Spectacle: Le 3 octobre 2024 à la Salle Montaigne de Québec
Organisateur: District 7 Production
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Dire qu’on a failli avoir Dark Tranquillity et Amorphis à la Source de la Martinière. Je n’ai absolument rien contre l’établissement que j’affectionne avec de bons choix de bières, mais j’étais inquiet que deux groupes de cette envergure ne soient pas bookés dans une salle plus majestueuse. Heureusement pour nous tous, le spectacle a été déplacé à la Salle Montaigne qui affiche sold out en ce jeudi. Je ne suis pas certain qu’on aurait rempli l’Impérial et cela fait un concert plus intime pour les plus grands fans de ces groupes scandinaves.
Fires In The Distance ont la lourde charge de tenter de dérouiller les pentures de l’assistance qui affiche une moyenne d’âge qui laisse croire que l’arthrose fait partie de la vie de plusieurs. On ne rajeunit pas, mais on est tout aussi fous qu’avant, ça fait simplement plus mal le lendemain. Le groupe de Death Doom s’élance donc avec ses longues pièces mélodiques contenant des riffs généralement pesants qui sollicitent du headbang sporadique. Le piano est au centre de leur son sur album et sacrilège, il n’y a aucun keyboard ou instrument à touche sur scène. On entend du piano en back track plus faible dans le mix que sur leurs 2 albums et je suis déçu puisque c’est la pièce maîtresse de l’identité du band à mon humble avis. De plus, le snare sonne avec le plus long delay de tous les temps, je l’entendrai encore en background pendant Amorphis. De plus, le lead guitar est trop faible dans le mix également, ce qui atténue l’impact de ses solos.
Bon, ok, j’ai fait le tour des petits désagréments, cependant il y a beaucoup de positif dans leur performance. Le vocal utilise un growl assez profond qui soutient bien les rythmiques de guitare bien ficelées. Même si le piano est plus faible et en trame de fond, cela ajoute une superbe dimension au son global et les leads de guitare se fondent dans l’ensemble pour créer un tout hyper agréable à l’oreille. C’est également une belle façon de démarrer la soirée en termes d’intensité, ça nous réveille doucement sans nous faire trop dépenser d’énergie. Le chanteur parle sans se précipiter, imprégné d’une sérénité surprenante avec une voix bien virile. J’ai bien aimé les 4 pièces toutes tirées du dernier album que j’apprécie bien, Crumbling Pillars Of A Tranquil Mind étant ma préférée ce soir.
FIRES IN THE DISTANCE
Et voilà Amorphis qui se pointe, le groupe m’avait laissé sur ma faim au 70K Tons Of Metal avec 2 performances identiques avec le même setlist et qui manquaient de punch. J’imagine qu’il y avait un brin de hangover derrière tout ça. Ils jouaient bien, mais étaient complètement inertes sur scène, ce qui pouvait occasionner quelques bâillements. Ce soir, ils semblent d’une belle vivacité toutefois et les deux premières pièces interprétées provenant du dernier opus Halo ont un effet immédiat sur la foule. Les mélodies mémorables de guitare sont en évidence, la voix de Tomi Joutsen est en superbe forme, autant lors de ses growls profonds qu’avec sa voix clean plus délicate, voire envoûtante. La touche au clavier style années 70 de Santeri Kallio ajoute une dimension plus progressive dans les passages instrumentaux, l’atmosphère générale est incroyable pour être honnête et quelle qualité sonore. Ils enfilent maintenant Sky Is Mine, une pièce upbeat avec un riff succulent que je pourrais entendre pendant une heure sans m’en lasser. Un highlight de la soirée et les spectateurs sont captivés. Castaway du deuxième album suit sous peu avec un son plus rétro et tout aussi efficace. J’ai un ami qui ne connaissait pas tant le groupe à part de nom et il s’en mordait les doigts de ne pas avoir pris le temps de les écouter avant. Jamais trop tard, surtout quand tu reçois une leçon dans ta face comme introduction à l’univers d’un groupe.
Amorphis revient par la suite avec 2 chansons plus récentes qui sont excellentes. Le setlist coule beaucoup mieux que la bière de choix mondain qu’on nous sert. Avec toutes les microbrasseries de grande qualité que nous avons au Québec, svp donnez-nous un meilleur éventail de possibilités par pitié. Je dois admettre toutefois que le prix est raisonnable, alors j’imagine qu’on ne peut pas tout avoir. C’est alors que le groupe se lance dans les gros classiques avec My Kantele qui sonne tellement bien en version live et l’incontournable Black Winter Day. Tomi en profite pour souligner qu’il apprécie l’enthousiasme des gens présents, y allant même d’un sincère compliment disant que Québec est de loin le meilleur show de la tournée nord-américaine jusqu’à présent. J’avoue que je suis plutôt fier de l’accueil et de l’engouement suscités durant les chansons et surtout entre ces dernières puisque la foule est très bruyante proclamant le nom du groupe à plusieurs reprises. Cela se termine avec l’époustouflante chanson The Bee qui est conçue pour nous crisser à terre en show. En effet, ça sonne du tonnerre avec la rythmique orientale et la voix ultra pesante et caverneuse de Tomi. Les passages cleans sont si mélodieux et apaisants pendant qu’Esa joue un lead tout simplement légendaire en arrière, c’est le coup de grâce. C’était le prochain niveau d’intensité dont nous avions besoin avant les légendes du Melodeath de Gothenburg, Dark Tranquillity. C’est définitivement le meilleur show des 4 que j’ai vus d’Amorphis et je crois que notre énergie a été contagieuse pour eux sur scène, un échange que plusieurs se souviendront longtemps.
