23:07:12 – Jonquière en Musique 2023 (Fantera / Messiah Force) (Jonquière)

Spectacle: Le 12 juillet 2023 à Jonquière
Organisateur : Jonquière en Musique
Photographe: JOhell KOdac
Compte-Rendu: Stéphan Lévesque

Mercredi le 12 juillet – Jonquière en Musique – Messiah Force et Fantera

Il y a un mois, dans ma tête, le 12 juillet je serais présent au Festival d’Été de Québec pour assister au spectacle de Lamb of God avec Fit For an Autopsy et Protest The Hero, ça allait de soi. Pour ceux qui ont lu ma critique sur le dernier show d’Alcoholica et Fantera, vous savez que j’avais passé un moment mémorable et ce fut une belle occasion de connaître les membres de Fantera. Tout ça pour en venir au fait qu’il y a environ 3 semaines, je parlais au guitariste Robin Simard et il m’a fait une offre digne du Godfather, c’est-à-dire une que je ne pouvais pas refuser.

Fast forward, mercredi matin Jon, le chanteur du groupe, passe me chercher pour monter au festival Jonquière en Musique que Fantera headline en soirée. C’est un festival éclectique gratuit qui s’étend sur près de 3 semaines, alors j’ai une petite inquiétude sur la réception de Fantera dans un contexte plus familial qui attire aussi des curieux, on verra bien. Inutile de vous dire que la route est endiablée à partir de Québec, ça passe en un claquement de doigt et on rejoint le reste du band au festival. Alors on vide le stock du truck et on prépare le stage pour le soundcheck, une expérience toujours exaltante pour un mélomane fini de voir les coulisses de la préparation d’un show. Je peux vous que confirmer que Robin c’est un véritable chef d’orchestre dans l’organisation des performances du groupe. Il est minutieux et méthodique ce qui est très aligné avec ce que je savais déjà du gars. En effet, il sait redonner justice sur scène à Dimebag, une légende très difficile à émuler et aussi le fait que monsieur fabrique ses propres guitares, mais c’est une autre histoire. Tout le groupe participe activement avec entrain à cette mise en place, même le chanteur ne s’occupe pas seulement d’apporter son micro, il soulève des caisses, je me suis pincé pour être certain que je ne rêvais pas!

Bref, un gros travail d’équipe dans une atmosphère ricaneuse et on arrive finalement aux tests de son. Je suis assis devant le drum à Ray pour regarder les gars pratiquer Mouth for War et Psycho Holiday permettant au maître du son, Jérémie Lavoie, de peaufiner les derniers ajustements pour optimiser le tout pour le publique et les musiciens. C’est incroyable de voir l’évolution rapide de la sonorité, je suis positionné à peu près à la meilleure place pour que ça sonne la canne et malgré tout, pendant Psycho Holiday, tout devient balancé à la perfection avec une grande puissance. Je sais maintenant avec certitude que ça va péter solide tantôt durant la prestation.

On se dirige alors porter nos affaires à l’hôtel et alors qu’on arrive pour rentrer moi et Jon, on entend Robin nous lâcher un cri au loin, hey les gars vous allez faire quoi à la garderie? Bin oui, nous autres les deux clowns, on avait confondu l’hôtel avec un CPE, je n’ose pas imaginer la face du personnel nous voir rentrer 2 métalleux, moi avec mon oreiller et mon sac à dos. Je pense que je leur aurais demandé si j’étais en retard pour la sieste. On s’en va donc souper pour faire le plein toute la gang avec d’autres amis du groupe Raphaëlle, Alysson, Samuel l’ancien drummeur du groupe qui remplace aussi comme guitariste dans Alcoholica et sa copine Sarah.

