Spectacle: Le 15 juin 2024 à la Source de la Martinière de Québec
Organisateur: Blinded By Faith
Photographe: Alexis B.C. (collaborateur)
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Un beau samedi en perspective avec le retour attendu de Blinded By Faith après 7 ans d’absence, et Blackguard qui refait surface après quelques années tranquilles. Il y a déjà un peu de monde à la Source lorsque Born Divided brise la glace. Leur formation compte 3 membres qui sont aussi dans Blinded By Faith, donc double duties pour eux.
Ça commence en force avec eux, le son est large et plutôt clair, et les gars sont déterminés à bouger au maximum malgré un stage assez compact. J’aime beaucoup leur premier album et en live, ce qui me surprend en premier, c’est la qualité de la prestation vocale de Maxim Lévesque. Il excelle dans toutes les facettes de sa délivrance, que ce soit son growl plutôt gras, sa voix plus criarde bien maîtrisée qu’il intensifie à souhait et encore davantage son clean qui possède un registre à faire rêver. En effet, il est capable de monter dans les aigus sans qu’on sente que sa voix veut décrocher ; c’est précis et chaleureux. Son growl donne l’intensité nécessaire pour supporter les riffs pesants, parfois rapides, qui puisent principalement dans le Melodic Death Metal. Les deux guitaristes jouent à l’occasion des leads très mélodiques, parfois deux mélodies différentes qui se complètent bien sans tomber nécessairement dans le Gothenburg sound. C’est toutefois Fred Bédard qui s’occupe de la majorité des solos, et il le fait avec brio et un grand enthousiasme, ça se voit qu’il feel chaque note dans son interprétation. Nous avons aussi Tommy Demers, le chanteur de Blinded By Faith, qui, en plus d’assurer la fondation rythmique à la basse, nous garroche des segments vocaux quasi gutturaux, cela amène une belle dynamique avec Maxim. Une solide performance d’ouverture pour ce groupe prometteur comptant des musiciens chevronnés et des compositions qui s’adaptent merveilleusement bien au live. Si vous n’avez toujours pas écouté Impending Doom, je vous recommande fortement ce premier album.
BORN DIVIDED
Après une transition assez longue entre les deux groupes, Valfreya entre avec une bonne énergie sur scène. Nous remarquons rapidement qu’il y a des ajustements de son à faire. Nous entendons la back track orchestrale en avant-plan avec les guitares qui sortent légèrement du mix, la voix est un tantinet trop basse sans que ce soit agaçant, le drum est bien là, mais la violoniste est inaudible pourtant elle donne une couleur importante à leurs compositions. Au fil des chansons, la qualité s’améliore, à mon soulagement pour le band qui se donne à fond, mais toujours pas de violon. Certaines transitions sont parfois moins fluides entre des passages qui frappent fort et d’autres plus paisibles avec de la bonne guitare clean. On a droit d’ailleurs à un bon shred qui sonne un peu guitare espagnole, bien pensé dans le contexte de la pièce. La chanteuse possède une belle voix et un répertoire qui frôle l’opéra par endroits, un clean qui peut monter amplement et un growl shriek qui embrasse le Black Metal. J’aime le mélange. Les tempos de drum sont assez variés, allant du blast beat avec de grosses guitares à des moments plus dénudés qui laissent respirer la chanson. Je serais curieux de les revoir dans un contexte sonore qui les favorise. Il y a de nombreux riffs intéressants, tantôt lourds et après plus rapides, quelques solos, et la couche orchestrale s’impose bien.
VALFREYA
Maintenant, arrive le moment de revoir Blackguard après de nombreuses années. Je confirme que l’intensité du groupe sur scène n’a pas ralenti du tout. Mené par le chanteur survolté Paul Ablaze, l’énergie déployée est maximale et il se charge d’embarquer chacun de nous dans la valse. Je peux vous affirmer que les gens présents étaient contents de revoir Blackguard, ça brasse dans le pit, ça chante, c’est festif et captivant. Paul va de gauche à droite et reste toujours sur le bord du stage pour être proche de la foule. Son vocal a un débit rapide, sa voix est dans le style Equilibrium, Ensiferum, et leur musique s’oriente dans cette direction également lorsqu’ils proposent des morceaux issus de la période Profugus Mortis ou bien le premier album de l’ère Blackguard. Ces chansons sont plus Melodic Death Metal avec un côté folklorique qui se fait entendre notamment avec le keyboard qui est très entraînant et les riffs de guitare qui t’ordonnent de bouger. Quand Paul annonça la première chanson de cette période en blaguant qu’ils sont un groupe qui a changé significativement de style au fil des ans, surtout sur leur dernière sortie en 2020 avec Storm. Le feu a pris à cet instant, frappant l’assistance de nostalgie avec ces hymnes grandioses, mélodiques et imprégnés de joie de vivre. Le tout est servi avec agressivité évidemment, ce qui donne le punch nécessaire.
