Spectacle: Le 7 mai 2023 à l’Impérial Bell de Québec
Organisateur: District 7 Production
Photographe: François Morisset
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Je ne pensais pas revoir Haken aussi rapidement après leur dernière prestation en mai 2022, alors qu’ils ouvraient pour Symphony X, quel show. En effet, j’avais volontairement décidé de passer mon tour parce qu’il y avait une quantité impressionnante de shows en mai, donc des choix déchirants s’imposaient. Ne sachant aucunement que ça avait lieu ce dimanche, je regardais ma sélection de t-shirt le matin même et j’ai décidé de vêtir celui de Haken. Sans niaiser, aucun scénario hollywoodien ici, une vingtaine de minutes après, j’ai reçu un message de mon ami Marc qui me demandait pour aller voir le show avec, il avait obtenu 2 billets. Je lui ai envoyé alors une photo de ma tenue et il m’a répondu tu es déjà prêt haha.
Trêve de banalité, le spectacle de Arch Echo débute et d’emblée il faut saluer l’incroyable qualité sonore qui casse tout. On entend chaque musicien à merveille et leurs chansons upbeat, enjouées à teneur instrumentale frappe l’auditoire avec une adresse d’une précision digne de Raymond Bourque dans le concours des 4 cibles au match des étoiles de hockey, bizarre de comparaison certes. Les gars trippent sur scène, j’ai rarement vu un groupe bouger autant en jouant des partitions aussi techniques.
Je me régale en voyant le pianiste déferler plusieurs lignes en harmonie avec le guitariste soliste, et ce avec une droiture déconcertante qui me rappelle un Dream Theater qui aurait mangé trop de sucre en buvant un gallon de Red Bull. Je ne peux toutefois passer sous silence et offrir suffisamment de compliment à leur drummeur Richie Martinez. Il joue fort, il est technique à souhait, super créatif et nous réserve des punchs parfois tellement inattendus que j’ai la mâchoire pendante avec un petit coulis de bave, je dois me ressaisir. De plus, attention, ils nous réservent des twists que personne ne voit venir et cela peut devenir lourd par bref moment avec un côté djent, de la grosse double pédale et même quelques breakdowns. Ils sont capables de nous rentrer dedans.
Je feel l’expérience comme dans un party de fond de cour avec pleins de vieux amis, une grosse margarita à la main et à l’occasion un chum juge bon de me déglinguer une bine démesurée sur l’épaule juste parce qu’il est content de me voir. C’est comme ayoye le malade sauf que tu en ris de bon coeur et tu sais en maudit que tu le pinceras solide plus tard à ton tour. Somme toute, un fit parfait pour énergiser la foule avant les Londoniens de Haken qui ne manqueront pas de nous surprendre tantôt, j’en suis persuadé.
ARCH ECHO
Voilà d’ailleurs qu’ils se pointent avec le décor de leur dernier album qui ressemble dangereusement à la pochette Wild Muse de Strunz & Farah. Si vous ne connaissez pas, allez écouter Camino Real de cet album et essayer de ne pas déboucher une Corona. Pour ajouter à la thématique, nos compatriotes anglais portent tous des chemises à saveur tropicales et un sympathique sourire en se disant probablement, vous allez l’avoir dans les dents. Ils ne déçoivent pas évidemment, c’est sans bavure et encore une fois un son quasi impeccable même si je suis pratiquement accoté sur le stage.
Haken c’est un métal progressif qui se promène et nous compte une histoire dans leurs pièces les plus longues. Ils nous emportent dans l’univers du rock progressif par moment rappelant les premiers albums de Yes, mais ils peuvent se fâcher aussi pour nous livrer des passes très pesantes, des riffs très heavy, djent, des breakdowns voir même quelques blast beats qui sont incorporés sans briser l’identité du groupe. Haken c’est aussi faire un saut dans la jungle avec des passages instrumentales qui te donnent l’impression de jouer à Donkey Kong Country ou bien de faire une des courses à Mario Kart sur la plage ce qui donne totalement justice à leur décor. Les lumières sur scène renforcent l’idée que nous sommes dans le sud sur une îles dans les Caraïbes.
Les gens de Québec connaissent bien Haken et nous avons l’occasion de participer à quelques occasions aux refrains qui sont parfois plus catchy permettant de s’intégrer plus concrètement aux festivités. Les membres du groupe sont tous d’excellents musiciens et je souligne au départ l’abusive prestation de Ray Hearne qui donne le ton à la dynamique avec des rythmiques souvent recherchées, un style jazzy qui te fait bouger tout croche parce que c’est entraînant, mais pas pour autant aisé de suivre le beat avec exactitude.
Richard Henshall au lead guitar pour sa part délivre un excellent dosage de simplicité et de complexité. Il peut servir la chanson avec ce qu’elle a de besoin et aussi prendre le spotlight en nous offrant des riffs sophistiqués et des solos des plus intéressants. Richard se fait super bien compléter par le claviériste et son acolyte guitariste, c’est très bien composé. Que dire maintenant de l’expression, la clarté et le contrôle qu’exercent Ross Jennings aux cordes vocals. Cet homme est en maîtrise totale de sa voix et il a un charisme certain sur scène. Sa voix est très claire, lisse, enveloppante et il est capable de monter en puissance. Le gars a également un growl dans son répertoire qui est super bien envoyé, nous aurons l’occasion de l’entendre dans seulement une pièce malheureusement.
Pas un gros let down compte tenu du fait qu’ils finalisent leur spectacle avec Celestial Elixir, un petit bijou du premier album. De plus, en rappel, boom c’est Messiah Complex, la chanson en 5 parties de l’album plus récent Virus en parut en 2020. Une façon complètement épique de conclure avec brio leur setlist de près de 2 heures. Quel groupe à voir absolument en show pour tout amateur de musique progressive avec des éléments de surprise, mais aussi des passages super accrocheurs qui amènent tout le monde à l’unisson.
Bravo Haken, merci Marc pour l’invitation.
HAKEN