Spectacle: Le 10 août 2024 au Parc Terre-des-Jeunes de Victoriaville
Organisateur: Rock la Cauze
Photographe: Julie Voyer
Compte-rendu: Sylvain Carrier
Jour 3
Ultime journée de Rock la Cauze en ce radieux samedi, alors que la tempête Debby a laissé place au soleil à Victoriaville, contraste majeur avec la veille.
C’est aux vétérans des Pistolets Roses qu’appartient le mandat d’ouvrir la journée, proposant un rock radiophonique et estival, dont quelques pièces bien connues des amateurs de radio. La foule est plutôt stoïque, peu réactive mais respectueuse durant la performance du groupe, bien que les membres soient complètement statiques sur scène. Tout fonctionne, jusqu’à ce que le chanteur nous pousse ses airs de « Liberté » et s’écrie « Fuck les wokes », après avoir soutenu qu’on ne peut plus dire « les gars et les filles » dans la société d’aujourd’hui. Es-tu correct, buddy? On parle du même gars qui disait dans la première phrase de son show que les filles de Victoriaville sont « les plus belles poules du Québec ». J’ai vu les Pistolets Roses il y a environ 20 ans (ils s’appelaient Pénélope à l’époque) et c’était excellent. Maintenant, c’est bien dommage mais même si la musique est « écoutable », c’est du stock qui cadre moins dans ce type de festival, c’est tout sauf dans l’esprit du punk et du métal. Le message dénigrant aura sûrement rejoint quelques personnes, la musique s’écoute bien, mais on passe à autre chose…
LES PISTOLETS ROSES [ Désolé, aucune photo en raison d’un contretemps. ]
Les Ordures Ioniques suivent ensuite, proposant un punk pur et dur, fidèle aux attentes d’un festival comme Rock la Cauze. On célèbre en choeur l’anniversaire de la chanteuse, puis le reste fait juste du sens: des paroles engagées, un groupe dont les membres sont exhubérants, mobiles sur scène, contraste définitif avec leurs prédecesseurs. Les amateurs, quoiqu’encore peu nombreux, sont bruyants et actifs au parterre, ce qui laisse croire que le reste de la journée sera assez épique. Mention d’honneur à leur version de « l’armée canadienne », qu’on chantait à l’époque dans les camps de jour comme étant l’armée mexicaine… Good Ol’ days, eh! Performance réussie pour les Ordures Ioniques, parfaitement au bon endroit sur le bill de la journée.
LES ORDURES IONIQUES
Les Shirley suivent, fidèles à leur rock sympathique et tellement efficace, qui leur a d’ailleurs valu les éloges des membres des Foo Fighters l’an dernier. Ça rentre, c’est parfaitement dans la vibe de l’heure (17h00); on a même droit à un cover de TATU, les jeunes Russes qui avaient fait exploser les Zinternet au début des années 2000 avec leur succès All the Things She Said. Original! Je manque une partie de leur prestation puisqu’il faut bien se nourrir, mais les pièces auxquelles j’ai assistées sont solides et confirment que le trio montréalais font partie des étoiles montantes du rock au Québec.
LES SHIRLEY
Exterio
C’est ensuite au tour d’Exterio de faire sentir sa présence à Rock la Cauze et MY, OH MY… tout ce qui a été dit concernant leurs performances live se confirment… fou raide! Le charisme des gars est palpable dès les premières notes de la pièce Le Savant Fou, et leur énergie se répand très, très rapidement. Les membres du groupe ont justement une énergie contagieuse; ils offrent une visite fidèle de leur large discographie, qui couvre plus de 20 ans de carrière. Ainsi, on entend Whippet, hurlée par les fans au parterre, de même que Bonhomme 7h, Campanile, alouette… Les gars ont du plaisir à jouer ensemble sur la scène et ça crève les yeux. Ceux-ci sont d’ailleurs très actifs sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur la page de Rock la Cauze, y mettant souvent un petit grain de sel humoristique. La performance du groupe est inspirée, et on répète autour de moi que le groupe devrait être invité à chaque année. C’est oui! Le groupe propose mème un petit wall of death durant sa performance, confirmant sa proximité au heavy metal. On en redemande!
EXTERIO
Sublime with Rome
Choix controversé comme headliner, Sublime with Rome est ensuite proposé au Parc Terre-des-Jeunes, vraisemblablement attendu de plusieurs amateurs. Proposant un rock trèèès léger, bien plus porté vers le reggae, le groupe californien réussit rapidement à transformer l’odeur humée sur le site… reggae oblige! Hum. Il ne faut pas s’attendre de Sublime with Rome à ce que le chanteur nous encourage à mosher; ça s’écoute tranquillement, verre à la main en placotant avec nos potes; c’est un peu comme une pause bienvenue dans une journée consacrée à de la musique résolument plus lourde et étrangement, c’est une pause qui fait du sens et qui est bienvenue. La formation joue une vingtaine de pièces, mais garde ses deux plus gros canons pour la fin, soit What I Got et Santeria, vers d’oreilles assurés pour le prochain mois. Très sympathique comme proposition de la part de Rock la Cauze que d’y aller avec ce groupe, beau travail!
