Spectacle: Le 4 octobre 2024 au MTelus de Montréal
Organisateur: evenko
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
De retour à Montréal pour un sommet du thrash metal qui promet avec trois bands légendaires ayant grandement contribué à l’évolution du genre des années 80 à aujourd’hui. La tournée, intitulée The Klash of the Titans, souligne la rivalité entre Testament, représentant du Bay Area, et Kreator, pionnier du Teutonic Thrash Metal allemand.
Possessed, également originaires du Bay Area, sont les premiers à entrer en scène. Ils ne tardent pas à captiver l’auditoire avec leur album culte Seven Churches, sorti en 1985, et c’est la pièce « Pentagram » qui démarre en force. C’est un spectacle à guichets fermés, et la foule est présente tôt, prête à vivre une soirée de pur thrash. Jeff Becerra, unique membre fondateur encore actif, est installé dans son fauteuil roulant, mais cela ne l’empêche pas de nous envoyer ses screams mi-thrash, mi-death, évoquant sans contredit Chuck Schuldiner, un de mes artistes préférés, qui a toujours affirmé avoir été influencé par Possessed. Le début du spectacle est marqué par la rapidité des morceaux. Côté son, les guitares se perdent parfois dans les passages rapides, mais les solos ressortent bien et la batterie frappe fort. Jeff conserve sa voix distincte qui s’accorde parfaitement aux compositions. Cependant, durant ma pièce préférée, « The Exorcist », son micro tombe en panne, ne revenant qu’à la fin, malgré ses efforts pour alerter l’équipe technique. Musicalement, « The Exorcist » est brillamment exécutée, et je dois dire que j’adore ce riff. Le point culminant est sans aucun doute le refrain entraînant du classique death metal, un aperçu de ce qui allait devenir le genre, avant que Chuck et Scream Bloody Gore de Death ne le popularisent pleinement.
POSSESSED
La salle est pleine à craquer lorsque Kreator prend la scène, provoquant une réaction collective de la foule avec leur décor impressionnant, composé de trois immenses démons à l’arrière-plan et de cadavres empalés sur les côtés, renforçant l’ambiance. Dès les premières notes de « Hate Über Alles », un immense pit se forme, la foule criant le refrain en chœur. « Phobia » ne fait qu’intensifier l’enthousiasme, et Mille Petrozza, excellent frontman, parvient à élever l’énergie d’un cran supplémentaire. Après cette chanson, il incite le public à se diviser pour un premier Wall of Death, et dès que le riff rapide d’ »Enemy Of God » résonne avec le cri de Mille, la foule se précipite avec une intensité impressionnante. L’atmosphère dans la salle est électrique, et je n’ai que rarement vu un parterre aussi animé. « 666-World Divided » et « Hordes Of Chaos » continuent d’alimenter cette dévotion passionnée des fans. Au niveau du son, tout est quasi parfait : les guitares sont distinctes, les solos à l’avant-plan, la batterie puissante et la voix de Mille impeccable. Il gère sa voix intelligemment, ménageant ses efforts pour les moments cruciaux, mais quand il la pousse, c’est incroyable. À 56 ans, il livre une performance au-delà des attentes, tout en jouant de la guitare rythmique et du lead avec énergie. Trois autres Wall of Death marquent le spectacle, et la foule se sépare à une vitesse record, dès que Mille fait signe. C’est impressionnant. Les titres « Betrayer » et « Phantom Antichrist » génèrent des circle pits gigantesques, utilisant presque tout le parterre. Mille rappelle leur premier concert à Montréal en 1987, mentionnant un record de body surfing de 2000 personnes. Ce soir, les fans ne le déçoivent pas, avec une vague incessante de corps transportés vers la scène, le slam omniprésent. Mille conclut en affirmant que le Québec est la meilleure foule de la tournée, et Frédéric Leclercq, anciennement de Dragonforce, renchérit en disant que le Québec est toujours un moment fort de chaque tournée. Le groupe termine avec « Pleasure to Kill », un final explosif avant l’arrivée de Testament.
Lorsque j’ai vu l’annonce de cette tournée, j’étais excité, mais c’est en découvrant que Testament jouerait exclusivement des titres de leurs deux premiers albums, The Legacy et The New Order, que j’ai su que je devais y être. Ces deux albums sont parmi les meilleurs de l’histoire du thrash. C’est rapide, féroce, avec des mélodies mémorables, et Chuck Billy possède une des voix les plus puissantes du genre. Alex Skolnick, maître incontesté de la guitare, offre des solos à couper le souffle, même après près de quatre décennies. Le groupe commence avec « Eerie Inhabitants » et « The New Order », et l’énergie monte immédiatement. Le son est impeccablement équilibré, autant à l’arrière qu’à l’avant. Pour moi, le moment fort est « Apocalyptic City », une chanson culte, avec une intro de guitare spectaculaire suivie de riffs rapides et tranchants. Le solo est incroyable, combinant mélodie et technique, et Chuck Billy y ajoute une touche plus punchée que sur l’album. Sa voix, un trésor national, vieillit comme du bon vin, capable d’alterner entre chant granulé et growl profond. Ce gars-là est loin de Mustaine en live.
KREATOR
Mille Petrozza nous a fait sortir le meilleur de nous-mêmes, mais Chuck Billy est tout aussi charismatique, avec une approche plus sympathique. Après des titres comme « Raging Waters » et « The Preacher », Eric Petersen introduit « The Haunting », un autre classique. Chuck nous surprend ensuite en jouant « Native Blood », en hommage aux Autochtones du Québec, une belle surprise avec un refrain accrocheur. « First Strike Is Deadly » ramène l’intensité, et Alex Skolnick brille de mille feux avec un solo impeccable. Le show se termine avec des classiques comme « Alone in the Dark », où tout le monde chante le refrain, et « Disciples of the Watch ». Mais il manquait encore un titre emblématique, et c’est avec « Into the Pit » que le groupe clôt la soirée, un morceau parfait pour vider toute l’énergie restante.
Ce fut un spectacle incroyable, des légendes du thrash qui offrent des performances mémorables, sans artifices ni backtrack. Bravo à eux pour ce show authentique et organique. On se revoit au prochain concert, cheers!
TESTAMENT
Setlist Possessed
Pentagram
Ritual
Tribulation
Graven
The Exorcist
Demon
Death Metal
Swing of the Axel
Setlist Kreator
Hate Über Alles
Phobia
Enemy of God (‘Coma of Souls’ intro)
666 – World Divided
Hordes of Chaos (A Necrologue for the Elite)
Hail to the Hordes
Betrayer
Satan Is Real
Mars Mantra
Phantom Antichrist
Strongest of the Strong
Terrible Certainty
The Patriarch
Violent Revolution
Pleasure to Kill
Setlist Testament
Eerie Inhabitants
The New Order
Apocalyptic City
Raging Waters
The Preacher
The Haunting
Trial by Fire
Native Blood
First Strike Is Deadly
A Day of Reckoning
Alone in the Dark
Disciples of the Watch
Over the Wall
Into the Pit