Spectacle: Le 8 Août 2018 au MTelus de Montréal
Organisateur: evenko, Heavy Montréal, Greenland Productions
Compte-rendu: Pascal Hains
Mardi le 8 août avait lieu, au MTelus de Montréal, le spectacle de Black Label Society (BLS). On nous offrait pour le grand plaisir de tous, des premières parties de haut niveau avec Corrosion Of Conformity (COC) et EyeHateGod. (EHG). Rappelons nous que ce spectacle devait originalement être tenu le 8 janvier mais BLS avait dû annuler. COC et EHG s’étaient tout de même produit aux Foufounes Électriques.
Devant une salle à moitié pleine (le MTelus peut contenir 2300 personnes). EHG débute comme prévu à 19h30. Le chanteur Mike Williams semble de mauvais poil avant même de commencer. Il lance une bouteille d’eau par terre et demande à quelques reprises aux gens comment ils vont d’une manière plus ou moins cordiale. Il finira plus tard par faire quelques blagues ce qui nous rassure. EHG débute avec un (trop!) long feedback de guitare. Ils nous balancent alors leur sludge métal inspiré de Black Sabbath et bien évidemment de Down, le tout parsemé de hardcore. Après la première pièce, le guitariste, Jimmy Bower, demande à fermer les lumières disant ne pas avoir besoin de ça. Vous avez une idée de l’état d’esprit du groupe. Bower, entre les chansons, fume quelque chose qu Il laisse brûler sur son Marshall. Le son est très mais très fort! Les basses fréquences résonnent comme rarement nous avons entendu dans le MTelus. Techniquement, on ne note rien de problématique au contraire, c’est délivré de façon très professionnel. Pour ceux qui connaisse pas EHG, la voix se rapproche beaucoup de ce qu’Anselmo a fait avec Down. Aaron Hill, à la batterie, frappe très fort avec une influence très hardcore dans son jeu ce qui ajoute beaucoup de puissance à la musique de EHG. Lors de leur set, il règne une ambiance difficile à décrire. Un mosh pit dégarni mais intense, un chanteur qui semble en colère en faisant des signes de croix, un guitariste qui fume on ne sait trop quoi, une foule visiblement mal à l’aise par moment, aucun jeu de lumières (qui sont d’un bleu tamisé), un bassiste (Gary Mader) qui n’aura aucune interaction avec le public, même pas un regard, etc. Malgré tout, les fans de EHG (qui sont très visibles) sont extrêmement heureux et on les comprends car musicalement, c’est du solide mais pour fans seulement. Fin de leur prestation à 20h10.
À 20h35. COC entre sur une intro de ZZ Top et les gens s’activent déjà. Ça crie fort lorsque les musiciens s’installent tranquillement à tour de rôle sur la scène. On débute avec un riff de basse seule qui donne tout un effet. Il faut dire que Mike Dean est tout un bassiste. COC ne sont plus des jeunots, mais ça le fait réellement. Le groove stoner-sludge de COC est unique et Pepper Keenan est un bon frontman. En plus, sa voix rauque à souhait est très puissante et il n’a aucune difficulté à aller chercher ses notes plus hautes. C’est une prestation très stoner tant dans la musique, que le visuel, que dans l’ambiance générale créé par COC. Soulignons d’ailleurs que l’assistance est beaucoup plus nombreuse. Ce n’est pas plein mais quand même proche. En milieu de set la foule commence à s’activer un peu plus, ce qui efface toute inquiétude à cet égard. C’est quand même COC que nous avons devant nous, un groupe qui en a tellement influencé plusieurs autres au fil du temps. Ils nous offrent un très bon spectacle. Évidemment leurs classiques sont les pièces qui intéressent le plus. Mike Dean et le guitariste, Woody Weatherman, bougent et dansent tout le long de la prestation. Ils sont contagieux et ça bouge donc passablement à l’avant. Les gens passent un très bon moment. Juste avant que COC nous balance un Albatross bien senti, une grosse pancarte est installée sur le coté de la scène. Elle est plus ou moins visible mais on y lit: sorry we’re stoned. Ça vous donne une idée maintenant? Ils terminent avec Clean my Wounds qui est très attendu. COC quitte à 21h25 sous les applaudissements.