MESSIAH FORCE

De retour au festival, j’ai l’opportunité, l’honneur de faire la connaissance des membres de Messiah Force qui sont d’une humilité et une gentillesse sans égal. Nous avons une conversation particulièrement hilarante et pimentée avec la chanteuse Lynn qui a toute une personnalité. Elle me fait rire aux larmes quand elle explique tout ce qu’elle fait en préparation d’un spectacle rendu à son âge, je crois qu’elle aurait pu devenir humoriste celle là. Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, ils sont originaires de Jonquière et ils ont sorti un seul album en 1987, The Last Day qui est dans un registre Heavy/Speed Traditional Metal avec des accents Power Metal. À l’époque, ça ne pleuvait pas les groupes dans ce genre de métal qui allaient à des tempos si rapide. On pense à des Liege Lord, Riot et Helloween qui sont toutefois plus purement Power. Je remarque dans quelques pièces une influence du groupe Warlord que j’aime beaucoup et qui était mené par le défunt mastermind, décédé il y a 2 ans, William J Tsamis. Ils se sont donc réunis dernièrement après 35 ans d’absence pour le mariage d’un ami, Richard, qui est posté devant la gate depuis un bon bout. Ils ont par la suite accepté une offre pour un show en Europe et pourquoi ne pas participer au festival dans leur propre ville, une belle histoire.

J’avais déjà écouté leur album quelques fois il y a bien des années et je me suis remis dans le bain pour l’occasion. Il est de retour dans ma rotation, c’est vraiment bien composé et énergique. Ça démarre, je suis sur la clôture devant pour leur arrivée sur scène. En partant, le son est très bon, j’entend un peu moins bien la guitare de Bastien qui est à l’autre bout du stage. Toutefois, en me reculant de quelques pas, tout redevient équilibré, excellent. D’entrée de jeu, le tempo des chansons semble encore plus rapide que sur l’album, ça clanche sur un méchant temps, la batterie de Jean-François Boucher fume, il a le gaz collé au fond et les autres membres suivent cette cadence effrénée avec efficacité. Les solos de guitares sont précis et en général très mélodieux ce qui me fait sourire et brasser la tête allègrement.

Que dire de Lynn, elle est superbe à voir aller sur une scène, elle est tellement à sa place et sa voix est en grande forme. J’adore ses nuances entre une approche très claire généralement high pitch et l’ajout de granularité jusqu’à un certain degré. Elle a probablement mangé de la roche quand elle était plus jeune pour parvenir à un résultat aussi percutant. On s’entend qu’une femme qui chante de cette façon en 1987, c’était quasi inexistant. Je pense à Sabina Classen de Holy Moses qui a débuté un peu avant sinon je n’ai aucun exemple sur le bout des doigts. Sabina est toutefois plus agressive, plus Thrash Metal et joue moins dans les notes aiguës. C’est alors qu’ils jouent une de mes 2 pièces préférées intitulée The Sequel. Quel plaisir d’entendre ces airs de voix si catchy, les riffs rapides et ces solos tout aussi techniques que mélodiques surtout celui de Bastien qui tombe directement dans mes cordes. Jean n’est pas en reste sur sa 6 cordes rouge, il a un style différent avec plus de travail notamment sur la whammy bar ce qui donne une belle diversité en combinant les 2 guitares. Ils jouent finalement la pièce White Night qui me fait justement penser énormément à du Warlord dans les riffs de guitare et aussi un tempo qui peut donner un certain répit de vitesse au groupe, un souffle à la foule, cependant on n’est loin d’une balade, détrompez-vous! C’est une chanson avec des mélodies prenantes autant aux guitares qu’à la voix, c’est hyper bien rendu. Ils reprennent le thème principal de la chanson à quelques reprises et le twist en plusieurs riffs différents ce qui amène une progression et l’absence de répétitivité. Je me sens privilégié d’avoir pu assister à cette performance d’un groupe que l’on croyait 6 pieds sous terre pour y rester, leur exhumation était inattendue et restera gravée dans la mémoire nostalgique de plusieurs.

