Spectacle: Le 27 Novembre 2022 à l’Impérial Bell de Québec
Organisateur: District 7 Production
Compte-rendu: Stéphan Lévesque
Photographe: François Morisset
À la suite d’une fin de semaine des plus rocambolesque, je me rendis à l’Impérial Bell de Québec pour un spectacle que j’attendais depuis longuement, c’est-à-dire SOEN. Quant à OCEANS OF SLUMBER, j’appréhendais grandement que leur nom soit trop représentatif et que je perde le peu d’énergie qu’il me restait en faveur de me reposer les yeux durant leur performance. J’ai bien essayé ces dernières semaines d’assimiler leurs chansons, mais rien à y faire, ça ne m‘interpelle juste pas musicalement et la voix de sirène de la chanteuse ne réussit pas à amadouer cet homme en état complètement blasé dès qu’il entend une de leurs pièces.
De ce fait, je me pointe avec un couple d’amis pour les premières notes d’OCEANS OF SLUMBER, et surprise, ils ne sont que 3. C’est peut-être simplement parce qu’ils débutent molo avant que les 2 autres rentrent sur scène, je tente de me rassurer. Fin de la chanson et non, pas d’amis supplémentaires ne se joignent à notre trio somnifère, ça pourrait être long. Menu de bien bonne volonté et d’ouverture musicale, je veux désespérément m’accrocher à quelque chose pour m’évader de cet endormitoire des plus efficace. Finalement, je réussis à vivre un petit frisson gracieuseté de la voix douce, contrôlée et quasi angélique de Cammie Gilbert, ouais j’ai dû la googler celle-là.
En sommes, c’est tout en douceur que se passe l’entièreté de la performance axée sur le vocal de la demoiselle, une ligne de basse des plus simpliste, bonifiée de quelques petites percussions et d’assez belles mélodies de keyboards. D’ailleurs, ce même pianiste nous confesse qu’il est le drummer habituellement, toutefois le groupe voulait faire une version du spectacle plus organique qui se rapprochait beaucoup plus des versions originales composées au clavier. Bref, c’était le genre de musique que j’aurais peut-être plus apprécié sur le bord d’une plage à lire un bouquin bien évaché entre 2 coquillages.
OCEANS OF SLUMBER
Bon enfin, le plat de résistance fait son entrée sur scène et, de toute évidence, ils ne sont pas là pour nous endormir. Ça démarre en trombe avec Monarch, une superbe chanson de leur dernier album Imperial parut en 2021. La qualité sonore de SOEN me frappe comme une locomotive, le niveau de détails perceptibles relève pratiquement d’une qualité studio, aucun maudit bon sens comment on entend tout. Les kicks de basse drum de Martin Lopez te rentre directement dans le torse, c’est détonant, vrombissant et bien dosé. Malgré que ce n’est quand même pas une tuerie Death Metal avec un blast beat à toutes les 30 secondes. Au contraire, c’est une alternance entre des riffs puissants, pratiquement aussi pesants qu’un participant à qui perd gagne et des passes plus ambiantes, progressives, mélodiques, le tout enrobé de gros gravy AKA la charismatique et majestueuse voix de Joel Ekelöf.
Ce salaud a une voix tellement profonde que même Michael Buffer se retournerait en l’entendant et se demanderait s’il a un enfant illégitime. Oui, Joel c’est un gars de même, il parle à la foule avec sa grosse voix mielleuse et on est tous sous le charme, bien plus efficace qu’une sirène! Ils nous hypnotisent carrément, nous envoûtent et on reste là avec la gueule semi-ouverte à en redemander. On chante tous en cœur et on voit bien que le groupe apprécie grandement notre participation malgré une salle contenant un peu plus de la moitié de sa capacité. De toute évidence, la partie vocale vole la vedette, toutefois rien de tout cela ne serait possible sans la qualité instrumentale et subtile des compositions.
En effet, le soliste à la guitare, un gars d’Ottawa nommé Cody Ford qui a abouti dans ce groupe suédois il y a 4 ans, nous rappelle la délicatesse et le feeling d’un David Gilmour, c’est stupéfiant. De la technicalité, ça se pratique, mais du feeling c’est souvent inné. Il nous réserve donc d’excellentes mélodies et souvent de savoureux licks entre les passes chantées de Joel. De plus, il nous démontre davantage ses aptitudes dans de magnifiques solos remplis de ressenti et que dire de son tone épouvantablement chaleureux, sublime. Le deuxième guitariste, un Suédois digne d’un viking n’est pas un manchot non plus, il appuie très bien son acolyte et complète avec du clavier qu’il alterne avec la guitare électrique selon la partie de la chanson. Une très belle touche d’avoir un vrai clavier live au lieu d’un back track. Finalement, la partie rythmique ne peut qu’être solide avec Martin Lopez qui est retentissant. Il n’en fait pas trop, juste assez pour bien punché les riffs et établir les fondations des passages plus tranquilles qui sont si efficaces dans ce band.
SOEN
En conclusion, on s’est fait gaver du meilleur de leur répertoire, les 3 derniers albums en majorité. Mes grands points forts furent Deceiver, Lumerian, Jinn, Antagonist, Modesty et je dirais Lucidity qui sonnait incroyablement mieux en spectacle, l’attention aux détails faisant toute une différence. Une prestation sans faille, un son colossal, un chanteur en voix, des gars qui éprouvaient du plaisir sur scène à jouer de la musique tantôt planante, tantôt rentre dedans. À recommander vivement en spectacle même si sur album c’est trop molasse pour vous.
SETLIST SOEN
Monarch
Deceiver
Lunacy
Martyrs
Savia
Lumerian
Jinn
Modesty
Lucidity
Antagonist
Illusion
Encore :
Lascivious
Lotus