Spectacle: Le 13 Septembre 2024 au Campus Charlesbourg (Salle Montaigne) de Québec
Organisateur: Envol et Macadam
Photographe: Julie Voyer (collaboration spéciale Chicks Rock Media)
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Quoi de mieux qu’un show de Death Metal un vendredi 13, dites-le-moi, je ne pense à rien d’autre. Ainsi, c’est mon baptême (no pun intended Glen) de Deicide et également de la récente Salle Montaigne à Québec. Mon impression en entrant est très positive, je suis agréablement surpris et l’ambiance à l’extérieur est endiablée, me rappelant les shows lorsque j’étais adolescent. La salle est d’une belle grandeur, capacité que j’estime grossièrement autour de 500 personnes, avec un plafond très élevé et ce qui détonne le plus, c’est que tout est noir, oui il le fallait. Nous avons donc une atmosphère très sombre et lugubre pour accueillir des shows métal, c’est parfait.
Le temps de frayer mon chemin à l’intérieur, Cloak s’active déjà intensément avec son Black’n’Roll plutôt carré et simple. Un très bon band d’ouverture qui s’assure de donner le ton avec une ambiance scénique qui comprend des chandelles, de l’encens qui boucane à petit feu et un groupe vêtu de circonstance. Le son est très bon et défini, le drummer brasse ses canisses avec force, il n’est pas là pour flatter ses peaux. Les blast beats et le double bass drum se succèdent que pour prendre de courtes pauses dans des passages plus épurés où l’on entend davantage les influences Rock’n Roll de la formation. Le vocal se situe du côté Black Metal du spectre et est très bien exécuté, alors que les guitares exercent du picking conventionnel pour le style avec l’utilisation du trémolo à profusion. Parfois, on peut entendre quelques influences plus atmosphériques, ce qui permet aux compositions de respirer avant de repartir de plus belle. La table est donc mise pour le Death Metal qui suivra.
CLOAK
Ainsi, c’est Inferi qui poursuit le carnage avec leur Technical Death Metal aux accents très mélodiques. Je vois le groupe pour la première fois avec leur nouveau guitariste en remplacement de Mike Low (Oubliette), qui n’est pas étranger à la scène. En effet, Sanjay Kumar a participé à l’excellent album Demiurgus par Equipoise, qui contenait entre autres dans ses rangs Phil Tougas de First Fragment et Hugo Doyon-Karout de Beyond Creation. La performance du groupe est impeccable comme on peut s’attendre avec des musiciens de la sorte. Ce qui me saute aux yeux en partant, c’est le jeu très sophistiqué de Spencer Moore aux tambours. Il est très inventif dans ses patterns, en plus de filer à une vitesse infernale. Malcolm Pugh à la guitare a une présence massive sur scène et joue avec précision les riffs vraiment rapides et tricky du groupe, en plus de nous régaler de solos bien sentis et mélodieux, renfermant leur lot de technique. Steve Boiser, au vocal, manifeste son enchantement d’être de retour au Québec, en mentionnant que nous sommes pour lui la capitale du Death Metal. Très flatteur, et les gens le lui rendent bien. Son vocal est au point avec son scream haut perché, appuyé par des growls très bas de la part de Malcolm. Dans leur court set de six chansons, nous avons droit à une toute nouvelle pièce qui démarre de façon très lourde, avec des riffs excessivement pesants qui viennent de Sanjay. C’est ce qu’il me confiait après le spectacle, ajoutant qu’il intégrait quelques moments plus slam et pesants dans les compositions du groupe menées par Pugh, ce dernier acquiesçant en mentionnant qu’il désirait diversifier un peu, tout en gardant l’essence technique et rapide du groupe. À mon avis, c’est un excellent agencement qui offre plus de dynamisme encore tout en restant fidèle à l’ADN du band. Le seul problème avec Inferi, c’est qu’ils ne jouent pas assez longtemps, et on doit se contenter d’un coït interrompu après six tounes.
INFERI
Place maintenant aux vétérans de Krisiun, ce trio brésilien que j’ai vu pour la dernière fois en 2003 avec Hate Eternal, ça fait un bail. C’est une affaire de famille pour ce groupe qui sont 3 frères évoluant au saint du même groupe depuis leur tout début en 1990, nous pouvons avancer qu’ils n’ont pas trop de chicane de famille ceux-là. C’est avec un fracas qu’ils débutent leur performance, ils ne sont peut-être que trois, mais ça brasse sur un méchant temps. C’est du Death Metal très rapide sur le blast beat principalement sans sortir trop des sentiers battus. Ils jouent très droits avec une bonne présence de scène. Le frère à la batterie possède une technique peu orthodoxe avec un snare très haut, il tient ses baguettes en les coupant de quelque pouces sans pour autant que ce soit à la manière jazz. Je me demandais comment il pourrait faire un show complet, toutefois il m’a prouvé encore une fois qu’il n’est pas nécessaire d’être élégant pour varger un drum avec précision. Les vocalises d’Alex sont gutturales, profondes, sans effet et il s’occupe de la basse en même temps. Finalement, il faut souligner les qualités époustouflantes à la guitare de Moyses qui ne fait pas que nous bombarder de gros riffs sales, mais il est aussi en maîtrise totale de son instrument avec quelques solos éblouissants. Il est tout aussi impressionnant en rapidité que par la définition chirurgicale de chacune des notes. Il s’aventure même dans les gros sweeps mélodiques à quelques occasions et son alternate picking est déconcertant, une vraie mitraillette qui touche la cible à chaque fois. Pendant quelques vieux succès des deux premiers albums, ils ajoutent des parties solos délectables, agréable de le voir renchérir des morceaux déjà puissants.