MESSIAH FORCE

FANTERA

Je retourne back stage pour voir les gars avant qu’ils embarquent sur scène, tout le monde est heureux et gonflé à bloc, ils sont fin prêts à tout déchirer. De mon côté, je suis excité comme un adolescent qui vient de convaincre sa copine d’avoir du sexe pour la première fois, fébrilité et adrénaline emportez-moi. Il faut préciser qu’à l’entrée de Fantera sur scène pour leur intro, la foule a augmenté considérablement ce qui est véritablement une motivation supplémentaire pour le band. Fidèle à leurs habitudes, ils démarrent sur les chapeaux de roues avec Mouth for War et ensuite Fucking Hostile qui sème un engouement dans l’assistance. Les gens comprennent à cet instant que ce n’est pas un petit hommage pour le fun, c’est la cavalerie lourde qui s’en vient leur rentrer dedans de plein fouet et plusieurs d’entre eux n’étaient pas prêts, oh non. En effet, à ma grande surprise, un circle pit très énergique décolle durant le riff bien thrash de la chanson et le feu commence à prendre. On s’entend que nous sommes à un festival familial et que le métal occupe une infime partie de la programmation, j’ai un sourire un peu machiavélique qui se dessine sur mon visage à ce moment hahaha.

Je parlais du son qui était bon même sur scène, mais devant l’estrade (comme dirait Jon), c’est un mur de wattage bien détaillé qui nous passe dans tout le corps, à en frissonner. Inutile de tendre l’oreille pour tenter d’entendre mieux un instrument ou le vocal, tout est là in your face, maudit que j’aime ça des shows de même. This Love est ensuite au programme et je constate que la foule en général embarque davantage, car cette chanson démonte le vocal plus charismatique, posé et très viril de Jon et aussi qu’il ne fait pas que crier comme dirait probablement ma mère. On se retrouve avec une assistance plus intriguée à donner une réelle chance au groupe de se faire valoir et on en a la preuve tout de suite après lorsque Jon demande aux parties gauche et droite de la foule de crier à tour de rôle, déjà il est le bon berger du troupeau qui répond instantanément aux commandes.

Le show se poursuit et je remarque que le vocal de Jon prend encore plus son envol durant le segment de chansons de l’album Cowboys From Hell. Le groupe nous enfile une après l’autre Primal Concrete Sledge, The Art of Shredding, Psycho Holiday et Domination au complet pour conclure avec l’outro de Hollow. Pour ajouter la cerise sur le sunday, ils nous jouent ensuite Cemetary Gates. Je m’excuse, mais pour un fan de Pantera, tu ne peux qu’être sur un nuage de cet enchaînement surtout avec l’interprétation déroutante que le quatuor nous délivre. Ray à la batterie est en puissance, précis, punché comme Vinny savait si bien le faire, Pat à la basse est moody, smooth, tout coule à merveille tandis que Robin déchire tout en ajoutant la couche métallique caractéristique des pionniers du Groove Metal. Son jeu englobe les sonorités typique de Dimebag avec les riffs pesant qui ferait banger la tête d’un actuaire qui écoute seulement du classique, les dive bomb, les pinch harmonic, les solos qui font parler sa guitare et les shred tout en mélodie que l’on connaît si bien.

Le set se poursuit avec Five Minutes Alone qui permet à Samuel de monter derrière le kit le temps d’une chanson avec son ancien groupe. Il nous sert une petite intro qui démontre bien ses aptitudes de drummeur et, quand tu connais son talent de guitariste, tu trouves qu’il fait chier solide d’être aussi bon haha. Samuel est très connu de la plupart des gens présents. En effet, quand je marchais avec lui avant le début du show, il se faisait intercepter aux 2 pas. Bref, solide chanson de transition avant que Ray reprenne les rennes avec plus de fougue encore, tout le monde s’éclate sur le stage, c’est hyper dynamique, ça bouge et on embarque.

