Spectacle: Le 19 novembre 2023 au Centre Bell de Montréal
Organisateurs : Evenko, Greenland Productions
Compte-rendu: Mathieu Girard
L’univers unique de Tool est enfin de retour à Montréal
Avant dernier arrêt de la tournée nord-américaine de TOOL au Centre Bell de Montréal avec Steel Beans en première partie le 19 novembre 2023.
Steel Beans
Belle bibitte sonnant dans le spectre variable entre White Stripes et Artic Monkeys, qui a décidé de jouer les tounes les plus difficiles du jeu vidéo coopératif Rock Band en God Mode, mais tout seul… on est toutefois loin des hommes-orchestres des quartiers touristiques. On a affaire à tout un virtuose.
Solo de guitare tout en tenant le beat à la batterie, l’autre chanson le contraire, ensuite au clavier en grattant, la cloche à vache qui s’y met, vraiment superbe démonstration de tout ses talents. Il a su nous faire taper du pied tout au long de sa performance et s’est assurément fait de nouveaux fans, à voir la réaction de la foule.
Parfaite première partie pour nous faire réaliser, si on ne le savait pas encore, que cette soirée sera tout sauf conventionnelle…
Steel Beans, « You Rock! »
Tool
J’en suis à mon 2e show de Tool. J’avais manqué leur spectacle à Montréal en 2001, qualifié par les critiques « d’apocalyptique ». Leur seconde venue en 2017 fut toute une expérience, après leur hibernation créative. Toutefois, cette tournée était avant leur nouvel album Fear Inoculum (13 ans après 10 000 days), donc c’est avec beaucoup de hâte que l’on a tous désir de se faire envoûter par ces morceaux en version live.
Et ce fut le cas. On a eu droit à l’album quaisi intégral ( petite déception, il ne manquait que 7empest, une de mes favorites), qui est encore plus majestueux en communion collective avec tous les effets visuels qui nous transportent ailleurs. Maynard James Keenan met le feu aux poudres en nous menaçant de nous appeler Toronto au lieu de Montréal si on ne crie pas plus fort. Lui, il a compris notre point faible! De plus, il rappelle la règle sacrée de la soirée: pas de captation photo ou vidéo durant le spectacle, en échange de nous laisser la possibilité de filmer la dernière. Il nous implore de le faire: « Put your fucking phone down, we are telling you a story here… » Marché conclu, la foule se laisse emporter dans ce périple. Les quelques contrevenants sont vite avertis par la discrète mais efficace sécurité.
Après Jambi et Rosetta Stoned, on a droit à l’envoûtante Pneuma, où Danny Carrey nous démontre avec brio le son de tous ses multiples percussions de façon tellement inhumaine mais oh combien harmonieuse.
Intolerance (surprise de l’album Undertow, boudé au dernier spectacle, qui nous rappelle que Maynard avait bien plus de place en frontman classique sur les plus vieux albums et que, lui aussi, il est un artiste vocal de grand talent.
Après une courte entracte, Danny nous revient avec une performance solo, en premier lieu avec un gong, avec sa batterie et enfin avec une console de son, distordant les ondes sonores. On venait de faire un Chocolate Chip Trip…
Ensuite, les 4 musiciens sont assis en mode intime, 3 cordes (Danny à la mandoline, Justin et Adam avec leurs instruments classiques), pour entamer Culling Voices, avec leur étoile caractéristique tournant au-dessus de leurs têtes. Ils ont enchaîné avec Invincible, qui, autant visuellement que musicalement, fut majestueuse et magnifique.
Après un « Happy Birthday Justin! », pour finir, tel que promis, James nous permet de sortir nos « stupid fu*kin phones » pour filmer la dernière, Forty Six & 2. Avertissement : il nous promet de botter le « vag*na » (même d’en installer un aux personnes qui n’en ont pas) de tous ceux et celles dont le flash de leur appareil resterait ouvert. On est revenus à un mode de concert plus classique avec toutes ces lumières électroniques éclairant la salle. On venait de comprendre une partie de l’histoire qui venait de nous être racontée. De se concentrer à 100% sur le spectacle gravera des souvenirs indélébiles du passage du groupe, bien plus forts que ceux captés numériques.
Les remerciements post-spectacle se font sans le chanteur, que plusieurs rumeurs le rendent introverti, sensible à la lumière, etc. J’aime penser que c’est aussi sa façon de laisser toute la place à ses 3 acolytes, qui, dans l’ombre du chanteur, sont les ingrédients essentiels à la recette du groupe.
Et, pour officialiser le fait qu’il n’y a pas de rappel (et pour que le Centre Bell se vide promptement), on a droit à « Dancing Queen »!
Pendant l’entracte, deux fidèles tentaient de préparer leur néophyte ami, qui en est à sa 1re expérience avec le groupe.
« Nous non plus, on n’était pas convaincus en écoutant Tool la 1re fois. Mais quand tu les vois live, « you’re in for a treat and it’s for life! »
C’est exactement ca, Tool. Un univers unique, une expérience indescriptible, parfois indigeste à la 1re écoute, mais qui récompense la persévérance. Rien de conventionnel, on déstabilise pour établir nos propres règles. Et le festin final, tel les dernières bulles d’un Astérix, célèbre les irréductibles fans finis (et pulvérise les mauvais bardes…)
Je ne peux que vous souhaiter de vivre une telle démonstration visuelle, auditive, extrasensorielle, un jour. Avant cela, on pourra bientôt se préparer avec leur nouvel album, qui est en cours de préparation. Bien hâte de le voir, l’entendre, le sentir, le vivre sur repeat.
Setlist Tool
Fear Inoculum
Jambi
Rosetta Stoned
Pneumao
Intolerance
Descending
The Grudge
– Intermission –
Chocolate Chip Trip
Culling Voices
Invincible
Forty Six & 2
