Spectacle: Le 17 au 19 Mai 2019 au Centre d’art la Chapelle à Québec
Organisateur: Festival Terra Incognita
Photographe: Julie Voyer
Compte-rendu: Julie Voyer
Le festival Terra Incognita en est à sa 15e édition, c’est-à-dire 15 années à ravir les amateurs et les maniaques, comme ils s’appellent eux-mêmes, de rock progressif. En 2019, le festival a eu lieu du 17 au 19 mai et mettait à l’honneur des groupes de Norvège et d’Italie, dont certains se sont produits pour la première fois en Amérique du Nord. MetalUniverse a couvert l’événement, en commençant par Oak, qui a joué vendredi avant Bjørn Riis (Airbag).
Oak a ceci de particulier que son chanteur et claviériste est plutôt jeune. En bons scandinaves, les membres du groupe sont discrets, réservés et ne parlent pas beaucoup, sinon pour présenter les pièces et dire qu’ils sont contents d’être à Québec. Je qualifierais leur genre musical de prog inoffensif, en ce sens qu’il n’est pas complexe ni inspiré des envolées sous influence des années 1970. Une musique cinématographique sans être épique, et certainement introspective. Un bon groupe pour s’initier au genre sans être trop surpris.
OAK
Samedi, ce sont deux membres de Finisterre qui ont ouvert la soirée, tout en douceur, soit Stefano Marelli à la voix et à la guitare et Agostino Macor aux claviers.
FINISTERRE
Quand je dis que Oak était une bonne initiation au prog, Basta! est plutôt le contraire : c’est un groupe très original, qui détonne par rapport à ce qu’on est habitués de voir et d’entendre dans ce milieu. Et moi qui pensais que la keytar était le vilain petit canard des instruments, j’en ai trouvé un autre : le mini-clavier avec tuyau appelé « melodica ». Ça sonne un peu comme un accordéon. Donc, on aime ou on n’aime pas. Dans Basta!, on utilise aussi une clarinette basse, qui ressemble à une clarinette géante avec une extrémité de saxophone et qu’on voit le plus souvent dans les ensembles de jazz. On n’a pas fini d’être surpris avec eux, je vous dis. Bien franchement, je pense que tous les spectateurs étaient surpris. Enfin, le groupe a aussi fait bon usage des écrans de chaque côté de la scène, en montrant une vidéo en « stop motion » et de peinture de maquette dans l’eau. C’était très réussi, au point où j’étais distraite et que je ne regardais plus la scène. Pour la petite histoire, basta! signifie ça suffit! ou assez! en italien.
BASTA!
J’étais absente pendant IZZ, une formation qui vient régulièrement faire son tour au festival.
Airbag, avec Bjørn Riis à la guitare et Kristian Hultgren (Wobbler) à la basse pour l’occasion, est venu rétablir l’équilibre, en quelque sorte, pour clore la journée. Après la prise de quelques photos, j’ai pu m’asseoir quelques instants pour mieux profiter de la musique et de l’ambiance, avec de superbes éclairages, et découvrir ce groupe que je ne connaissais pas. Parfois, au fil des années on passe d’un genre à l’autre ou on prend une pause obligée et on sort moins, on voit moins de spectacles, et c’est là qu’on se rend compte qu’on est passé à côté de belles choses. Depuis l’an passé, le festival Terra Incognita me permet de revenir aux sources (j’ai été initiée au prog très jeune, quand même) et de faire des découvertes. Airbag, pour moi, en fait partie.
AIRBAG
Dimanche, c’est le groupe québécois Inner Odyssey qui a eu le privilège de commencer la soirée, avec un prog ambiant un peu plus moderne. De la même façon que la nostalgie est souvent au rendez-vous pour les amateurs de prog quand de vieux groupes refont surface, c’est aussi un plaisir de voir qu’il y a une relève qui sort des sentiers battus. Alors allez, prêtez l’oreille à ce groupe qui existe depuis quelques années et a déjà lancé deux albums.
INNER ODYSSEY
Après une longue pause, Phideaux prend la relève et c’est à ce moment que je comprends pourquoi la scène était surchargée pendant la prestation d’Inner Odyssey (malheureusement pour leur bassiste coincé entre les claviers). Phideaux, c’est dix personnes sur scène. Oui, vous avez bien lu, DIX. Un chanteur guitariste, un bassiste, deux choristes, trois claviéristes dont une qui chante, une violoniste qui chante, un batteur et un autre guitariste… Je pense que le compte est bon. La foule, facilement conquise, connaît bien le groupe et son répertoire. Leur genre : un prog s’apparentant plus mélodique et traditionnel que technique ou psychédélique, dans le genre fantaisiste de Genesis inspiré du Seigneur des Anneaux. Avec pièces qui durent un quart d’heure, évidemment.
PHIDEAUX
Finisterre termine ce voyage du nord au sud en jouant son premier album, éponyme, paru il y a 24 ans. Le chanteur explique, dans un bon français, que le groupe a fait un nouvel enregistrement de cet album, mais comme « à l’époque », c’est-à-dire en direct, avec tout le groupe dans le studio en même temps. Il faut savoir que le groupe a vu passer plusieurs musiciens qui, surtout dans les années 2000, ont poursuivi des projets personnels sans vraiment quitter le groupe. Mais ça ne change rien ce soir-là; la cohésion est là, l’harmonie, la justesse du jeu. Finisterre, ce n’est pas le bout du monde, ce sont les frontières à traverser dans ce paysage musical varié et surprenant. Grazie mille!
FINISTERRE
Vendredi 17 mai : Oak et Bjorn Riis (Norvège)
Samedi 18 mai : Basta! (Italie), IZZ (États-Unis), Airbag (Norvège)
Dimanche 19 mai : Inner Odyssey (Québec), Phideaux (États-Unis), Finisterre (Italie)
Programmation : http://www.terraincognita.quebec/festival/terra-incognita-2019
Les spectacles de Terra Incognita sont présentés au Centre d’art La Chapelle, une très belle petite salle parfaite pour ces prestations.