Spectacle: Le 15 septembre 2023 au Vieux-Port de Québec
Organisateur : Envol et Macadam
Photographe: Julie Voyer
Compte-rendu: Julie Voyer
Comme par les années précédentes, MetalUniverse était à Envol & Macadam pendant toutes les deux grosses soirées de ce festival urbain de musique à se pitcher partout. Et encore une fois, le line-up était prometteur, avec des gros noms comme Agnostic Front et Voivod, et des valeurs sûres comme Rancid et Groovy Aardvark, en plus de groupes bien de chez nous à mieux connaître, comme Don’t Try et Crachat. Cette année toutefois, le festival a dû se détacher des bretelles d’autoroute joliment appelées l’Îlot Fleurie, pour se déplacer vers l’Agora du Vieux-Port, qui a récemment retrouvé ses lettres de noblesse en tant que lieu d’événements.
Donc, le vendredi 15 septembre, c’est la première soirée pour moi, et j’ai bien hâte. Grâce à mon privilège de photographe média, je vais voir des groupes qui étaient populaires « dans mon temps », mais que je n’aimais pas vraiment à ce moment. Faut croire que je n’étais pas dans le mood d’écouter de la musique qui brasse pas mal et des paroles contestataires. Mais maintenant? Oh que oui.
Ça commence de bonne heure, devant une poignée de spectateurs. Pas tout le monde qui peut se libérer avant le souper pour aller en ville. Peu importe, ceux qui sont là embarquent totalement dans le « nu beatdown » de No Face No Case, le groupe de République tchèque qui a gagné le concours Planetrox. Je ne sais que penser de ce style – je pense que ce n’est plus de mon âge… Sans blague, la prestation est bonne, le chanteur se donne à fond, mais je n’accroche pas côté musique. En plus, les jurons et les insultes foisonnent dans les paroles…
NO FACE NO CASE
Passons au groupe suivant, Hate It Too, du punk rock de la vieille école mais pas frustré contre l’establishment. C’est plutôt générique pour moi, mais c’est correct. Et on a droit à deux tounes en français, en exclusivité!
HATE IT TOO
Suit Dance Laury Dance, qui annonce depuis trois shows que c’est leur dernier show, puisqu’ils tirent leur révérence après 16 ans de folies… Je sais à quoi m’attendre, ce sont les Mötley Crüe du Québec, vraiment, tant pour la musique que pour l’attitude et le laisser-aller quasi total sur scène. Ils sont peu bavards cette fois-ci, et même moins vulgaires que d’habitude! Si vous les connaissez, ils ont l’habitude de s’habiller suivant une thématique pour chaque tournée. Là c’est un gilet à l’image de Dany Bédar… Pour s’en moquer ou parce que c’est un ami? Je vous laisse spéculer. Les blagues coulent comme la bière, sauf que celle concernant le très jeune fils du batteur Alex me reste prise dans la gorge. Je ne la trouve pas drôle, et personne ne rit. À réfléchir.
DANCE LAURY DANCE
On passe à un autre niveau avec Groovy Aardvark, un autre groupe de longue date n’ayant rien perdu de sa fureur originelle. Le groupe arrive sur scène sur la musique du film Rencontres du 3e type, et continue les mix improbables de chansons tout au long de sa prestation. On a droit à un rigodon, à un extrait du « P’tit bonheur » de Gilles Vigneault, au thème de Tetris (« T’é triss’ »), à une polka russe, même à un extrait de « La Bitt à Tibi » de Raôul Duguay. Faut le faire! La basse est super lourde, elle prend toute la place, comme je m’y attends d’un groupe dont le chanteur est le bassiste. Le groupe nous fait ses classiques comme « Y’a tu kelkun » et « Amphibiens », sa chanson pour la Terre à cinq percussionnistes, sur le thème du classique enfantin des « Trois p’tits chats ». La foule est encore une fois totalement conquise et participe et chante fort avec le groupe, c’est puissant, c’est beau à voir et à entendre. Entretemps, le chanteur prend le temps de remercier l’organisation d’Envol pour le beau line-up (digne d’un gros festival à mon avis). Enfin, si vous ne l’avez pas remarqué, il y avait une statuette d’oryctérope sur un des amplis. Le diable est dans les détails, people.
GROOVY AARDVARK
Les surprises n’arrêtent pas. Voïvod fait son entrée sur scène et là je ne sais pas trop à quoi m’attendre, parce que 1. le thrash metal n’est pas ma tasse de thé, et 2. j’avais été déçue de leur prestation au FEQ, en 2019. Sauf que là, c’est rare que je sacre et que les mots me manquent mais… côlisse. Ces messieurs de Voïvod, probablement grands-pères puisque le groupe souligne 40 ans de carrière, ils nous balancent une rafale de décibels, de rythmique, de lumière et d’énergie renversante. Ça ou bien un coup de pelle, ça fait le même effet. Ça fesse. Comme j’ai dit, ce n’est pas mon genre de metal, mais je sais reconnaître une bonne prestation, et c’est le cas ici. Ils sont en forme, et le show est tight. Chapeau!
VOÏVOD
Là je me demande si c’est possible de faire mieux, même si c’est déjà bon comme show dans l’ensemble. J’ai ma réponse quand je vois débarquer la gang de L’Académie du massacre, une collaboration entre Mononc’ Serge et Anonymus. Je le dis d’emblée, je ne pense pas avoir jamais vu un show si déjanté. C’est débile et c’est amusant. Le concept scolaire/éducatif est poussé à fond, avec accessoires, déguisements et trucs gonflables (voir photos). Mononc’ Serge habillé en curé, les gars d’Anonymus en culottes courtes et cravate, des clowns, des chapeaux de fête, un cochon pour la version maison de « Another Brick in the Wall », pour souligner le 20e anniversaire de l’album de L’Académie. C’est aussi très québécois, avec des références et des expressions que nous seulement pouvons comprendre. C’est là que je me dis que les croisiéristes du navire arrimé tout près ne doivent pas comprendre grand-chose. Ni trop apprécier la musique. LOL mais on s’en fout, nous on a du fun. La foule participe avec beaucoup, beaucoup d’enthousiasme. Enfin, la cerise sur le gâteau, pour moi, ce sont les mascottes de patates qui envahissent la scène pendant la toune « Les patates » (évidemment). Je suis ravie. Et j’ai envie de poutine. Enfin, le groupe est généreux à la fin du spectacle, et descend dans la fosse photo pour distribuer pics et baguettes sans compter.
On en aurait pris plus, je pense. Il fait encore beau, la foule tarde à se disperser. On a hâte au lendemain!
MONONC’ SERGE & ANONYMUS