SUBLIME WITH ROME
Atreyu
Retour au heavy metal (enfin!) ensuite, alors que la formation américaine Atreyu nous propose un metalcore mélodique qui sonne à merveille dans un festival comme celui-ci. Bon, l’arrivée du groupe se fait sur Sandstorm de Darude, la pièce la plus cliché du siècle, mais rapidement le techno laisse toute la place à la pièce Drowning, du plus récent opus The Beautiful Dark of Life. Rapidement, je me surprends à préférer mille fois plus le chanteur Brandon Saller à son prédecessur Alex Varkatzas; ce sont des préférences personnelles, évidemment, mais il est charismatique, mobile, talentueux et le demereura tout au long du spectacle. En fait, les gars du groupe ont l’air franchement heureux d’être sur place et le font régulièrement savoir à la foule, Saller mentionnant d’entrée de jeu que le mosh pit qui a déjà lieu sur le parterre est le plus rapide qui s’est formé dans sa carrière. On prend cela avec un grain de sel, mais bon, ça agrémente les acclamations de la foule. La formation concentre sa prestation sur sa période d’avant 2010 est post-2020, laissant de côté quelques albums plus ou moins mémorables et préférant les classiques. Durant Save Us, le chanteur demande à la foule du côté droit de la scène de bouger un peu; ça devient un classique dans les festivals et un irritant qu’on voit chez plusieurs groupes : les zones VIP apportent peu d’énergie et viennent contaminer le parterre un brin, ce qui est dommage pour tout le monde au final. Bon, certaines personnes s’y activent, au moins, et deux circle pit sont alors aperçus. Saller prend un bain de foule, dans lequel il se perd d’ailleurs, ne sachant pas comment retourner sur la scène, un des nombreux moments cocasses de leur prestation. Moment très émotif alors que Brandon Saller entame Like A Stone, d’Audioslave; sa voix résonne sur le site et ne laisse personne indifférent… Frissons garantis! Le groupe nomme le contraste de jouer après Sublime with Rome, nous offrant un court passage de Santeria, entonné par la foule amusée et pendant lequel le chanteur trouve Charlie (Waldo) en s’écriant, autre moment d’hilarité collective. Événement plus inquiétant ensuite, alors qu’une spectatrice semble blessée sérieusement à l’avant de la scène; Atreyu cessera son spectacle durant plus d’une dizaine de minutes, continuant d’interagir avec la foule durant tout ce temps et guidant les paramédics et les fans pour que tous soient à leur place. Il fait même séparer les personnes des deux côtés du blessé à la manière d’un wall of death, appelant plutôt cela un wall of life. Clever! Atreyu complètera finalement sa performance après une quinzaine de pièces plus efficaces les unes que les autres, laissant un merveilleux souvenir aux amateurs présents sur place. Énorme prestation!
ATREYU
Arch Enemy
Très attendue à Rock la Cauze à en juger par le nombre de t-shirts qu’on voit de la formation, Arch Enemy embarque finalement sur scène pour clore le festival. Il faut se le dire, le populaire groupe de melodeath a constitué une immense (et plaisante) surprise lors de l’annonce de leur présence par le festival. Le chanteuse Alissa White-Gluz est évidemment mise à l’avant-plan à Victoriaville, elle qui est Québécoise d’origine et qui parle donc un français impeccable. À l’instar d’Atreyu, le groupe semble heureux d’être sur place et offre une performance inspirée. Étonnamment, on retrouve beaucoup de pièces de l’ère pré-Alissa, dont plusieurs provenant du classique Wages of Sin, ce qui ne manquera pas de plaire aux amateurs du Arch Enemy old-school. Bon, certains continueront de comparer Alissa White-Gluz à Angela Gossow, comme c’est le cas avec les chanteuses de Nightwish, mais je me contente de leur répondre de décrocher; White-Gluz est extrêmement efficace, charismatique, et elle constitue probablement le meilleur choix qu’il y avait pour remplacer Gossow à l’époque. Les mosh pits sont nombreux, la foule est dense, tout se passe à merveille malgré mon scepticisme initial que les gens allaient demeurer très longtemps, peut-être impressionnés par les vocals de la bande européenne, mais non! Les enfants courent encore un peu partout et les gens demeurent fidèles au poste. Arch Enemy aura réussi à clore à merveille cette autre édition mémorable de Rock la Cauze!
ARCH ENEMY
L’équipe du festival mérite toute notre reconnaissance, d’ailleurs. De l’équipe de promotion aux vendeurs sur place, de l’équipe qui s’occupe de booker les bands (surtout en cette année particulièrement complexe en raison de l’annulation de Sum 41) à celle de la sécurité, chapeau! Tous ont le sourire, tous participent activement à rendre Rock la Cauze un des festivals les plus courus au Québec. Shoutout aussi aux organisateurs du Festival au Lac et du Red Bridge Festival, qui ont donné un coup de main à l’organisation pour trouver deux headliners de dernière minute. Et surtout, merci à tous les fans présents, qui le sont pour la musique mais aussi pour des causes vraiment nobles. On se revoit l’an prochain!
Setlist Atreyu
Drowning
Santeria (reprise Sublime)
Ex’s and Oh’s
Like a stone (reprise Audioslave)
Blow
When Two Are One
Drum Solo
Save Us
Setlist Arch Enemy
Deceiver, Deceiver
The World Is Yours
Ravenous
War Eternal
House of Mirrors
My Apocalypse
The Watcher
The Eagle Flies Alone
Handshake With Hell
Sunset Over the Empire
No Gods, No Masters
As the Pages Burn
We Will Rise
Encore:
Enemy Within
Burning Angel
Snow Bound
Nemesis
Fields of Desolation