Spectacle: Le 5 Juillet 2018 au Festival d’été de Québec
Organisateur: Festival d’été de Québec 2018
Compte-rendu: Samuel Bédard
Jethro Tull, FEQ 2018
Ce soir, à l’occasion de la soirée d’ouverture de l’édition 2018 du Festival d’été de Québec, la majorité des festivaliers se sont dirigés vers le concert de The Weeknd. Mais les amateurs de rock se sont plutôt dirigés vers la scène Loto-Québec où y joueraient les légendes du rock progressif que sont Jethro Tull. La soirée aurait pu être plus forte en fébrilité vu les circonstances, mais les festivaliers se sont présentés en bon nombre.
Mais la soirée complète n’était pas assurée par la troupe d’Ian Anderson. Le premier groupe à fouler les planches nous provenait directement de Turquie et se nommait Altin Gün. Les premières notes de leur musique a su captiver l’attention de la demie foule qui se trouvait alors sur place de par leurs sonorités assez uniques. En fait, l’instrument soliste du groupe se trouvait être une version orientale de la guitare : le saz. Les couleurs micro tonales de cet instrument promirent une sonorité orientale bien de chez eux. À mi-chemin entre le funk, le rock psychadélique et la musique traditionnelle turque, leurs pièces ont intéressé la majorité du public. On trouvait même des aspects progressifs derrière des textes dans une langue arabe que je n’oserais tenter de déterminer. C’est tout ce qu’il fallait pour allumer les festivaliers; la table était mise.
ALTIN GÜN
Puis vint une formation étonnement bien montréalaise : Yamantaka // Sonic Titan. Oui, c’est bien leur nom. Non, aucune erreur typographique ne s’est glissée ici. Et oui, ils jouaient de la musique expérimentale. Très expérimentale. Alors qu’ils firent leur entrée en scène sur une introduction assez planante et intéressante, tout a chaviré en quatre temps : leur prestation a tourné en un breakdown d’une heure. Derrière les cris d’une des chanteuses, les harmonies pleines d’effets inusités (disons-le ainsi) et les parties de guitare à 7 cordes bien basses et bien lourdes, la batteuse, qui d’ailleurs semblait terrorisée par ses collègues, ne savait que jouer assez fort pour tout enterrer. C’est alors que je regardai autour de moi, me demandant si ce n’était que moi, et je vis tous les prog dads et tous les autres critiques arborer un air incertain, parfois même littéralement fâché. Puis le groupe d’amis derrière moi a décidé d’abandonner et de s’asseoir par terre. En fait, le mélange de Periphery, Tool, Baby Metal, Cradle of Filth et de Jack Torrence dans The Shining (vers la fin du film, en ce qui attrait à l’évolution psychologique du personnage) aurait pu être bon, mais dans un autre contexte. Le potentiel y était, mais pas avant Jethro Tull.
YAMANTAKA – SONIC TITAN
Enfin, après une animation cinématographique, les musiciens du groupe (Jethro Tull) tant attendu font leur apparition sur scène dans un déluge d’applaudissement, puis Ian Anderson arrive sous un total chaos de cris de fans en délire. Même si son énergie et sa fougue trahissent gravement son âge, ses cordes vocales, elles, ont 71 ans. Mais c’est compréhensible. Du début à la fin, les musiciens ont offert une dose d’énergie incroyable, mais surtout complètement constante. La forme du chanteur et flûtiste m’a franchement impressionnée. En fait, ce spectacle, issu de leur tournée de 50e anniversaire, avait un concept assez original. Entre presque chaque pièce, on nous présentait un ancien membre du groupe, ou une personnalité proche de celui-ci qui nous dévoilait sa pièce préférée, puis le groupe l’interprétait. En soi, chaque festivalier a pu y entendre sa pièce favorite, j’en suis convaincu. Après Aqualung, beaucoup croyaient le spectacle terminé, mais la troupe s’est représentée sur scène sous un vacarme des plus joyeux pour conclure solennellement la soirée. Il faut s’avouer que maintenant, la barre est haute pour le reste du Festival d’été de Québec. Quelle ouverture grandiose.