the fantasy world of Ànv.
Final score: 7/10
by RAPHAËL DROUIN