Immédiatement après que COC eut quitté la scène, un grand rideau noir avec l’emblème de BLS est levé et cache tout le devant de la scène. Donc, on ne doit pas voir ce que nous prépare le grand Zakk Wylde. À 22h05, dans un MTelus plein au moins au 3/4, on fait entendre l’audio Whole Lotta Sabbath, une version qui mélange War Pigs de Black Sabbath et Whole Lotta Love de Led Zeppelin. BLS débute avec Genocide Junkies et la réponse du public est immédiate. S’arrêtant à peine, ils balancent Funeral Bell et c’est très agité à l’avant, une masse de gens se déplaçant de gauche à droite au rythme de la musique. Il y a du headbanging à profusion. Sur cette pièce, Zakk fait tout un solo de guitare comme lui seul sait le faire. C’est pas compliqué, il n’en fallait pas plus pour conquérir le public. Ça continue avec Suffering Overdue qui est biker à souhait. Ça tape du pied et ça hoche de la tête comme si tout était synchronisé. Un effet monstre. Et c’est ce que Zakk Wylde est sur une scène, un monstre. C’est rodé au millimètre près. Il faut dire qu’il est accompagné de musiciens tellement aguerris. On poursuit avec Bleed for Me et son riff si unique. Le refrain très mélodique est repris par la majorité des gens avec les points levés dans les airs! Et certains trippent forts, très forts! Les gens sautent et courent dans tous les sens jusqu’au milieu du parterre. Tout va tellement bien, ce spectacle se dirige vers un succès évident jusqu’à ce que Zakk se frappe le torse comme King Kong et qu’il tende l’oreille avec sa main à la Hulk Hogan. Franchement, on ne la comprend pas trop celle là! Comble du malheur, il répétera ce geste à quelques reprises durant le spectacle. Avait-on besoin de tout ça? C’est ce qui est parfois malheureux avec Zakk Wylde, il a tendance à tomber dans les clichés. L’ambiance est alors comparable à la WWE. C’est dommage car la musique de BLS se suffit à elle-même, dans le genre, c’est excellent! Sur le morceau suivant on a droit à des back vocal par (probablement) un roadie qui débarque sur scène avec un microphone. Et là, on ne peut s’empêcher de penser qu’on est vraiment à la WWE. Par contre, ceux qui aiment ça sont servis à souhait. D’un autre côté, toute cette mise en scène enlève une certaine crédibilité à la musique qui est pourtant tellement puissante à elle seule. Plus tard, il nous présente ses musiciens en faisant allusion pour chacun d’eux à quelque chose de sexuel. Par exemple, pour son batteur il dira : ‘il a plus de sexe que tout le monde dans l’assistance qui sont sur Tinder’ ou pour son guitariste dont c’était l’anniversaire que : ‘les chandelles sur son gâteau sont de la pénicilline pour traiter sa gonorrhée’. Ouf… Plusieurs personnes au balcon se regardent sourire en coin… Mais bon, on le répète, la musique est incroyablement puissante, le visuel de très bon goût et les fans de BLS passent une excellente soirée, tous les classiques étant présents dans la setlist. Évidemement, BLS terminera son spectacle devant une foule majoritairement comblée.
Somme toute, ce fut un spectacle intéressant en dehors des points mentionnés précédemment. Musicalement parlant, pour l’ensemble des groupes sur l’affiche ce fut un succès! COC a été très bon avec une ambiance stoner créé à la perfection. Mais quelques questions persistent. EHG a t-il besoin d’adopter cette attitude? Et que dire de BLS qui a fait dans les clichés toute la soirée! Et c’est là que c’est malheureux. Leur musique est si bonne, si puissante, qu’elle se suffit amplement à elle seule. C’était un spectacle pour fans seulement.
Setlist de Black Label Society :
Genocide Junkies
Funeral Bell
Suffering Overdue
Bleed for Me
Heart of Darkness
Suicide Messiah
Trampled Down Below
All That Once Shined
Room of Nightmares
Bridge to Cross
Spoke in the Wheel
In This River
The Blessed Hellride
A Love Unreal
Fire it Up
Concrete Jungle
Stillborn