Spectacle: Le 13 septembre 2023 au Théâtre Capitole de Québec
Organisateur : District 7 Production
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Je ne peux prétexter être un partisan invétéré de Jinjer, ça serait malhonnête parce que jamais je ne militerais chez un de mes amis pour qu’il ajoute une de leurs chansons à sa liste de lecture. Toutefois, attends un peu là, tu n’es définitivement pas non plus en train de lire une critique d’un gros frustré borné qui profite de sa petite tribune, aussi modeste soit-elle, pour prendre un vilain plaisir à sous-estimer un band qui ne cesse d’accroître son auditoire. En effet, il y a des groupes qui, sans me faire éperdument tombé en amour avec leurs vibrations, me captivent spécialement dans une situation live et c’est le cas des ukrainiens. De ce fait, j’avais eu l’opportunité de les voir en août 2022 à Bloodstock en Angleterre et ça s’était avéré un de mes spectacles favoris de ce festival de 4 jours. Maintenant, ce soir à Québec, c’est comment vous vous dites? Wo minute, il y a tout d’abord Monuments qui joue en prélude à cette première prestation de Tatiana et sa bande dans la capitale.
Monuments
J’arrive donc au Capitole pour la deuxième fois en 4 jours, alors que j’avais assisté au spectacle des plus divertissant de Steel Panther dimanche dernier. Le groupe Monuments entame ses premières note à l’instant, bon timing. Je me trouve sur le parterre bien au centre accoté dans la barrière où se situe la régie du son, mon spot de prédilection. Je ne connais que quelques chansons du groupe qui ne m’a jamais bien impressionné sur album avec son metalcore quelque peu générique agrémenté de peu de couleur. Ça chug solide sur la grosse corde une rythmique similaire qui se perpétue incessamment avec de petites variantes bien subtiles. Le guitariste emploie une 7 cordes et disons que la grosse se fait gâter pas mal plus que les autres, à les rendre jalouse j’en présume. La basse possède un peu plus de nuance, mais c’est principalement le batteur qui m’interpelle avec une certaine créativité dans son jeu, une belle utilisation des cymbales, de savoureuses descentes de toms en puissance et un double bass drum bien syncopé. Le chanteur possède un contrôle très juste de ses divers vocaux, il puise dans le scream légèrement aigu, le growl qui peut s’avéré bien gras par moment et son clean qui me fait penser à la voix d’un jeune prépubère. Néanmoins, sans être trop dans mes cordes de vocaliste, il l’exécute avec aisance. De plus, il a une excellente présence scénique, il est très actif tout comme le reste du band qui bouge à souhait, ne ménageant pas leur énergie pour nous mettre la table avant la tête d’affiche.
Au niveau du son, c’est sourd un peu, il n’est pas facile de déceler ce que la guitare joue, elle se colle beaucoup à la basse. Il ne faut pas se cacher que la variété dans les riffs n’est pas une priorité, c’est la plupart du temps des parties qui bounce avec le bass drum en appui. Heureusement le drummeur nous met quelques artifices afin de ne pas tomber dans la monotonie totale. Finalement, le chanteur annonce une pièce que je connais bien intitulée I, the Creator et je me dis yes il y a une bonne mélodie de guitare en partant dans celle-là. Déception s’en suit parce que la dites mélodie joue faiblement en back track, alors que le guitariste s’occupe de faire le semi breakdown simpliste toujours sur la grosse corde par-dessus. Je suis d’accord que c’est impossible pour un seul homme de jouer 2 guitares en live, mais stp fais-moi au moins la mélodie principale dans face, meh. Conclusion, j’ai aimé l’énergie du groupe, le chanteur maîtrise sa voix en plus de faire office d’un très bon frontman, le son aurait pu être clarifié et le drummeur est habile. Vais-je en écouter plus dorénavant chez moi? Non.
MONUMENTS
Setlist MONUMENTS
Cardinal Red
I, the Destroyer
Degenerate
False Providence
Opiate
Nefarious
Lavos
I, the Creator
Jinjer
Le temps de parler avec quelques amis présents, aller me chercher une limonade et c’est reparti pour le groupe tant attendu pour lequel de nombreux adeptes s’était amassés dans un line up considérable bien avant l’ouverture des portes. C’est sous des lumières bleutées que les 3 musiciens de Jinjer font leur entrée sur les planches du Capitole. Je remarque derechef 8 écrans rectangulaires nord sud à l’arrière de la scène et du drummeur qui affichent une thématique végétale colorée se mariant à merveille avec l’éclairage. Ce décor changera constamment durant la prestation afin d’offrir divers atmosphères éblouissants. L’engouement est palpable lorsque la chanteuse versatile Tatiana Shmaylyuk apparaît de l’obscurité telle la lumière au bout d’un tunnel sombre, mais ce n’est pas notre mort qui approche, au contraire la vie n’a jamais battu son plein aussi fortement dans le théâtre jusqu’à présent ce soir. En effet, mon analogie découle du costume revêtant la brune aux 2 tresses. C’est un accoutrement qui brille à la noirceur de toutes ses lignes blanches éclatantes pour s’assurer qu’on ne la perde jamais de vue même lorsque la pénombre se manifeste au courant de la performance. La meilleure comparaison pour sa tenue qui me vient à l’esprit est un clin d’oeil à un habit squelettique moulant sauf qu’à l’exception des os du corps, on aperçoit de nombreuses lignes bien blanches et scintillantes. C’est réussi, tous les yeux sont rivés sur elle.