Comme si ce n’était pas suffisant, il y a Jon qui reproduit quasi à la perfection la voix de Phil Anselmo de chacune des époques. Il va autant dans les high Pitch à la Rob Halford que dans les vocaux plus raspy voir même près du guttural quand la toune l’exige. Cependant, ce qui me frappe encore plus, c’est qu’il est dans sa zone totale ce soir, il est en mission et cette dernière, il nous l’avait partagée avant le show. Il nous avait dit à soir, je saute du stage direct dans le monde. J’étais avec lui sur le bout de la scène lors du soundcheck et je lui disais, ouais ça prend un bon saut pareil (environ 7-8 pieds), il faut faire attention aux moniteurs devant et il faut t’assurer que le monde soit assez compact. Il me répondit, oui je vais les préparer, mais à soir je saute et c’est ce qu’il a fait. Aux 2 tiers du show, il a dit à la partie de la foule à sa gauche qui était plus compactée, je m’en viens Jonquière, j’espère que vous êtes prêts.

C’est exactement ce qu’il fait et en s’assurant d’avoir le regard du publique braqué sur lui, il s’élance dans l’assistance pieds premiers. Il se fait semi attrapé, semi échappé, mais ils finissent par le relever. Il nous conta après le show qu’il voulait se retourner sur le dos, toutefois il a vu que les gens n’étaient pas prêts totalement et il a voulu se protéger. Dans la chanson suivante Walk, il prépare mieux son comité d’accueil et répète son geste en s’étirant plus cette fois-ci pour leur donner une chance de l’attraper sans manger un pied dans face et le garder dans les airs. Le résultat est meilleur, mais il a vu le sol de proche une fois de plus. Ensuite, pendant la dernière chanson Cowboys From Hell, il s’adresse à nouveau aux gens et leur dit, Jonquière je vous ai dis que je m’en venais, vous n’étiez pas prêts, mais là je m’en viens encore. Êtes-vous tu prêt, j’arrive, dit-il dans son français franco-ontarien. Pendant le solo de guitare, il continue de communiquer et dès la fin de cet épique solo, il se lance en flippant complètement sur le dos, un saut de foi. Cette fois-ci, on l’attrape tellement bien qu’il flotte littéralement sur les mains sans descendre plus bas. Il reste un moment sur son nouveau lit en émettant des screams qui me donnent encore des frissons en écrivant ces lignes, c’était un moment d’anthologie et il remonta sur scène sans interruption en chantant le dernier refrain.

Fait divers, mon collègue Joël qui s’occupe de la photographie pour ce spectacle voulait absolument prendre un cliché mémorable de Jon pour son troisième envol et il était monté sur la scène et le suivait à mesure pour optimiser son angle. C’est alors qu’il a mis le pied dans le vide et s’est prit une sacrée débarque digne de drôle de vidéo. Le gars est sur le stage et l’instant suivant, il disparaît complètement comme s’il n’avait jamais existé. Dire qu’on a ça sur caméra, mes sincères condoléances à son genou. De ce fait, je souhaite à mon collègue un rétablissement complet à son entorse infligée par sa passion pour la musique, ça c’est du vrai dévouement.

Je peux vous dire qu’avec toute cette action, personne n’a quitté avant la fin et c’est bien normal, que tu connaisses ou pas, que tu aimes ou pas, c’est le genre de prestation qui captive les gens et ils ne pensent qu’à voir la suite. En conclusion, je pensais avoir vu tout un show de Fantera la dernière fois à Trois-Rivières et ils ont réussi haut la main à me surprendre encore par la droiture de leur exécution et également leur énergie contagieuse à tous les 4 sur scène. Cette soirée s’est ensuite poursuivit avec le démontage de l’équipement pour finalement aller à leur local de pratique qui laisserait stupéfait n’importe quel amateur de musique. C’est tout simplement un paradis pour tout rockeur et métalleux. Cependant, c’est ainsi que s’achève ce récit, le reste je le garde dans mes souvenirs qui resteront bien ancrés en mémoire malgré la grande fête épique qui suiva.

Merci à Fantera pour cette opportunité, mais aussi de m’avoir accueillit comme l’un des leurs et à Jonquière en Musique qui possède une organisation bien ficelée et très courtoise.

Cheers,

FANTERA

Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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