Spectacle: Le 15 Octobre 2018 à la salle Jean-Paul-Tardif à Québec
Organisateur: JLC Musik
Compte-rendu: Julie Voyer
Photographe: François Morisset
Carl Palmer Band, 15 octobre 2018
Que dire? Que dire après de très nombreuses années à écouter Emerson, Lake & Palmer, après avoir décidé de ne pas acheter un billet pour les voir à l’Agora, pour juste les écouter à l’extérieur, et surtout après le décès de Greg Lake et de Keith Emerson? Enfin dire : j’ai pu admirer et apprécier de très près le grand talent de ce batteur exceptionnel qu’est Carl Palmer, membre fondateur d’ELP, un des premiers groupes prog originels, et d’Asia, groupe rock appartenant plutôt aux années 1980. L’Anglais était de retour à Québec pour présenter sa tournée ELP Legacy, une réinterprétation des meilleures pièces d’ELP, à la salle Jean Paul Tardif.
La soirée commence à 20 h piles, sur fond d’horizon nuageux et de « Bolero ». Quand le soleil apparaît sur les écrans qui s’animeront pendant toute la soirée, le public est déjà conquis et offre même une ovation à la fin de l’intro cinématographique. C’est à ce moment qu’on constate que le piano et les claviers auparavant si adorés et parfois maltraités d’Emerson seront remplacés soit par la guitare, jouée avec virtuosité par Paul Bielatowicz, soit par la basse, manipulée avec grand soin par Simon Fitzpatrick, deux « jeunes » virtuoses qui sont visiblement heureux de jouer avec Palmer. La voix de Lake sera aussi habilement reproduite par la guitare. Entre les pièces, Palmer a la gentillesse de s’adresser aux fans pour raconter des anecdotes sur ELP, sans que la langue soit une barrière et contrairement à d’autres artistes qui ne font que s’exécuter sans créer de lien avec le public. On apprécie.
S’ensuivent rapidement « Tank » (candidate à une version metal, avis aux intéressés) et « Knife Edge », cette deuxième pièce étant chantée par Daniel L. Moisan (Mosquito-B). Un défi de taille, pas facile, car c’est une des pièces que Lake chantait à son plus grave, mais Moisan le relève avec succès. Il interprétera aussi « Lucky Man » plus tard, en invitant tout le monde à chanter en chœur. Ce sont les deux seules pièces chantées, les autres étant toutes instrumentales. Suit « Trilogy », qui m’empêche de bien voir parce que j’ai les yeux un peu humides, disons. Vient alors « From the Beginning », un autre superbe classique d’ELP, au milieu de laquelle Fitzpatrick interprète un solo sur son « Chapman stick », c’est à dire une guitare hybride à dix cordes séparées en section mélodique et en basse. Bien que l’exécution soit parfaite, je trouve que le moment n’est pas bien choisi pour cet interlude. Mais bon, c’est le choix de l’artiste, dira t on. Enfin, je suis heureuse et tout le monde est heureux en fait d’entendre « 21st Century Schizoid Man », une pièce de King Crimson oui, mais à l’époque où Lake en était le (premier) chanteur et bassiste. Bielatowicz offre ensuite à son tour un solo de musique classique. Courte entracte et retour en force avec « Carmina Burana »… Les voix sont muettes, mais la batterie résonne aussi puissamment. Ça déménage. Les fans sont debout, encore une fois. Côté solo, Palmer n’est pas en reste et nous offre toute une envolée pendant « Fanfare for the Common Man ». C’est plus qu’impressionnant, j’en reste bouche bée. Il n’a peut être pas un arsenal comme Neil Peart, mais il sait en exploiter tout le potentiel – on croirait qu’il a quatre bras!
CARL PALMER BAND
Que dire de cette soirée avec le Carl Palmer Band? Sinon que c’était époustouflant, à la hauteur des attentes. Au delà des attentes même. Inoubliable. Carl Palmer a 68 ans et il joue de la batterie avec pour ainsi dire la même vigueur et le même enthousiasme que quand il en avait 20, pendant presque deux heures. Il a du plaisir sur scène, et le respect entre les musiciens et leur camaraderie sont exemplaires. À noter que Québec est une des deux seules villes canadiennes privilégiées (l’autre étant Montréal, la veille) de recevoir Carl Palmer. Pour les intéressés qui auront manqué cette occasion, vous pouvez vous reprendre, mais aux États Unis!
Setlist de Carl Palmer Band :
[Intro]
Abaddon’s Bolero
Karn Evil 9 (2nd Impression, Welcome Back my Friends)
Tank
Knife Edge
Trilogy
From the Beginning + solo de basse
Canario
21st Century Schizoid Man
[Solo de guitare]
Carmina Burana
Lucky Man
Tarkus
Hoedown
Fanfare for the Common Man + solo de batterie
Nutrocker
[Outro]