JINJER
Il va de soi que le concept de cette mise en scène concentre l’attention de l’auditoire sur la chanteuse et les musiciens eux se consacrent à la droiture de leur jeu respectif chacun positionné à leur extrémité formant un triangle quasi équilatéral. La détentrice du micro se promène abondamment avec une gestuelle tantôt charmante, souriante voir séduisante, tantôt foudroyante d’agressivité prête à kicker le premier hurluberlu qui tenterait de gravir son espace de travail. Elle sait très adroitement manier douceur et fermeté tandis que ses confrères s’assurent de suivre la cadence du métronome en n’échappant rien au passage. C’est une section rythmique qui pourrait probablement faire avouer l’inimaginable à Fletcher (JK Simmons) dans Whisplash, finally this is quite my tempo! Si vous n’avez pas visionné ce chef d’oeuvre cinématographique, l’invitation est lancée.
De son côté, Vladislav Ulasevich est à lui seul captivant à regarder jouer des tambours. Je peux me concentrer avec joie pendant une pièce entière sur sa section en tentant de décortiquer tous les détails de ses prouesses. Il possède une belle technicité se prouvant avec ses 4 membres indépendants l’un de l’autre. Il y aussi une suffisante variété dans les tempos offerts lors de ce concert, on nous garde en haleine en alignant de façon judicieuse les titres du setlist afin de nous garder bien éveillé. Je peux vous confirmer que la foule présente sur le parterre est active et ne se fait pas prier pour s’agiter énormément. À chaque fois que je passe dans le pit, je suis sur mes gardes parce que ça fesse de tous les côtés plus spécifiquement dès qu’un beuglement sort de la bouche de la splendide zébrée. Je passe une partie du set près de la barrière devant en conservant mon positionnement tant bien que mal parce que je reçois dans le dos des corps qui se sont envolés ou fait projeter avec vivacité. C’est la tumulte dans la joie, les gens se défoulent en appréciant pleinement chaque instant musical livré de façon compétente. Après avoir soutirer quelques satisfaisants clichés et vidéos, je me lasse de mes nouveaux voisins trempés à la lavette et de leur odeur de coton humide pour regagner mon foyer initial aux côtés de mes amis situés devant l’équipe de son.
Le son. C’est avec plaisir que je déconstruis toutes les subtilités qui nous sont balancées sans avoir besoin de tendre l’oreille pour les notifier. Un travail impeccable des musiciens oui, mais je lève ma casquette aux personnes qui s’occupent des consoles puisque le groupe obtient l’opportunité de se révéler dans sa plus magnifique expression. Même pendant les passages qui sont plus brutaux et/ou complexes dans des morceaux tels que Copycat, Call Me a Symbol et Sit Stay Roll Over, par exemple, on décèle aisément tout ce qui se déploie sous nos yeux et nous pouvons ainsi apprécier avec émerveillement chacun des instruments. D’autre part, au moment que je croyais que l’apogée de la déchéance dans le slam avait été atteint, le début mélodieux clean autant à la voix qu’à la guitare de Pisces se fait entendre et laissez-moi vous dire que lorsque la distorsion de la guitare accompagnée du scream de Tatiana ont embarqué, le monde a perdu les pédales. J’étais content d’avoir battu en retraite pour admirer la vue d’ensemble de ce chaos. Cette chanson phare du groupe qui les avaient propulsé il y a quelques années en terrain connu a eu l’effet d’une bombe sur le parterre. La situation ne se calmera pas jusqu’au rappel qui est personnellement mon morceau préféré débutant sur le gros blast beat sale suivi d’une passe non sans rappeler Dark Tranquillity quand les suédois ouvrent les valves. C’est un instant de grande intensité, l’énergie restante est déversée sans lendemain pour une complaisance générale de tous les participants.
C’est une soirée de grandiose que Jinjer nous a offert. Tatiana a servi une performance bien sentie au niveau de sa gestuelle, ses interactions avec nous et surtout dans l’expression de toutes les facettes de ses capacités vocales qui sont énormes. J’avais sincèrement aimé leur performance à Bloodstock, cependant c’était plus intime ce soir. J’ai aimé cette proximité et le bulldozer de son qui m’a piétiné sans relâche du début à la fin. Mention honorable aux metalheads présents qui ont été endiablés, actifs et très bruyants. Il ne fait aucun doute que le métal est en grande forme à Québec et le quatuor ukrainien a pu en témoigner. Je ne crois pas qu’ils se feront prier pour revenir nous revisiter rapidement. Cheers, on se voit au prochain show qui sera Beast in Black vendredi dans mon cas!
Setlist JINJER
Perennial
Ape
Copycat
Teacher, Teacher!
Who Is Gonna Be the One
I Speak Astronomy
Call Me a Symbol
Vortex
Home Back
Pisces
Dead Hands Feel No Pain
Judgement (& Punishment)
Sleep of the Righteous
As I Boil Ice
Encore:
Sit Stay Roll Over