24:11:29 – Blood Incantation / Midwife (Montréal)

Spectacle: Le 29 novembre 2024 au Théâtre Fairmount de Montréal
Organisateur: Extensive Enterprise
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque

PAR FRANÇOIS MORISSET
[Photographe]
[M7 Photographie]
PAR STÉPHAN LÉVESQUE
[Critique du spectacle]
[Metal Anthology]

Après la sortie de l’éclectique Absolute Elsewhere, un mélange de Progressive Death Metal/OSDM combiné à du 70’s Progressive Rock/Progressive Electronics, Blood Incantation est en tournée pour la promotion de ce chef-d’œuvre, et ils le jouent en entier. Nous arrivons donc à l’avance au Théâtre Fairmount et je me dirige à la merch au fond, car ils ont définitivement des designs fort attrayants. Probablement victime de leur succès, il n’y a plus rien sauf du 2X et 3X, alors à moins de planifier de prendre 50 lbs prochainement, je dois me raviser et sortir bredouille.

Toutefois, ne soyons pas si hâtifs, une première partie a lieu du nom de Midlife. Il s’agit d’une demoiselle en solo accompagnée de sa guitare. Elle plaque des accords sur un tempo très lent, et sa voix surplombe le tout avec une certaine sérénité. Il y a beaucoup d’effets dans sa voix, créant une sonorité très ambiante avec de l’écho. Le tout s’agence bien avec le son de sa guitare électrique en mode clean. Bref, nous avons droit à de petites berceuses douces avant de recevoir une bonne gifle de Death Metal. C’est définitivement un choix d’ouverture qui fait jaser parmi l’assistance. Ma perception est que Blood Incantation désire créer un énorme contraste afin que ça frappe encore plus fort quand ils entreront sur scène. Au final, le stage est déjà prêt quand elle termine son set, que je pourrais qualifier de Indie ambient. C’était bien exécuté et elle possède une belle voix. Néanmoins, j’aurais pris volontiers un band qui fitte davantage avec la soirée.

MIDWIFE

Maintenant, place aux gars de Denver que je suis impatient de voir depuis des années. La scène comporte quelques éléments intéressants avec deux gros piliers remplis d’écriteaux de chaque côté de la scène, donnant un effet égyptien. On peut admirer également derrière le drum d’Isaac Faulk un énorme gong que j’ai hâte d’entendre. Il y a également le beau setup de différents synthétiseurs, mellotron et station d’effets qui permettront au Suédois Nicklas Malmqvist de nous transporter dans un autre univers complètement. À noter que Nicklas a pris part au dernier album, aidant les gars de Blood Incantation à créer toutes sortes d’ambiances pour ajouter à la profondeur de l’album, qui est extrêmement riche en sonorités venant de l’espace.

Le groupe embarque donc, et ça commence en furie avec la pièce Stargate du nouvel album, qui sera joué en entier et dans l’ordre. Le premier segment de cette pièce donne le ton immédiatement avec des riffs colossaux du chanteur-guitariste Paul Riedl et beaucoup d’harmoniques au lead guitare par Morris Kolontyrsky. Le mélange des deux est pesant et génère une atmosphère tirée des confins de l’espace, ce qui sied à merveille au titre de l’album Absolute Elsewhere. Je vais clarifier d’emblée la question du son : c’est totalement ridicule comment ça sonne bien. On peut décortiquer tous les petits détails avec aisance, ils reproduisent quasi à la perfection les moindres subtilités de ce chef-d’œuvre. Lorsque la chanson prend une tangente plus Progressive Rock lors de la partie centrale, c’est planant à souhait, et on peut admirer le génie de ces compositions dans toute sa splendeur. Le métal revient en force pour la fin de la pièce, et le bordel pogne dans le pit. Ça brasse beaucoup plus qu’on pouvait s’attendre. Disons qu’on a beaucoup d’énergie en réserve après une première partie très reposante.

