22:11:25 – Messe des Morts X (Primordial / Sacramentum / Azarath / Sarkrista / Ifernach / Eos)(Montréal)

L’heure avait enfin sonné pour ma 2ième participation consécutive à la MESSE DES MORTS. L’édition de l’an dernier ne se déroulait malheureusement pas au superbe Théâtre Paradoxe et l’absence de bands internationaux était marquée. Malgré tout, ce fut un événement agréable surtout dans les circonstances, j’étais hyper reconnaissant que l’organisation ait fait ce compromis. Maintenant, on passe aux choses sérieuses cette année, les groupes dont plusieurs d’envergure sont présents sur 3 jours et cette ancienne église (Notre Dame du Perpétuel Secours datant de 1920), regorge de qualités essentielles pour rendre ce type de célébration encore plus crédible, évocateur avec l’atmosphère recherché. Je pouvais seulement assister à la soirée de vendredi à mon grand désappointement, surtout que le samedi comptait Harakiri from the Sky, Unreqvited, Nordjevel et Carpathian Forest.

EOS

Le premier band à monter sur scène est EOS que je connais très peu pour avoir écouté leur unique album qu’une fois, mais je remarque rapidement que le guitariste/chanteur Blanc Feu de Cantiques Lépreux est avec eux comme guitariste, bonne affaire, je l’aime bien. C’est une performance très courte, mais suffisante pour nous mettre dans l’ambiance et nous assoiffer pour davantage de Black Metal hurlant.

IFERNACH

Je rate le deuxième groupe que je ne connaissais pas du tout et qui ne m’avait pas enchanté sur album en faveur d’une pause souper, il est environ 17h30 à ce moment et je reviens pour le début de l’introduction d’IFERNACH. L’atmosphère est lourde, bleuté, il n’y a pas un son mis à part la trame sonore qui joue en accueillant progressivement les membres du groupe. Ils arborent tous le corpse paint et le chanteur arrive, un colosse, grand avec une espèce de tunique noire. On le voit beugler quelque chose qui pourrait apparaître d’une incantation avec les bras dans les airs, loin de son micro et, aussitôt terminé, ça décolle sur le gros blast beat sale.

Il prend son micro et nous pousse un premier cri primitif qui nous confirme que c’est parti pour le band gaspésien duquel on ne détectera certainement pas l’accent. Un deuxième chanteur fait des calls derrière beaucoup plus grave qui ajoute une couleur distincte. Pour la musique, c’est du Black Metal à haut tempo avec des riffs trémolos, toutefois il y a de la nuance avec des passes plus posées qui ralentissent l’ardeur pour mieux repartir. Après quelques chansons, le frontman rendu torse nu décide de sortir ce qui semble un cœur d’original bien sanglant et il prend plaisir à se badigeonner la carcasse généreusement. Ça fait son effet et comme on pense qu’il n’arrêtera pu de s’amuser avec, il nous le balance en plein sur nous se régalant du spectacle, pas du cœur! Inutile de dire que ce cœur s’est promené le reste du show et j’ai été épargné. En somme, un côté théâtrale qui était de mise et qui a crinqué mes compatriotes invétérés de musique pour les pas doux du tout, IFERNACH était fort captivant autant musicalement que par leur présence scénique.

SARKRISTA

Faisons place maintenant au groupe allemand SARKRISTA que je connaissais beaucoup plus. Disons que ce groupe à une recette à la Alghazanth de la Finlande particulièrement quand ces derniers font leurs chansons axées sur la grosse pédale double collée au plancher avec des riffs en trémolos picking enchaînés et hyper entraînants. Ils ne réinventent rien, loin de là, mais c’est efficace et bien exécutés. Ce n’est pas l’intensité qui manque, les guitares sont furieuses, le tempo est effréné, le chanteur a vraiment un bon contrôle sur son scream, il me rappelle Mikko Kotamäki. Ils finissent par une chanson plus mélodique surtout dans le jeu de guitare, on a même le droit à 2 beaux lead, j’en aurais pris plus du genre.

AZARATH

L’ambiance change légèrement avec le prochain groupe polonais qui fait un Black/Death Metal nous rappelant par moment Behemoth que j’ai vu cet été d’ailleurs à Bloodstock. On s’entend que les groupes polonais dans le métal extrême, il y en a plusieurs de grandes qualités et souvent ils ont une tonalité similaire même s’ils sont bien différents à plusieurs égards. AZARATH amène une qualité de son supérieur, ça rentre sur un méchant temps, les blast beat du drum, on les ressent nous vibrer ardemment à l’intérieur, ce n’est pas le temps d’avoir le cigare aux bords des lèvres disons.

Le guitariste chanteur a un vocal plus growl que scream, mais il en pousse des plus aigus par moment. Sa dextérité à la guitare est remarquée également, il nous joue les parties les plus complexes dont nous serons témoins dans ce ténébreux endroit de prières. Il exécute de bons solos en picking rapide avec un fond de mélodie qui ne brise pas le chaos, mais y ajoute une couche sur le dessus. Les riffs sont plus variés, ça s’avère une belle surprise pour moi. Je ne m’attendais pas à me faire brasser autant et surtout pas avec un son aussi détaillé.