KRISIUN
Pour clore cette déchéance musicale, nous avons les légendaires Deicide, menés par leur frontman Glen Benton, qui n’a pas l’air plus gentil que d’habitude sur scène, avec son visage sévère et menaçant. On aime ça. Le groupe s’assure d’embarquer la foule dès les premiers instants, en nous balançant des classiques de premier ordre, notamment When Satan Rules His World et Carnage In The Temple Of The Damned. Il réside une énergie dans la Salle Montaigne : les sourires, les cris, les horns et les headbangs affluent de partout. Les gens sont contents de leur soirée, et elle n’est pas terminée du tout. Le groupe est en pleine promotion de leur nouvel opus, et ils nous jouent cinq pièces au total de ce dernier, en ayant la délicatesse (puis-je utiliser ce mot dans un texte sur Deicide ? Pas sûr) d’alterner constamment avec un classique du groupe, afin de conserver l’attention générale. À noter que les chansons de la nouvelle offrande sortent super bien en show et ont leur place. Le guitariste Taylor Nordberg, le dernier à s’être ajouté au band en 2022, nous démontre l’étendue de son talent dans chacun de ses solos, qui sonnent très clairs même en avant de la scène, tout comme Krisiun plus tôt. Glen prend tout de même le temps d’envoyer un blast de bêtises au gars du son après quelques chansons, mentionnant qu’il s’entend comme dans une boîte de marde sur scène et qu’il se demande à quoi ça sert d’avoir ça. Au milieu de la chanson suivante, il dit avec un demi-sourire « much better », un chic type diplomatique comme on en connaît peu.
Plus le concert avance, plus les membres du groupe semblent apprécier leur passage, affichant de larges sourires malgré le fait que le guitariste Kevin Quirion manque de recevoir une bière en pleine tronche, mais, comble de chance, il se penche au même moment. Après la pièce, il s’affaire à essuyer son pedalboard, et on comprend qu’il a probablement vu venir le projectile au final. Au drum, Steve Asheim est toujours aussi efficace, nous adressant une multitude de blasts et toute l’artillerie habituelle du genre sans tomber dans le technique. La voix de Glen s’améliore à mesure que le spectacle avance. Son growl est profond à certains moments, mais il ne semble pas pouvoir le tenir aussi gras bien longtemps. C’est peut-être intentionnel, sinon sa voix demeure sombre et brutale. Il nous lance à l’occasion, de façon spontanée, ses cris beaucoup plus aigus, qui ajoutent une dimension toujours appréciée dans les versions studio. Bien entendu, sur album, sa voix est souvent doublée, triplée, et parfois il y a deux lignes vocales bien distinctes, donc c’est impossible à reproduire en show. Je considère qu’il s’en sort admirablement bien, surtout en jouant ses parties de basse qui ne sont pas les plus tranquilles. La fin du concert approche, et Deicide nous termine ça en grande force avec quatre bombes. Dead by Dawn soulève la foule, notamment, et ensuite Scars Of The Crucifix cloue le cercueil, avant que le band ne revienne pour une dernière danse, en l’occurrence Homage For Satan, qui est depuis longtemps ma chanson préférée du band. Le solo du défunt Ralph Santolla est une œuvre d’art en soi, en termes d’intensité combinée à un côté extrêmement mélodique. Je peux vous affirmer que Taylor a rendu un hommage très honorable à cette composition écœurante. Cela conclut une prestation merveilleuse et une soirée mémorable. J’ai senti un engouement ce soir, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la salle, une soirée d’anthologie qui mélangeait les jeunes, les semi-jeunes, les presque vieux et les vieux. Une harmonie grandiose régnait. On espère en revivre de nombreuses soirées de la sorte. On se voit au prochain show. Cheers \m/
DEICIDE
Setlist Deicide
When Satan Rules His World
Carnage in the Temple of the Damned
Bury the Cross… With Your Christ
Behead the Prophet (No Lord Shall Live)
Once Upon the Cross
From Unknown Heights You Shall Fall
Sacrificial Suicide
Woke From God
Satan Spawn, the Caco-Daemon
Sever the Tongue
In Hell I Burn
Doomed to Die
They Are the Children of the Underworld
Dead by Dawn
Scars of the Crucifix
Homage for Satan