AMORPHIS
Bien échauffés que nous sommes, les Suédois démarrent la pièce initiale Shivers and Voids du dernier album Endtime Signals acclamé par les critiques. D’emblée, nous le savons tous que ça va être débile parce que le son est parfait et les gars sont en feu sur le stage lorsqu’ils constatent que nous n’entendons pas faire les piquets muets. Dès les premières notes de Hours Passed In Exile, les décibels augmentent instantanément pour ce morceau énergique de Damage Done qui n’avait pas été joué depuis belle lurette. Mikael Stanne annonce plus tard la superbe Unforgivable du nouvel album et ça éclate derrière nous à l’avant-scène. Ce premier single m’avait sacré à terre lors de mon écoute initiale et live, c’est une méchante claque sur la marboulette. La clarté de chaque instrument bien découpé au couteau japonais génère une vague de joie dans le pit et on voit les gens se rentrer gentiment dedans avec le sourire imprégné au visage. C’est comme vivre un retour dans le passé avec une nouvelle chanson, tu as de la nostalgie sans être lassé de l’entendre, bref c’est comme une stimulante nouvelle fréquentation qui te rappelle ton ex qui avait le tour de faire monter le thermostat lors de moments torrides.
Le show se poursuit avec Atoma qui est sensationnelle et si efficace en spectacle, l’ambiance est incroyable et permet de préserver du stamina pour ce qui s’en vient. En effet, Mikael prend le temps de nous mentionner qu’ils ont voulu ramener quelques pièces qui n’avaient pas ou presque pas été jouées par le passé, notamment Nothing To No One, et là, le bordel prend solide. Cette dernière est un méga highlight, une dynamique incroyable avec ses tempos différents qui te gardent aiguisé et ses riffs rentrent dedans, si tu ne bouges pas, c’est que tu es déjà mort de l’intérieur à mon avis. S’ensuivent 2 nouvelles tounes dont la rapide Neuronal Fire, je l’aimais déjà, mais en show, j’ai eu un coup de cœur, siboire que c’est bon et la camaraderie a repris de plus belle autour. Les gens se font entendre fortement, le groupe est ébahi devant nous et c’est alors que Cathode Ray Sunshine apparaît dans nos vies. Une autre composition parfaite de l’album sensationnel qu’est Damage Done, la nostalgie frappe et les gars derrière moi aussi, alors c’est le temps d’embarquer dans la danse. Sérieusement, les mélodies sublimes de cette chanson engendrent des sourires de satisfaction de toute part.
Après l’excellente Not Nothing du dernier album, Mikael nous fait une longue présentation de la prochaine qu’ils voulaient supposément faire live à la sortie de l’album Fiction, mais c’était un peu rapide et complexe. Finalement, ils sont en mesure de la faire 17 ans plus tard et c’est Empty Me. Mikael nous mentionne aussi que l’accueil qu’ils reçoivent ce soir à Québec après un mois de tournée est comme un retour à la maison. Ne te gêne pas de revenir rapidement, surtout. Empty Me est un autre hymne inédit qui joue beaucoup avec les contrastes. En effet, le gros blast beat accompagné du riff trémolo sombre aux tendances Black Metal affronte le refrain down tempo avec la mélodie douce du clavier surplombée de la voix agressive de Mikael, c’est du bonbon et de petites ecchymoses dans le slam pour certains. Pas le temps de s’en remettre que Phantom Days débute et l’intensité prend une coche que je ne croyais pas qui serait atteinte ce soir. Le monde vire sur le top carrément pour celle qui ouvre l’album Moment. Mikael nous confie ensuite que c’est le meilleur show de la tournée et qu’il est toujours impressionné à chacun de ses passages au Québec. Je peux comprendre, car à chaque fois qu’une chanson se termine, c’est une ovation générale ou bien on crie DT comme des animaux. Le groupe conclut une soirée sans bavure avec Lost To Apathy et Misery’s Crown, qui sont des incontournables dans le catalogue de la formation de Gothenburg. J’ai vu DT probablement 8 fois depuis 2002 et je peux attester que ce soir, c’est une page d’anthologie qui vient d’être écrite, vivement leur retour. Comme dit mon chum Sylvain, Dark Tranquillity sont dans une zone présentement, ça n’a pas de calisse d’allure. On se voit au prochain show, cheers \m/.
DARK TRANQUILLITY
Setlist Amorphis
Northwards
On the Dark Waters
Sky Is Mine
The Moon
The Castaway
Silver Bride
The Wolf
Wrong Direction
My Kantele
Black Winter Day
House of Sleep
The Bee
Setlist Dark Tranquillity
Shivers and Voids
Hours Passed in Exile
Forward Momentum
Unforgivable
Atoma
The Last Imagination
Nothing to No One
Wayward Eyes
Neuronal Fire
Cathode Ray Sunshine
Not Nothing
Empty Me
Phantom Days
Lost to Apathy
Misery’s Crown