Parlant du son, il est très bien, plus élevé en volume que les deux groupes précédents. La guitare lead est toutefois plus difficile à entendre du côté gauche de la salle, donc je suis rendu à droite. De ce point de vue, en avant, ça sonne en sacrament. David Gagné est un excellent guitariste qui vient de se joindre au band, et il prouve qu’il a les habiletés pour remplir le rôle avec précision. Il effectue les solos du catalogue de façon bien sentie, et on s’entend qu’il y a des leads et des solos hyper mélodiques qui requièrent de l’adresse sur le manche. L’autre guitare s’occupe d’une solide rythmique et Justine aux tambours emporte le band avec des beats rapides bien travaillés, surtout au niveau du jeu de cymbales. Même quand le groupe nous joue Storm et Firefight, des pièces qui s’éloignent complètement du folk, c’est plus gras sans lésiner dans l’intensité et l’appréciation. J’adore les lignes de keyboards, cela ajoute tellement de profondeur à la balance des autres instruments. Je suis conquis, j’espère en entendre plus de Blackguard et définitivement c’est une formation à voir se produire en spectacle, ils te ramassent dès les premiers instants en t’agrippant jusqu’à la fin.
BLACKGUARD
J’allais presque oublier qu’il reste le repas de subsistance avec Blinded By Faith qui nous sert Under An Occult Sun pour souligner les 20 ans en 2023 de l’album culte du groupe. Ils démarrent en force avec « Submit To The Summit » et l’incroyable « Tear The Purple Curtain », l’enthousiasme est au rendez-vous. En l’absence de pianiste dans le band, une back track joue, mais elle est très basse dans le mix, donc les chansons ont une saveur différente en show, plus rentre-dedans. Cela permet d’entendre davantage les guitares qui sont superbes. Rien de trop complexe, mais c’est si bien composé, c’est catchy tout en étant déployé avec une poigne de fer. Nous sommes tous très emballés dès le début, la nostalgie bat son plein et le groupe semble quasi euphorique d’être sur scène à performer. Le guitariste Mathieu Plamondon est tout sourire sans arrêt et je peux comprendre avec toutes les parts trippantes qu’ils jouent. Michaël Beaudoin, qui jouait plus tôt dans Born Divided, s’implique beaucoup aussi, son arme est un peu plus haute dans le mix que Mathieu, donc on entend super bien ses leads. Je demeure du côté droit pour optimiser l’entente des leads et des solos à Mathieu qui viennent me chercher, c’est tellement accrocheur.
Tommy Demers est en feu, particulièrement pour un gars qui livre son deuxième show. Sa voix est toujours aussi dominante, autant dans son vocal scream qui shriek à souhait, il est toujours capable de monter dans les aigus un peu à la Dani Filth. Il ne faut pas sous-estimer son growl non plus qui a une présence très large et puissante. Je capote sur son tone de voix quand il utilise cette corde à son arc. Il est très actif en se promenant, et il annonce chacune des chansons en mentionnant de quelle année le succès provient. Ils ne jouent pas Under An Occult Sun en ordre, ils naviguent dans la discographie en attaquant des chansons parues sur Chernobyl Survivor qui sortent très bien ce soir. Je dois admettre que les genoux me plient un peu quand il annonce « The World Has Something To Offer », les riffs, les mélodies ainsi que tous les changements de tempo m’ont toujours allumé totalement dans celle-là. Un autre gros hit pour moi se fait entendre et c’est « The Triumph of Treachery », quelle pièce intéressante qui conclut normalement l’album de façon triomphale. On a droit aussi à « Weapons Of Masturbation », oups « Mass Distraction », c’est de ta faute Tommy, c’est de même que tu l’as annoncée ! Bref, une chanson qui a du mordant avec de gros riffs et du blast beat sans réserve, cette chanson est d’une grande efficacité en show.
La diversité des riffs est une force chez Blinded By Faith, on flirte parfois avec le Melodeath de Gothenburg dans les mélodies. Il y a plusieurs riffs Black Metal en trémolo, d’autres avec du gros picking qui rappelle Slayer et les premiers d’Iced Earth. Sinon, quelques solos mémorables bien placés et le fond de trame de keyboards qui prenait plus de place à leur début de carrière, s’emparant parfois du lead ne se contentant pas seulement d’ambiances ténébreuses. À l’époque, les lignes de piano me remémoraient Stian Aarstad qui était d’office sur Enthroned Darkness Triumphant de Dimmu Borgir, quel chef-d’œuvre à mes goûts. Le groupe a pris depuis longtemps une autre direction en quintet, cependant le rendu live de tous les albums est hyper agréable, ça fracasse en masse. La conclusion en rappel est tout aussi malade avec « Burning Rebellion » qui vient purger le reste du méchant qu’on avait à sortir. Ce soir, ils ont fait des heureux et Blinded By Faith a ravivé la flamme en démontrant qu’ils n’ont rien perdu de leur chopes. Je leur souhaite de poursuivre ce nouveau chapitre de leur aventure et j’espère qu’ils iront à la table d’écriture en gardant tous les meilleurs éléments qui définissent l’expérience Blinded By Faith. Une soirée qui suscite l’engouement pour la suite. On se voit au prochain show, cheers ! \m/
BLINDED BY FAITH