SACRAMENTUM

Place aux Suédois de SACRAMENTUM maintenant qui sont connus spécialement pour leur album Far Away from the Sun parut en 1996 dont je me suis empressé de me procurer un exemplaire qui s’est presqu’aussitôt fait asperger de vin rouge, yeah! Considéré par un très grand nombre d’amateurs du genre comme étant un chef d’œuvre de Melodic Black Metal, ils nous offraient l’album en entier en live vendredi dernier. C’était l’instant que j’attendais le plus, le début de Fog’s Kiss bien amené par le chanteur qui est totalement dans son personnage de scène. Il est très inspiré dans la façon qu’il s’adresse à nous durant l’introduction surplombée par une ambiance inquiétante qui plane en arrière-plan, mon attention est capté.

La musique embarque enfin et ça sonne vraiment bien, ok on va se faire titiller violemment les tympans. La musique de SACRAMENTUM se résume à plusieurs éléments que l’on retrouve dans le MBM des années 90, un drummer qui utilise généreusement la double caisse et les blast beat, les riffs en trémolo sont très mélodiques tout en étant légèrement sales, une voix qui hurle de façon saccadée sans suivre parfaitement la musique pour garder le côté plus brut de l’ensemble. Un de ces éléments cependant les différencient des autres de cette époque et c’est la façon que les beats de batterie s’enchaînent. J’ai toujours été fasciné par le fait qu’ils changent de rythme très souvent, il ne reste jamais stationnaire bien longtemps. Parfois, on dirait une valse accélérée, tantôt un blast beat entrecoupé de quelques secondes à bas régime pour ensuite reprendre sa vitesse infernale. Il utilise son snare avec une belle polyvalence, rien à voir avec le jazz et Buddy Rich, toutefois c’est plus recherché et certaines rythmiques sont très atypiques pour ce style, ça me garde en haleine.

Revenons au chanteur qui au milieu du spectacle a cru bon de se verser une corne de viking rempli de sang dans sa gueule bien ouverte, moment inusité. Cela amenait un amusant contraste sur le stage de le voir rouge pétant comme s’il venait de se nourrir des entrailles d’un corps nouvellement privé de vie pour ensuite nous gueuler au visage à quel point c’était un festin. Bref, il était très convaincant dans sa démonstration et s’est fait du plaisir avec ce liquide sirupeux rouge vin pendant quelques minutes avant de nous annoncer Beyond All Horizons qui s’est avéré l’apogée de ma soirée, quels riffs. Une performance inoubliable d’un album culte, merci LA MESSE DES MORTS de nous avoir offert ce cadeau inestimable.

PRIMORDIAL

Pour le clou du spectacle, ce sont les Irlandais de PRIMORDIAL qui embarquent. Je me doutais que ce band serait professionnel, mais pas que la qualité sonore pouvait encore s’améliorer après ce que je venais d’admirer. Pas compliqué, c’était impeccable et j’ai même élevé mon appréciation de ce band depuis leur prestation. Je les qualifierais de répétitivement efficace, parce qu’ils nous gardent longtemps sur le même mood sans changer grand-chose, le chanteur proférant ses paroles comme si nous étions ses disciples. Il possède des cordes vocales bien particulières et une façon bien à lui de chanter, c’est rauque, grave et envoyé à la manière d’une incantation ou d’une profanation tellement que je me demandais si j’allais embarquer dans sa secte après 4-5 tounes, il me tenait presque.

C’est le genre de feeling qu’on ressent en les regardant live, une excellente présence sur scène, tous les détails y sont pour s’immerger dans la trance y compris le nœud coulant autour du cou du chanteur qui tire de temps à autre sur sa corde pour s’étrangler un peu, bien relax pour le fun, un gars que tu présentes à tes parents. La musique est parfois stationnaire et sans vague, toutefois il y a aussi des build up, des passages quasi celtiques voir même tribaux à d’autres moments. Les percussions jouent un grand rôle dans cet effet parce que ça rentre dedans à certains endroits, mais en général la batterie est utilisée à une cadence plus modérée et la caisse claire ne se fait pas défoncer malproprement sans respect comme nous avions entendu à maintes reprises plus tôt. Un beau setlist bien varié en plus qui couvrait la majorité de leur longue discographie.

En conclusion, c’était une soirée qui valait son pesant d’or, une belle ambiance macabre avec du monde super agréable, une merveilleuse organisation, une enceinte enivrante, de la musique bien livrée avec assurance et le côté théâtrale de plusieurs groupes qui a su donner une autre dimension à la musique qu’ils nous garochaient sans merci au visage. Je risque fort bien de revenir faire ma tournée en 2023.

SETLIST PRIMORDIAL

Where Greater Men Have Fallen
No Grave Deep Enough
As Rome Burns
Bloodied Yet Unbowed
Sons of the Morrigan
To Hell or the Hangman
The Coffin Ships
Gods to the Godless
Wield Lightning to Split the Sun
Empire Falls

Picture of Marc Desgagné

Marc Desgagné

Propriétaire MetalUniverse.net | Originaire du Saguenay | Ville actuelle, Québec (Canada)

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