Les deux autres parties de Stargate défilent avec notamment le sublime crescendo dans le point 2, et la conclusion est la meilleure partie à mon avis, que d’excellents riffs avec du vocal profond d’outre-tombe par Paul. À signaler à quel point Isaac Faulk transporte littéralement ces chansons avec beaucoup de créativité sur ses caisses. Il n’y a rien de banal dans son jeu, il a toujours les petites touches qui élèvent les chansons à un autre niveau. Paul Riedl prend la parole par la suite pour nous remercier de l’accueil et annoncer la deuxième portion de l’album The Message, qui est aussi divisée en trois parties.

L’introduction de la chanson est tout simplement phénoménale à mes oreilles et live est rendue avec une efficacité implacable. Les riffs sont très ventilés pour faire de la place à la double caisse d’Isaac, aux touches de lead de Morris et à l’ambiance prenante de Nicklas. Autant que j’adore Stargate, je préfère légèrement The Message. La partie initiale de la pièce est une de mes chansons préférées de l’année, beaucoup de drive en show avec de nombreux leads qui s’épanouissent dans cet océan auditif.

La portion médiane laisse place à une connotation Pink Floydesque sans détour, même que Paul nous envoie des vocaux clean rappelant l’illustre David Gilmour. Nous ne sommes pas loin de la pièce Breathe sur Dark Side. Isaac utilise alors son gong et ne se gêne pas pour le tabasser avec adresse en se servant de son immense bâton couronné d’un bout ressemblant à un gros marshmallow. La montée en intensité débloque finalement de grosses guitares électriques pour nous amener vers la troisième partie, qui est tout aussi délicieuse. C’est la conclusion épique qui se dessine déjà, et on peut percevoir toute la tension augmenter tout au long de la chanson. On le sait tous où cela aboutira, mais en attendant, on apprécie ce monument progressif qui évolue d’un riff à l’autre avec une surprenante fluidité.

Finalement, nous parvenons à la mélodie tant attendue, qui scelle le tout avec brio. Pendant cette dernière exécutée par Paul, Isaac s’en donne à cœur joie sur ses tambours et les variations rythmiques. Je trouve que cette finale n’est pas sans rappeler son autre band de Black Metal, Wayfarer, qui est excellent par ailleurs. C’est donc fait, Absolute Elsewhere a été interprété en entier, et c’était fabuleux. Ils ont su faire vivre cet album avec une conviction désarmante.

Retour en arrière ensuite avec la chanson Inner Paths, qui est solidement meilleure en show. Nicklas prend une pause pendant cette chanson, mais il revient seul sur scène dès que celle-ci s’achève, et c’est au tour du groupe de sortir en coulisse pour lui laisser tout l’espace. Il s’amuse alors à créer une ambiance nous faisant voyager sur une autre planète. C’est un son constant qu’il module progressivement avec ses instruments électroniques et son mellotron. Nous plongeons tête première dans le Progressive Electronic. Faulk revient sur scène et s’applique à faire des percussions sur son gong géant avec 2 bâtons cette fois. Je trouve que cette partie est très créative et contribue à soutenir l’atmosphère venant d’un autre monde. Il joue beaucoup avec les nuances, y allant avec de petites secousses pour culminer sur de grands coups tout en puissance.

Ce passage était une façon admirable de préparer l’assistance pour le coup de grâce avec la pièce Obliquity of the Ecliptic. Cette dernière était un point très fort du show avec de nombreuses mélodies obscures et un festival de gros riffs cinglants. Je vais être honnête : j’en aurais pris plus. C’était une heure condensée d’une grande qualité. Rien pour se plaindre toutefois, j’étais encore affamé. En somme, un spectacle incroyable exécuté par des musiciens de haut niveau. J’ai déjà hâte de les revoir. On se croise au prochain show.

BLOOD INCANTATION

Setlist Blood Incantation

The Stargate [Tablet I]
The Stargate [Tablet II]
The Stargate [Tablet III]
The Message [Tablet I]
The Message [Tablet II]
The Message [Tablet III]
Inner Paths (to Outer Space)
Rappel:
Obliquity of the Ecliptic

Picture of Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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